29 juin 2023

Sacré

 « Une génération en quête de sacré » titre le journal La Croix daté du 27 05 2023
Où se situe le sacré ?
Jésus n’a pas échappé à la question : les vendeurs du Temple se souviennent de sa rude mise au point (aux poings ?) et Il s’est vu dans l’obligation de remettre les choses à leur place à propos de la sacralité de l’autel (Mt 23).
Sacré et profane répondent à une géométrie variable selon la proximité supposée de Dieu. Mais où arrêter le curseur ? Chaque époque a dû poser les bornes qui étaient les siennes pour en tracer les limites afin de définir des temps, des espaces, des objets, des postures, des personnes sacrés.
On voit comment l’affectation des églises à des usages profanes requiert quelques précautions préalables. Et les moines qui chantaient « l’office divin » calligraphié  sur des parchemins n’auraient jamais imaginé, en leur temps, que l’on puisse le faire sur un vulgaire papier imprimé. Par contre, les jeunes générations « en quête de sacré » lisent sans problème l’office divin ou les textes de la messe sur des smartphones, ces engins les plus profanes qui soient, tabernacles du tout et du n’importe quoi. De même ceux qui ne peuvent entendre la messe que dans une langue dite traditionnelle supportent de la suivre sur un média qui n’a rien de catholique ni de romain. Il arrive même de voir ces écrans posés discrètement sur l’autel « au cas où ». Existe-t-il quelque part une prière de consécration des portables ?
Il ne s’agit pas d’allumer un autodafé avec ces outils utilisés aussi par les vieilles générations, mais une quête trop matérialiste du sacré ne peut que  s’embourber dans ce genre d’incohérences et de contradictions. Faut-il rappeler que le bon vieux « bréviaire », sans pour autant être sacré, était, lui, réservé uniquement à la prière !
Notre ami, l’âne qui porta Jésus le jour des palmes, nous évitera peut-être de déclencher une nouvelle querelle du sacré. N’a-t-on pas étendu un manteau sur son dos poussiéreux et pouilleux par respect pour son cavalier ? Mais il n’est pas dit que depuis ce jour-là son dos fut consacré. Donc pas de querelles inutiles ! Tel un bel arc-en-ciel, le sacré déploiera encore le spectre nuancé de ses rayons en signe d’alliance entre ciel et terre!  


Hymne à Saint Jean-Baptiste

01 juin 2023

Chronique

 « L’âne se jette à l’eau »(1) ou le catéchiste des périphéries


Puisque cette notion géographique remise au centre par le pape François, est devenue un lieu commun, un âne célèbre, contemporain de Jésus, ayant reçu le don d’une longévité exceptionnelle et de la parole humaine, va l’emprunter et l’adapter à sa modeste personne.
Passons sur les nouvelles aventures trop longtemps ignorées de ce personnage déjà en partie relatées dans un premier ouvrage (2) et retrouvons notre baudet barbotant au beau milieu de curistes français dans un centre thermal des Pyrénées.
Sa présence ne passant pas inaperçue, il se trouve très vite invité à participer aux débats presque quotidiens d’un café philo post cure.
Lesté d’une expérience bimillénaire d’une humanité qu’il fréquente tous les jours, il n’hésite pas à porter un diagnostic sans concession sur la société contemporaine qu’il côtoie. Le résultat fait plutôt triste mine ! L’homme moderne ne donne pas une image réjouissante de la vie. Cette inquiétude permanente qui se lit sur son visage et qui alimente une violence larvée, traduit-elle un dégoût de la vie ou l’insatisfaction de l’être humain à n’être que lui-même et à passer à côté de sa destinée ?
Après avoir mis à contribution les ressorts de la raison commune, notre âne se permet, au gré de ces discussions vespérales d’ouvrir quelques portes sur un domaine peu exploré par ses camarades de piscine : celui des croyances et des religions. Bien sûr, il y entre sur la pointe des sabots car il sait que chacun a des convictions bien tranchées sur ces sujets surtout depuis la révélation des turpitudes révélées au  sein de l’Eglise. Mais le juif qu’il était et le chrétien qu’il est devenu n’hésite pas à rappeler à son auditoire qu’un homme repeint « à l’image et la ressemblance de Dieu » changerait la face de la terre. En outre il retrouverait le sourire de celui qui se sait sur un chemin d’accomplissement! Tout un programme !
Au terme de ces cures bienfaisantes l’âne ne regrette pas de s’être jeté à l’eau. Son arthrose s’en trouve soulagée et sa foi mieux respectée par ses compères baigneurs. Il nous donne rendez-vous au bord de notre piscine baptismale.

(1) Jan de Bartaloumè « L’âne se jette à l’eau » médiaspaul 2023 vient de paraître
(2) Jan de Bartaloumè « Le roman inachevé du bœuf de la crèche » médiaspaul 2021

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.