31 janvier 2019

Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?


Athènes, dit-on, est le berceau de la démocratie. Platon estimait que tant que le pouvoir ne coïncidait pas avec la sagesse, les maux du genre humain perdureraient et la cité idéale qu’il appelait de ses vœux ne se réaliserait pas (La République V/473a). Selon lui, impossible d’instaurer une démocratie sans un effort constant d’éducation du peuple et de ses dirigeants.


Partant du principe énoncé par Churchill que « la démocratie est le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », il nous faut la préserver de ses propres limites. Pas d’autre antidote qu’un effort d’éducation permanente des citoyens. On naît Français, on ne naît pas citoyen, on le devient.


C’est pourquoi, à la faveur du grand débat national et pour m’en tenir à la seule question posée ci-dessus, je demande à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale:

-    Que dès la petite enfance et l’école primaire, l’on renforce par la parole et par les gestes, l’apprentissage des règles élémentaires  de politesse qui rendent la vie en commun supportable et même agréable.

-    Que l’on appelle à bannir du langage quotidien les mots vulgaires qui dénotent d’un manque de respect et non d’une proximité avec « le peuple ».

-    Que l’on cesse de faire croire aux enfants que tout est ludique et qu’ils sachent que le travail demande un effort, mais j’ai lâché un « gros mot » !

Je lui demande encore :

- de programmer dans le secondaire, une approche des « droits de l’homme et du citoyen» accompagnée bien entendu des devoirs qu’ils supposent et d’en faire un élément de l’obtention du brevet des études ou du baccalauréat ?

- de commencer la journée scolaire par un silence nourri par le rappel d’un proverbe, d’une citation ou d’une action positive qui a marqué l’actualité.


Je demande à Monsieur le Premier Ministre que le service national universel puisse se dérouler sur le temps d’une année scolaire entière. Il y serait dispensée une formation dédiée à la connaissance des institutions européennes, des grands services de l’Etat, des corps intermédiaires, conjointement à un engagement au service d’une association d’intérêt général. Ce service pourrait se conclure par une cérémonie de « confirmation » par chaque jeune de son choix de la nationalité française.


-    Enfin, pour couronner le tout, je demande à Monsieur le Président de la République que le vote soit rendu obligatoire.


Le basculement politique que l’on voit s’opérer dans certaines parties du monde devrait nous alerter. A « consommer » de la démocratie, sans avoir conscience d’en être à la fois les heureux bénéficiaires et les acteurs responsables nous expose à tous les dangers, à commencer par celui de la barbarie rampante et quotidienne, si nous ne mettons pas en place les conditions pour la faire vivre.


Réponse hors sujet ? Passéiste ? Utopique ? Son auteur assume ! Et le Platon de « La  République » future aussi !

10 janvier 2019

France, qu’as-tu fait de l’espérance ?



Pendant que se déroulaient les « fêtes de fin d’année » pour employer le vocabulaire le moins irritant  possible aux oreilles religieusement sensibles, il régnait sur notre pays un climat d’insatisfaction mêlé d’inquiétude qui dure encore. Il semble que personne ne soit satisfait de son sort ; les uns à juste titre, les autres par contamination d’une sorte de fièvre jaune.
En effet, lorsque des motards à l’assurance, pour ne pas dire à l’arrogance, cylindrée et chromée ouvrent la marche du cortège alors qu’ils possèdent pour la plupart une voiture dans leur garage et qu’ils se servent de leur engin pour balader leurs gaz d’échappement, le week-end, sur les routes de nos campagnes, on est en droit d’être un peu étonné !! Mais passons sur les contradictions inhérentes à toutes les éruptions de colère.
Quant à la focalisation de la rage et de la haine sur la personne du Président de la République, elle illustre parfaitement la théorie du bouc émissaire développée par René Girard. Pour le philosophe académicien, la violence est le fruit du désir mimétique. Chacun désirant le même objet que les autres la lutte fratricide ne peut cesser que par la désignation d’un bouc émissaire et par son sacrifice rituel. Le bûcher est en place, il ne manque que l’allumette !

