11 septembre 2025

L’accablement

 


C’est le sentiment partagé par beaucoup de Français en cette rentrée morose. Le feu couvait.

Chez les agriculteurs, la loi Duplomb, contre laquelle 2 millions de citoyens pétitionnaient, avait réveillé la bagarre entre les démons du productivisme et les anges de l’écologie. Pas le temps de ranger les tonnes à lisier qu’un vent brûlant venu d’Afrique soufflait la sécheresse, grillait la végétation et offrait un combustible de choix à l’incendie gigantesque qui ravageait les Corbières. Pendant ce temps, une partie de la population faisait trempette dans l’Océan mais celui-ci la narguait avec ses baïnes sournoises et ses houles meurtrières ! Même les petites églises de campagne qui ne demandaient rien à personne étaient vandalisées par des alchimistes amateurs de cuivre! Canicule étouffante, tornades, grêle, inondations complétaient le menu estival et jetaient le désarroi dans les régions impactées.

 L’ex premier ministre, tel le prophète Jérémie, s’époumonait en criant : « la dette, la dette !». Le monde politique haussait les épaules et préparait la fosse dans laquelle il le jetterait. L’Ukraine agenouillée sous les bombes du sphinx de Moscou attendait en vain le secours du bison de Washington. Deux mille écervelés profitaient de la piste de danse cendrée pour s’ébattre et se trémousser au soleil avant qu’une bastonnade indignée les rappelle à la réalité ! Celles et ceux qui étaient restés confinés dans leurs barres d’immeubles contournaient, apeurés, les marchés de la drogue qui s’étalaient sous leurs fenêtres. Cerise sur le gâteau un professeur poignardait un collègue en salle des profs. Et vive l’éducation…nationale ! Enfin, pour éteindre le feu et la dette certains trouvaient la solution miracle: « Bloquons tout » !

 Pourquoi F. Bayrou, tant qu’à se faire honnir, n’a-t-il pas franchi le pas de l’ancien au nouveau testament ? Il aurait pu traduire en langage économique et social la parabole des ouvriers de la dernière heure payés par le patron au même tarif que ceux de la première. Une loi qui bloquerait les salaires entre un plafond jugé suffisant et un plancher, estimé décent. Seule réforme qui équilibrerait les comptes de la nation. A coup sûr, on l’aurait délivré de la citerne de Jérémie pour lui faire subir la mort de l’auteur de cette histoire de chômeurs remis au travail par une prime inespérée.

Gageons que les jeunes qui ont jubilé à Rome sauront peut-être, mieux que nous, traduire en articles de loi et en pain quotidien l’idéal évangélique !