Dans sa jeunesse, il a fréquenté l’aumônerie des étudiants de Pau, il a enseigné l’histoire, dirigé des écoles, il est jeune retraité. Il s’appelle Mikel, basque jusqu’au bout de ses racines et ouvert sur le monde jusqu’au cœur de sa foi. Il aime son pays de Baïgorry et ne manque aucune occasion de le mettre en valeur. Dans ses recherches, il a découvert que 17 jeunes du village des Aldudes étaient entrés au monastère de Belloc en 150 ans. Ils ont connu des fortunes diverses au gré des péripéties de l’histoire du 20 ème siècle. Il a suivi certains d’entre eux « aux Amériques », en Palestine, en Afrique, en exil, à la guerre. Il a recueilli les souvenirs qui couvaient encore sous la cendre de la mémoire de leurs familles, compulsé lettres et archives et interrogé les moines d’aujourd’hui. Il a souligné le développement de la personnalité de ces jeunes bergers qui par le travail, la prière et la vie communautaire ont fait preuve de qualités exceptionnelles. Comment remercier le monastère alors que celui-ci va encore une fois connaître un changement sans précédent?
L’idée a jailli de rassembler, un dimanche, sous les chênes de Belloc qui ont résisté au vent, tous les parents de ses valeureux pionniers, afin de faire retentir l’expression de ce pays qui avait donné tant de ses fils à Dieu et à l’Eglise. Et voilà que 400 personnes, accompagnées des chanteurs locaux et de la clique en tenue, ont fait chanter les psaumes des Vêpres en langue basque dont les moines furent les traducteurs et les compositeurs. Des prêtres du voisinage se sont joints à cet évènement au même titre que les fidèles, sagement assis à leur place et intérieurement ravis d’assister à cette fête de la mémoire et de la foi.
Un laïc, aidé de quelques volontaires, a organisé ce qui, autrefois, aurait mobilisé tout le clergé d’un canton. L’Eglise en synode et donc en marche trouvait, cet après-midi là, son illustration la plus prometteuse et la plus éclatante. Si tous les baptisés s’y mettent vraiment, s’ils exploitent toutes les possibilités que leur offre leur baptême, les cloches « au fond de la vallée » (1) ne sonneront plus le glas de la disparition du prêtre mais la naissance d’une Eglise renouvelée.
(1) Voir l‘article dans jeancasanave.blogspot.com « Village au fond de la vallée »
(2) NB : Miguel de Unamuno, le philosophe de Salamanca, me pardonnera d’avoir attribué par erreur, dans mon dernier article, « Le sentiment tragique de la vie » à son compatriote Ortega y Gasset. Faute grave mais non tragique !
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