04 mars 2021

Qui a les clefs ?

 


 « Vivement que l’on revienne au monde d’avant le virus que nous puissions travailler, transformer, produire, nous amuser, voyager, consommer, nous embrasser, nous serrer la main, nous démasquer ! » Malheureusement « avant » ne reviendra pas tel qu’il a été. Avant a fait son temps. Avant est passé. Fini le temps de la démesure et du profit permanents. Nous savons désormais qu’ils sont l’antichambre d’un suicide collectif. « Le monde d’après » sera le monde de la limite consentie et du soin attentif, les deux étant liés.  


En ce qui concerne les limites, il faudra certainement rédiger une charte universelle des droits de la terre équilibrant celle des droits de l’homme. Et pourquoi ne pas ajouter une « charte des droits de Dieu »,  signée par toutes les religions, formulée dans une nouvelle traduction du décalogue qui ciblera clairement les impasses culturelles, économiques, génétiques ou numériques dans lesquelles nous sommes tentés de nous engouffrer. Le premier de ces commandements pourrait être celui-ci: « Tu ne joueras pas au Dieu qui sait tout, qui veut tout et qui peut tout ». 


 Contrairement à une interprétation simpliste de la sentence de Platon, l’homme seul n’est pas « la mesure de toutes choses ». L’homme est un sujet de l’humanité ; l’humanité est tributaire du cosmos. Qui a les clefs de leurs destinées ? 


Quant au soin, il faudra le prodiguer d’abord aux êtres humains pour que de loups masqués et solitaires ils deviennent des frères, à la terre afin qu’elle soit  nourricière et non cimetière, à  Dieu lui-même pour que notre tombe s’ouvre en berceau, à l’Eglise pour qu’elle soit  son « image et sa ressemblance » et non son visage profané ou son portrait fané. Un soin particulier sera réservé aux enfants et aux jeunes qui exigera une refonte totale du système éducatif  car rien de durable ne s’élabore sans l’appui d’une culture commune.


Mesure enfin, car on soigne mieux une personne connue qu’un couloir bondé d’urgences, un jardin clôturé  qu’un océan d’hectares.  Soyons soigneux en toute chose !

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Ce texte exprime parfaitement les aspirations de tout être humain qui réfléchit un tant soit peu et arrive à s'extraire du consumérisme dans lequel nous vivons. Merci infiniment.
Abbé Joseph JACOMY