13 mars 2024

Nouvelles tendances


 « Nombreux sont ceux qui inventent les choses pour la deuxième fois » ! En effet, vieillir permet de retrouver sous la bannière de la nouveauté des comportements ou des modes qui ont déjà fleuri dans le passé. Ainsi en va-t-il des relations incestueuses entre la politique et la religion. Soucieux de l’évangélisation des masses, des chrétiens dits de gauche, se sont jetés, autour des années 70, dans la gueule de l’idole marxiste et se sont agenouillés devant Marx dont ils n’avaient lu que quelques morceaux choisis. Accusés de galvauder la doctrine pour la mettre à la portée du peuple, on les disait pollués par ce Concile honni qui avait ouvert les vannes à ce que la modernité charriait de plus détestable : le respect de la conscience personnelle ! 


Et voilà qu’un demi siècle plus tard, bien formatés par les adeptes d’une « herméneutique de la continuité » (1), les fils et petits fils des nostalgiques de la « chrétienté » (2) retrouvent les délices d’une alliance  souhaitée entre la politique et la religion. Mais entendons-nous bien ! Il s’agit maintenant d’une « bonne politique », celle qui flirte avec les théories de l’extrême droite et qui va chercher ses références dans la sainte et radieuse Russie. Autrefois, la doctrine était lyophilisée  au nom de l’évangélisation. Aujourd’hui, elle est rappelée  sans fioritures au nom de la tradition. Sauf qu’aujourd’hui comme autrefois,  se cache sous ces comportements, soi-disant nouveaux, une stratégie politique qui laisse croire que, lorsque les lois auront changé, les hommes n’auront plus de mal à croire. Le discours est d’autant plus séduisant qu’il se situe au confluent de deux courants. Le premier est suscité par la peur des anciens qui perdent les références de leur vieux monde. Le second est alimenté par l’enthousiasme des jeunes qui croient découvrir un monde nouveau et qui n’ont pas le recul nécessaire pour repérer la redite.  


Si un régime politique suffisait à « faire chrétiens nos frères » cela se saurait depuis 2000 ans que l’évangile coule dans l’histoire des hommes ! Les tenants d’une Eglise nouvelle  qui érigerait une sainte alliance avec le pouvoir politique devraient se poser la question suivante : Pourquoi la « chrétienté » n’a-t-elle pas résisté aux assauts du temps si elle était le régime idéal ? Décidemment, le règne de Dieu est bien comme un « ferment dans la pâte » ! Voilà pourquoi Jésus n’a pas voulu partager le pouvoir du Temple et de la Torah, voilà pourquoi Il n’a voulu renverser ni Hérode ni César et s’est tenu à distance des révolutionnaires de son époque.

Autre nouveauté : le retour du matérialisme !
Il se trouve que sous le prétexte du respect du sacré, des espaces cultuels sont interdits - surtout aux femmes- et que l’on recommande fortement la communion sur la langue plutôt que dans la main.  Une femme ne peut pas monter dans le chœur d’une église pendant la messe mais elle peut le faire pour aller dans la sacristie s’occuper d’alimenter l’encensoir lors des obsèques ! Où est l’erreur ?
Question : Pourquoi la bouche serait-elle  plus digne que la main ? N’est-elle pas l’instrument de toutes les délations, de tous les mensonges, des médisances et des calomnies, des jugements assassins et des suspicions venimeuses ? Et, si l’on peut se permettre une remarque lourdement triviale, s’est-on  demandé dans quel endroit décent aboutit la sainte hostie après son passage dans l’estomac et les intestins? Alors, pourquoi la main serait-elle plus impure que la langue ?
Chacun est bien d’accord pour accorder un immense respect au pain et au vin eucharistiques mais pourquoi  « chosifier » le sacré dans des espaces, des gestes et des temps ? Pourquoi les « calices tulipes » dorés seraient-ils plus dignes que des vases moulés dans l’argile par les mains de l’homme ? Le vieux catéchisme nous disait que Dieu est partout. Donc le sacré est partout dans la mesure où la création reflète sa présence. Il y a des matérialistes du sacré qui se permettent de mettre la présence ou l’absence de Dieu entre les mains de leur pouvoir ! Assigner Dieu à sa place et l’homme à la sienne, ceci non plus n’est pas nouveau bien qu’incroyable !!


    (1) Une interprétation dans la ligne des précédents Conciles
    (2) Entendue comme un ensemble de peuples, y compris le pouvoir politique, partageant la culture chrétienne.

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.