15 novembre 2019

Bénédiction




« S’il vous plaît, Monsieur le curé, une petite bénédiction pour la médaille du baptême ? »

- Bien volontiers, mais je n’en ai qu’une grande ! »

Au-delà de la plaisanterie, il faut se souvenir que le premier qui « dit du bien » (bene dicere) c’est Dieu. Rappelons-nous la majestueuse introduction de toute la Bible. Par six fois, l’auteur proclame : « Et Il vit que cela était bon ! ». Au commencement de tout est la bénédiction divine et elle est à la dimension de Dieu : éternelle et infinie, donc « grande » !

Nos bénédictions ne sont que réponse et écho de celle, originelle, de Dieu. Nous bénissons Dieu car tout nous est donné. Nous ne possédons rien et rien ne nous est dû. C’est pourquoi la première et constante prière du croyant est un merci, une action de grâces. Le rabbin Ouakmin rappelle que les mots « juif » et « remercier » ont la même racine et le juif pieux, selon une tradition, devait bénir Dieu 100 fois par jour.

A lire certaines pages de l’Ecriture, on pourrait en conclure que Dieu bénit les hommes qui se conduisent bien et maudit les autres. Le Dieu qui crée tout, en disant du bien, ne peut se contredire. Dieu ne peut pas maudire, c’est sa limite. La malédiction ne serait d’après Paulo Coelho qu’une « bénédiction refusée ». L’intelligence humaine est une bénédiction, un don de Dieu. Mais dévoyée par le mauvais usage qu’en fait l’homme, elle devient malédiction.

Dans notre civilisation de l’image et de l’écrit raccourci, on peut se demander quelle est l’efficacité de la bénédiction qui n’est, somme toute, qu’une parole. Il suffit pour cela de constater les dégâts que peut provoquer son contraire c’est-à-dire une malédiction. Maudire son fils - « Tu n’es plus mon fils ! » - n’est-ce pas d’une certaine façon effacer son identité, nier  son existence ?



Commencer sa journée par une « grande ! » bénédiction est une manière d’actualiser à notre niveau l’œuvre divine de la création, de maintenir l’univers dans l’être, de soutenir l’élan vital contre les forces de la mort et de hisser l’être humain au niveau de « l’image et de la ressemblance » du Créateur.C’est aussi l’occasion de compter ceux et celles  qui nous sont proches comme autant de grandes bénédictions familières.






"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.