20 mai 2022

Parle vieillard mais n’empêche pas la musique…


Ils étaient une quinzaine de ceux que l’on appelle pudiquement des prêtres aînés pour éviter de trop les vieillir. Usés, « prothèsés » de toutes parts, riches de leur longue fréquentation de laïcs chrétiens ou pas, heureux de se retrouver à l’initiative de l’un d’entre eux pour écouter une intervention d’un médecin spécialiste des soins palliatifs concernant le temps de la retraite et l’approche de la mort. Comment faire petit à petit le deuil de ce que l’on a fait ou été pour vivre pleinement ce que l’on est devenu, pour se recentrer sur cet Essentiel qui nous a fait vivre. En bref, comment passer du « faire » à « l’être ».
La discussion qui suivit fut fournie car chacun sait que dans cette « profession » on a le verbe haut et facile. Plusieurs réactions s’entremêlèrent. Et d’abord le plaisir, bien compréhensible, d’énumérer ce qu’on savait ou pouvait encore faire au service de l’Église! Mais il y avait du pathétique dans cette insistance sur ce bilan de « ce que je fais encore ». Que va-t-on devenir quand on n’entendra plus : « Ah, heureusement que vous êtes encore là ! »? 


Autre inquiétude : comment s’assurer d’une vie matérielle et sociale décente quand le célibataire « endurci » ayant vécu souvent en communauté doit assurer seul l’intendance ? L’urgence de la question révélait l’absence d’anticipation d’un changement de statut. Deux personnes mandatées par l’évêché étaient là pour rassurer les plus inquiets.


 Plus sereinement, les nonagénaires faisaient part de l’acceptation de leur « déclin » sans chagrin et avec le sourire. Merci à eux !
La présence de l’évêque diocésain et de son vicaire général permettait également à ces « vieilles charrues » d’exprimer leur malaise, tempéré d’un zeste de mansuétude, face à un jeune clergé dont ils ne reconnaissaient pas, et pour cause, la paternité. Comment se sentir père ou frère dans une «  famille recomposée » un peu artificiellement? Occasion offerte à chacun de faire appel à  la « petite fille espérance » tout en gardant assez de lucidité pour ne pas ignorer les limites d’un « dégagisme » qui expédie l’expérience des aînés dans les limbes du passé.


Une rencontre utile que l’on souhaiterait à tous ceux et celles qui abordent ou qui vivent les dernières étapes de cette vie. « Quand tu seras vieux un autre te mettra la ceinture… »


1 commentaire:

Cathy49 a dit…

Merci pour ce beau témoignage d'humanité qui nous encourage à porter un regard encore plus attentif envers ces prêtres qui ont beaucoup apporté à l'église. Ce texte permet de ne pas laisser nos frères dans les oubliettes, car ils portent la richesse d'un vécu intense .
Qu'ils aient la joie de recevoir des élans de tendresse fraternelle par les communautés et les personnes qui les entourent..