Je t’imagine sur un plateau de télévision, debout, derrière un pupitre transparent, faisant face à une sélection de citoyens français. Ils ont appris que tu faisais des miracles. Alors, ils te demandent d’augmenter les salaires et les retraites, de résoudre les problèmes que posent la santé, les hôpitaux, les vieux, les jeunes, les transports, les banlieues, les prisons, le commerce, les impôts, les pauvres, les riches, l’énergie, l’industrie, l’agriculture, la recherche, la pêche, l’école, l’université, la faune sauvage, les familles, les homos, les hétéros, les chasseurs, les délinquants, les intégristes, les extrémistes, les tire au flanc, les dopés, les drogués, les assistés, les surbookés, les stressés et j’en passe…
Le présentateur jubile : les compteurs de l’audimat explosent. Perfide, il te demande de chiffrer tes promesses puis, il impose une petite coupure publicitaire. Les annonceurs se frottent les mains. Les ridés n’avaient rien demandé, et voilà le collagène qui lisse l’écran. L’émission reprend.
Tu prends la parole : « Il est écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. Tu te prosterneras devant Lui et c’est Lui seul que tu adoreras... L’homme ne vit pas seulement de pain... Et moi je vous le dis : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux…Donnez et vous recevrez une mesure bien pleine comme celle dont vous servez pour autrui... A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre ta tunique. Donne à quiconque te demande et ne réclame pas à celui qui te vole… A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre… Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent… ».
Sifflets, hurlements, début d’échauffourée, évacuation des locaux, Tu sors par une porte dérobée évitant le lynchage. Le lendemain, la presse écrite rend compte des réactions de ceux et celles qui font l’opinion publique. Tous les bavards et tous les baveux sont d’accord : « Ce discours ne répond en rien aux graves préoccupations des français, il décrédibilise les responsables politiques et la noble mission des média publics qui sont faits pour éclairer les consciences et non pour les plonger dans un obscurantisme médiéval ! Sa légèreté et son inconsistance constituent une insulte à la nation toute entière ». Les intellectuels auto- proclamés demandent que l’auteur présente ses excuses dans les journaux télévisés.
Les jours suivants, à 20h, tu parais à l’écran et tu racontes, comme tu sais si bien le faire, l’histoire suivante : « Une femme qui, en rêve, faisait les magasins, découvrit Dieu lui-même derrière le comptoir le mieux achalandé.
- Que vendez-vous donc lui demanda-t-elle ?
- Tout ce que ton cœur désire, lui répondit Dieu.
-Je veux acheter la paix, l’amour, le bonheur, la tranquillité, la santé, la sagesse…
Dieu sourit alors et lui dit :
- Je crois que tu te trompes de fournisseur, nous ne vendons pas les fruits, mais uniquement les semences.
- Et combien coûtent-elles ?
- Un petit temps de silence que tu m’offriras tous les jours pour écouter ce que te dira mon Esprit ! » (D’après un conte de P.de Mello)
Et voilà pourquoi, encore une fois, Jésus, tu ne seras pas désigné comme premier ministre…
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