04 avril 2023

Une double passion

 


Nous relirons en ce vendredi saint la passion de Notre Seigneur déjà entendue le dimanche des rameaux. Jamais les chrétiens ne s’habitueront à ce récit à la fois sobre et émouvant qui condense tous les enjeux du salut du monde. Sa reprise par les quatre évangélistes, sa précision dans les détails observés, permettent de penser qu’il faisait partie de la toute première transmission de la Bonne Nouvelle. Il fallait insister, en effet, sur la réalité de cette mort. 


Ce chemin de croix douloureux et poignant paraissait inimaginable et inaudible pour les premiers convertis. Juifs ou grecs d’origine, impossible pour eux d’entendre que Celui qui se disait Fils de Dieu puisse connaître la mort. Un dieu ne pouvait pas mourir de la main des hommes ni des avanies des puissants. L’affirmation de sa résurrection soulèvera moins de questions car, d’une part, on ne savait pas si des personnages illustres comme Elie et Moïse étaient morts  et, d’autre part, on attendait à la suite des martyrs d’Israël une résurrection possible des justes. Il était d’autant plus inconvenant de penser que ce Messie, dont on pressentait la divinité, puisse souffrir et mourir comme un banni, alors que le malheur et la souffrance étaient, à cette époque là, considérés comme la conséquence du péché.
 

Mais pourquoi donc fallait-il que le Christ souffrit et mourut comme l’Ecriture le rappelle à plusieurs reprises ? Certainement pour accomplir la première passion, celle de Dieu pour les êtres humains. Toute la vie de Jésus est la concrétisation de cet amour passionné de Dieu pour cet être qu’Il a voulu à son image et qui s’est fourvoyé dans une voie sans issue : être son propre dieu, comme l’y avait invité Satan dans le récit de la création. En voulant être « comme Dieu » il n’a plus été un Homme ! Alors, celui qui était la Parole, le Verbe « par qui tout a été fait » a épousé cette passion du Père pour ses créatures. Il est venu chez nous, nous a transmis son Esprit, a pardonné nos fautes, guéri nos blessures et a restauré en nous l’image divine.


Enfin, ne fallait-il pas que l’énorme gangue de souffrances et de malheurs qui écrase la terre depuis l’origine, que le cri déchirant des innocents torturés, que les larmes inconsolées des mamans accablées montent sur la croix avec le Christ, entrent dans le tombeau avec lui et fécondent une terre nouvelle ?


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour votre écrit, très éclairant pour moi.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.