16 juin 2022

La chapelle ou le blockhaus



 Que se passe-t-il dans l’Eglise de France ? Des études sérieuses se penchent sur les causes de l’agonie annoncée du catholicisme ou prévoient sa possible implosion (1). Et voilà que notre Pape, à quelques jours du 29 juin, date traditionnelle des ordinations, suspend celles d’un diocèse du sud de la France réputé pour attirer de nombreuses vocations et un clergé jeune et dynamique.

Depuis quelques années des fractures de plus en plus visibles lézardent le corps de l’Institution. Entre les traditionalistes autoproclamés ou les conciliaires d’origine contrôlée, entre les communiants sur la langue ou dans la main, entre les fans du latin ou les francophones, entre les cathos intransigeants ou les trop complaisants, entre les pour et les contre François et bientôt entre les chevaliers de Mgr Rey ou ses pourfendeurs, la distance s’élargit et le mur s’épaissit. Sommes-nous à la veille d’un schisme ?
Il y a toujours eu des chapelles dédiées à tel ou tel saint ou à telle ou telle confrérie chez la fille aînée de l’Eglise. Mais pourquoi s’ingénier  à les rendre de plus en plus étanches, parfois arrogantes et pour finir concurrentes ? Et surtout, pourquoi les unes imposeraient aux autres leurs coutumes, leur langue et leur culture comme si le vent de la Pentecôte s’était soudain essoufflé ?
Regardons les absides de nos vieilles cathédrales. Elles sont entourées d’une couronne de chapelles mais celles-ci sont ouvertes sur la grande église et l’on peut aisément communiquer de l’une à l’autre par le déambulatoire.
Est-il encore temps de demander à nos confréries qui n’ont souvent de fraternité que le nom, de se poser sérieusement les questions suivantes : Qui peut prétendre présenter au monde l’image authentique du Christ sans le trahir ? Comment oser se réclamer du véritable Christ alors que ses prises de position ont surpris et scandalisé jusqu’à ses plus proches? Lui-même n’a-t-il pas eu recours à la transfiguration pour laisser entrevoir sa véritable identité ? Par pitié, quittons nos blockhaus et ouvrons nos chapelles vers l’autel, seul signe visible et encore caché du Consacré et du Donné !

(1)    Cf Guillaume Cuchet « Le catholicisme a-t-il encore un avenir en France »  
Danièle Hervieu Léger et J. Louis Schlegel « Vers l’implosion » ed Le Seuil

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