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Imaginons
un court instant que Nazareth, au début de notre ère, ait été connectée à
Internet.
Jésus
aurait pu, sans se déplacer au Temple, communiquer avec les Docteurs de la Loi et proposer une vision très personnelle
de la Torah via un blog ou des mails échangés.
Les retraités branchés d’Israël
se seraient frénétiquement jetés sur leurs
claviers pour y ajouter commentaires, critiques ou appréciations en ligne.
L’Evangelion, la Bonne Nouvelle, aurait franchi d’un coup d’onde les frontières de la
Palestine, irrigué toute la diaspora et suscité à l’infini des ricochets
d’interprétations.
En
poussant l’absurde à son comble, Dieu le Père Lui-même, aurait pu dispenser le
Fils de toutes les avanies humaines en envoyant en guise de flammes de feu, un
étincelant DVD sur Bethléem ou Jérusalem, pour remplacer ou compléter les
tables de la Loi.
Mais,
voilà, le Verbe ne s’est pas fait écran tactile : le Verbe s’est fait
chair, le Verbe s’est fait condition humaine…
Et les
commerçants de Séphoris l’ont vu acheter avec Joseph du bois d’œuvre sur le
marché ; le petit peuple des pêcheurs qui n’avait pas d’ordinateur embarqué, l’a
entendu calmer les flots, l’a vu griller du poisson sur la plage ; les malades,
les aveugles, les exclus l’ont entendu proclamer les Béatitudes.
Il a
pris la peine de passer par le puits de Jacob et de la Samaritaine, d’arpenter les chemins de la Galilée, de
froisser les épis de blé, de toucher
les lépreux, de remettre Lazare sur pied, de manger un morceau chez Marthe et
Marie, de renverser les étals des marchands, de se laisser parfumer les pieds.
ET
SURTOUT… C’est le cas de le dire, Il a pris la
« peine » de monter à Jérusalem pour y exposer son corps, sa vie, son sang, sa
sueur, ses blessures, son visage tuméfié par les coups et souillé par les
crachats.
Bref,
si Jésus n’avait été qu’un « blogueur » solitaire, ses disciples n’auraient pas « touché
le verbe de Vie » comme le dit St Jean. Notre Dieu n’aurait pas habité votre «
vie vivante », palpitante, mourante même, mais capable de soulever les dalles
de nos tombeaux, d’imprégner le Pain et le Vin partagés sur la table du monde
de l’Esprit Divin.
Les «
nouvelles dominations », et en particulier celle des « technoprophètes »,
dénoncées par J. Cl. Guillebaud, risquent de
virtualiser nos relations,
d’anesthésier toute passion, d’aseptiser toute émotion, de rejeter la vie
corporelle, charnelle, dans les poubelles de l’insignifiance.
Or les
chrétiens se sont battus pour affirmer que leur Dieu avait pris corps, que le
Verbe était chair, et que la Résurrection
elle-même concernait cette chair. Autant de propos qui paraissent monstrueux
aux oreilles de la « raison pure », mais qui restent pour nous et avant tout Mystère précieux et savoureux.
Merci
encore une fois à J. Cl. Guillebaud et à
« La vie vivante » (éd des Arènes) de
donner consistance intellectuelle à ce que nous pressentons dans la Foi.