01 avril 2021

Près du tombeau.



  J’imagine, en ce premier jour de la semaine, Satan arcbouté derrière la pierre, maintenant close la fermeture du tombeau où gît le « Prince de la Vie ». Ce gêneur, cet imposteur, celui qui étalait au grand jour par sa seule présence les œuvres obscures des puissances du mal est enfermé définitivement dans les entrailles de la terre, dans ce shéol visqueux des êtres sans consistance. Et pour être sûr de maintenir étanche le couvercle de pierre pendant les trois jours requis pour bien  valider la mort, il appelle à l’aide les foules imbéciles qui, pour quelques deniers, se laissent séduire.


Or voici que l’aube lève. La nuit de la vie ne résistera pas à la clarté et à la chaleur renaissantes. Quelques femmes en pleurs s’approchent et la sécheresse du rocher se fissurera sous l’ondée bienfaisante des larmes ; le silence mortel laissera  filtrer le murmure d’une espérance inouïe.
Qu’adviendra-t-il du tombeau de notre monde ? Comment ne pas être effrayé par le pouvoir du mal qui étend son empire et s’infiltre jusque dans l’âme d’enfants ou d’adolescents qui battent, qui noient, qui tuent celle qu’ils appelaient « copine » ? Comment après des siècles de civilisation et de culture en vient-on à violer femmes et enfants ? à égorger un vieux prêtre, un enseignant ? à empoisonner un opposant ? à asphyxier un simple récalcitrant ? à laisser la mer engloutir une partie de nos enfants qui cherchaient un pays accueillant ?


Il faut croire que les feux de l’aube n’éclairent  pas assez, que les pleurs glissent sur la pierre lisse et que l’homme résiste encore à l’injonction  divine: « Arrière Satan ! ». Car il y a en chacun de nous un Simon Pierre, ardent à suivre le Christ, et un Satan, prêt à l’abandonner.
Mais confiance ! Les « portes de l’enfer » ne sont pas scellées à jamais.  Le Christ est ressuscité, la pierre est roulée, l’Esprit s’est répandu dans le jardin d’une nouvelle genèse. Déjà un brin de vie verdoyant s’est incrusté dans l’entaille de la dalle. Les larmes et le sang du pressoir de la Croix l’arroseront  et la lourde chape du mal se fendra et basculera dans son néant…




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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.