14 janvier 2022

Le TEMPS



Jusque dans les années 55/60 nous avons connu le temps des grecs ! Dans les premières religions et chez certains philosophes anciens, on parlait d’un éternel retour. Le livre de l’Ecclésiaste en est un témoin : « Rien de nouveau sous le soleil… ». La sagesse populaire approuve : « La roue tourne ». La civilisation paysanne familière du rythme des saisons  était imprégnée de cette vision des choses. D’où l’attachement au passé et à la répétition des gestes, à l’importance du rite qui revient à date fixe.


Avec l’industrialisation et jusqu’aux « 30 glorieuses », le temps linéaire a triomphé. Représenté par la flèche, il était avant tout tendu vers l’avenir. Le temps s’est fait histoire ; il avait un sens.  A preuve la profusion de tous les « pro » : projet, production, profit, promotion, projection... Le marxisme et libéralisme pur ont divinisé l’histoire. Le futur était la seule conjugaison et le progrès, nouveau nom du bonheur, en était le vecteur essentiel. Ce futur, qui devait nous enchanter, nous a plutôt déçus : avons-nous gagné en humanité ? La pro-messe n’a pas été tenue.


Avec la révolution numérique, nous capturons le présent, l’immédiat. L’espace se mondialise et se rétrécit pendant que le temps se rétracte à l’instant T où toutes les données nous sont communiquées, tous les contacts  nous sont permis. Cette immédiateté nous maintient en alerte constante. Après le cercle de l’éternel retour, la flèche du devenir, voici le point de l’instant.


Avec le premier schéma, nous reproduisions le passé en l’améliorant; avec le deuxième, nous jetions les bases des lendemains (qui chanteraient) ; avec le troisième, nous répondons à l’immédiat. Aucun n’est satisfaisant. La reproduction du passé est mortifère ; la fuite en avant s’apparente à l’addiction d’une drogue ; la satisfaction du présent est retour à l’animalité. Le passé n’est plus là, le futur pas encore, quant au présent, il nous apprend un autre pro : « pro-tection » ! Protection contre le virus, contre le « trop proche », contre la science, contre la politique ! Le moment n’est-il pas venu d’inoculer dans le temps des hommes le gène d’éternité que Dieu nous offre?


"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.