Il pleut depuis un mois. Ce soir, l’averse redouble. Par acquis de conscience, Francette endosse une vieille pèlerine et se dirige vers l’église voisine, une clef dans la main. Faute de visiteurs et de croyants, on a décidé de ne l’ouvrir désormais qu’une fois par semaine, alors que pendant des années, elle avait fait l’objet des soins attentifs d’une fidèle paroissienne. D’ailleurs, lorsqu’on voulait rendre hommage à une maison accueillante, un dicton de la langue béarnaise comparait sa porte à celle de l’église : « toujours ouverte ».
Dans l’embrasure, une forme noire, dégoulinante, s’appuie sur les pierres usées et attend la fin du déluge. Présentations à distance (on ne sait jamais), il s’agit d’un jeune randonneur parti à l’aventure. Il demande s’il peut passer la nuit dans le porche. Francette hésite puis acquiesce, avec le sourire. Dans ses jeunes années, ses randonnées en montagne surprises par la bourrasque s’achevaient souvent dans le porche accueillant d’une chapelle romane. Ce souvenir, ce soir, éclaire l’épaisse obscurité.
Pendant la nuit, elle se remémore qu’elle avait descendu la caisse qui contenait les personnages de la crèche et qu’elle l’avait abandonnée dans un recoin avant de vérifier leur état de propreté. Mais, faute d’aides volontaires, elle avait décidé de ne pas la déballer ni de l’exposer à sa place ordinaire : « Puisque personne ne viendrait ! »
Le lendemain, après un lever du jour encore maussade et bien paresseux, elle reprend le chemin du clocher. Personne dans le porche, ni dans l’église. Cependant quelque chose l’intrigue. Sous le modeste autel en bois, le pot de fleurs artificielles a disparu et s’approchant, elle distingue sagement disposés en bon ordre, Marie, Joseph et l’Enfant. Sous le berceau de Jésus, un bout de papier froissé et griffonné : MERCI !
Miracle de la crèche : Un signe de gratitude ! En ce temps d’incivilités, de violences, de migrations meurtrières, de calamités climatiques, de guerres atroces, un jeune homme anonyme avait trouvé une porte ouverte par une inconnue et un refuge auprès d’un Enfant aux bras ouverts depuis 2000 ans! Merci ! Un éclat d’humanité !
La chronique locale retient que quelques villageois voulurent en avoir le cœur net. Ils entrèrent, ce jour là, dans l’église, en esquissant même un rapide signe de croix ! Miracle collatéral !
A chacune et chacun : Vrai Noël !
1 commentaire:
Une histoire de Noel, très emouvante! Joyeux Noel, c'est Jesus qui passe et demande abri.
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