Les théories explicatives sont nécessaires mais pas suffisantes. Ce mouvement de contestation générale, qui remonte fort loin, n’est-il pas, avant tout, le résultat  d’une panne totale d’espérance ? Le 20ème siècle avait connu ces idéologies marxistes ou libérales qui promettaient un avenir meilleur. Le « matérialisme historique » et le « libéralisme progressiste » (tout aussi matérialiste) imprégnaient les esprits et se partageaient le monde. Chacun à sa façon ouvrait l’activité humaine sur un au-delà du présent. Mais les citoyens se sont aperçus que les résultats promis n’étaient pas à la hauteur des efforts consentis. Ils ont alors tourné le dos et à « l’historique » et au « progressiste» : il n’est plus resté que le matérialisme à l’état brut et sans but.
Le seul au-delà  qui résistait encore et qui pouvait mobiliser les familles était celui d’assurer un avenir à ses enfants. Or cet au-delà s’est, lui aussi, envolé.
Quand l’horizon d’une vie est bouché par la mort, quand la terre n’offre plus aucune perspective commune aux sociétés, et quand on a vidé le ciel de tout divin, seule compte la vie présente et par conséquent la lutte sourde ou déchaînée pour vivre le mieux et le plus longtemps possible. Il n’est pas étonnant que le mot d’ordre général exige de profiter, sans mesure, du temps qui reste à vivre.  Comme chacun a bien intégré le message et n’a aucune raison de ne pas s’arroger la meilleure part du gâteau, le riche comme le pauvre se sent lésé et mal-heureux.

Nous sommes conscients que la promesse d’un au-delà de la terre a justifié  et encouragé nombre de situations d’injustice institutionnalisée. Il n’en est pas moins urgent de retrouver une espérance, un au-delà de l’espoir, qui réponde à la fois aux besoins légitimes de cette vie et au désir d’infini qui palpite au cœur de tout homme. Sans cela, le contentement des fins de mois, doublé par le creusement coupable des inégalités, accélérera la fin d’un monde épuisé. On ne répondra pas à une crise spirituelle par de simples ajustements du pouvoir d’achat ou par l’annulation de taxes. C’est bien une réponse politique, au sens noble du terme, qu’attendent nos concitoyens. Mais lorsqu’on a une vision exclusivement marchande et comptable de la vie et qu’on jette un discrédit  systématique sur toute forme de spiritualité en l’étouffant dans la sphère strictement privée, ne nous étonnons pas que la fièvre reprenne de plus belle. Nos dirigeants feraient bien de s’en souvenir et d’écouter aussi les messagers d’espérance, disciples de Celui dont la croix ornait nos carrefours à défaut de ronds-points, de Celui qui n’avait pas « gagné plus » mais qui avait tout reçu en donnant tout !





04 janvier 2019

Le temps d’un an.


Chacun a reçu des souhaits à la pelle. Mais, la prudence est de mise quand il s’agit d’en préciser le temps et l’objet. Bonheur, réussite, santé sont des notions suffisamment larges pour que chacun y trouve son compte. Quant à l’année, elle peut être très longue pour le malade alité, très courte pour le professionnel affairé, et personne n’a la certitude de la terminer.

La question du temps a toujours occupé la pensée des esprits les plus éclairés.  Quand le commun des mortels s’en inquiète, il est frappé par l’inconsistance du présent : un nuage évanescent, une simple respiration entre un passé disparu et un futur qui n’existe pas encore. Mais comment parler du présent en tournant le dos au passé ou sans envisager le futur ? Impossible !

Le temps a été vécu, autrefois, comme une répétition du passé, un éternel recommencement. « Rien de nouveau sous le soleil ! ». Le temps du paysan tournait autour du cycle des saisons. La reconduction fidèle du geste ancestral assurait la validité de l’activité humaine. Mais la répétition se révélait stérile et mortifère, incapable de répondre à l’imprévu.

L’époque industrielle a remplacé le temps de la terre par celui de l’homme. Il est devenu linéaire. Il n’a plus accompagné la reproduction mais il a sonné la charge du pro : production, progrès, programmation, prospection. Il nous a projetés en avant. On a parlé au futur enchanteur. Il a fallu déchanter ! Les promesses n’ont pas tenu parole.

Aujourd’hui, le temps s’est rétréci. D’un clic nous savons, nous pouvons, nous avons. Nous parlons au présent ponctuel, instantané.

Comment donner consistance au présent ? Comment faire en sorte que le souhait ne soit pas vaine parole ? Comment convoquer le passé sans le travestir ? Peut-être en lisant notre heure sur le cadran de l’horloge de l’Eternel qui ne compte ni au passé, ni au futur mais au présent qui vaut éternité. Ainsi, recevoir des vœux, vaut plus par l’attention présente de la personne qui nous les adresse que par la promesse de leur efficacité?

Amis lecteurs, quand vous lirez ces lignes que restera-t-il des hésitations, des brouillons, des questions du rédacteur ? Rien ! Quelle lumière sur l’avenir ? Aucune ! Quelques lettres imprimées sur un écran et destinées à la corbeille ou l’éclat furtif d’un morceau d’éternité…



"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.