13 novembre 2021

Quelle paix ?


 « Praubé France, b’es hére trahide ! » (Orthographe non contrôlée) « Pauvre France, que tu es trahie ! » : c’était le jugement sans appel des anciens de la guerre de 14  à la vue de nos innocentes espiègleries lorsque, le soir venu, les familles se retrouvaient sur le pas de la porte et que les enfants que nous étions jouaient sur la rue. Ces mêmes anciens qui étaient tout au plus septuagénaires nous paraissaient déjà vieux, usés, cassés, murés dans leur silence et perdus dans des souvenirs pas toujours glorieux. Assurément, ils s’affligeraient de constater l’inflation du vocabulaire dont notre époque raffole : des « héros » à tous les coins de rue, un « couvre-feu » bien éclairé et des « restrictions » à magasins ouverts et toujours achalandés. Ils étaient les témoins de cette paix des braves obtenue par une sanglante victoire dont nos monuments aux morts gardent l’empreinte. 


Paix encore et toujours impossible à établir tant que les gouvernants croiront l’obtenir en satisfaisant les conditions d’un supposé bien-être général car en ce domaine l’homme est insatiable. La paix des portefeuilles et du pouvoir d’achat ne satisfera jamais ceux qui ont la bourse trouée ou des besoins exorbitants.  Cette paix-là sera d’autant plus impossible à trouver que la terre s’épuise et que ses ressources n’étancheront jamais cette soif d’infini qui caractérise le désir de l’être humain.


Pourquoi ne pas changer de niveau et se situer sur celui où les coffres se remplissent  quand ils sont partagés? Là, la dignité est reconnue, la bienveillance accordée, le respect affiché. Mais ces biens-là sont aussi largement bafoués par l’avidité des puissants et l’égoïsme de chacun. Les pays pauvres en font les frais comme les travailleurs précaires ou exploités. Tant que les cortèges des  rues cracheront leur colère et que la mer jettera ses migrants sur les plages, la paix restera compromise. Il faudra certainement, comme le préconisent les sages, agir sur les risques de conflit et intervenir avant qu’ils ne se développent.
Jésus qui connaissait ce qui est au fond du cœur de l’homme recommandait déjà de se réconcilier avec celui que l’on avait offensé avant d’entrer au tribunal et de recourir au juge.


"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.