30 juillet 2019

Lectures d’été et des 4 saisons


Adrien Candiard, dominicain de son état, ouvre pour nous la missive envoyée par Saint Paul à un de ses amis nommé Philémon à propos d’un problème apparemment domestique. Il s’agit du cas d’un esclave qui répond au nom d’Onésime. Il avait été « prêté » à Paul et celui-ci le renvoie à son propriétaire, Philémon, en lui recommandant de l’accueillir désormais comme son frère, car pendant le temps où il était avec Paul, cet homme est devenu chrétien. A la suite d’une lecture un peu simpliste, on a pu reprocher à Paul de n’avoir pas su profiter de l’occasion pour formuler une déclaration universelle de l’abolition de l’esclavage. Le théologien du Caire, en nous montrant comment Paul laisse Philémon prendre ses responsabilités, nous invite à une profonde réflexion sur l’usage de la liberté en régime chrétien. Un exemple d’action missionnaire vraie, qui ne consiste pas à dire à l’autre ce qu’il doit faire ou ne pas faire, mais qui compte sur l’amitié fraternelle pour l’amener à être ce qu’il doit être. Réflexion utile pour nous qui sommes si prompts à donner des directives sur tout sujet. (Adrien Candiard « A Philémon » Edition du Cerf) 



Denis Moreau  a le don de rendre abordables les sujets les plus ardus de la philosophie. Dans un petit ouvrage à l’argumentaire serré, l’auteur de « Comment peut-on être catholique ? » pose la question :« Y a-t-il une philosophie chrétienne ? » (ed du seuil). « Philosophie chrétienne » voilà une expression qui a quasiment disparu du vocabulaire universitaire. Pourtant, le professeur nantais ose nous faire entrer dans les théodicées de Leibniz et de Malebranche pour aborder une question toujours contemporaine : l’existence de Dieu est-elle compatible avec celle du mal ? En laissant de côté ce que peut en dire la Foi,  les arguments déployés par l’auteur permettent d’examiner de plus près la notion de « Toute puissance divine » et de laisser pointer l’idée d’une sorte d’impuissance de Dieu qui sera reprise par des théologiens contemporains. Il s’inquiète cependant de « la tentation fidéiste du christianisme contemporain » et lance son mot d’ordre: « Chrétiens philosophez ! »


Enfin, quel coup de vent, quel tourbillon de mots choisis et pour certains  improbables, quel arc-en-ciel de poésies, quels orages de situations surprenantes, ont secoué les neurones de Sylvie Germain pour nous faire parcourir le destin sautillant des personnages principaux de son dernier roman « Le vent reprend ses tours » ed Albin Michel. Dans un récit à rebondissements inattendus issus d’une  imagination luxuriante, cette habituée discrète des silences habités nous offre une belle analyse des profondeurs  impénétrables de l’être humain. A relire pour mieux savourer!


"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.