12 janvier 2023

Foi et raison

 


 Lors des obsèques du Pape émérite ont refleuri, inévitablement,  les « ismes »  dans lesquels certains l’avaient définitivement encadré : conservatisme, rigorisme, traditionalisme. Ils  avaient tout simplement oublié ces propos de Joseph Ratzinger datés de 1969, extraits d’une émission d’une radio allemande, que rappelait récemment René Poujol dans son blog : « …Ce sera une Eglise plus spirituelle qui ne s’arrogera pas un mandat politique (…) mais après l’épreuve de ses divisions, d’une Eglise intériorisée et simplifiée sortira une grande force...  Il me semble certain que des temps très difficiles sont en train de se préparer pour l’Eglise. Mais je suis aussi tout à fait sûr de ce qui restera à la fin : non l’Eglise du culte politique mais l’Eglise de la foi… C’est sûr qu’elle ne sera plus la force sociale dominante dans la mesure où elle l’était jusqu’à il y a peu de temps. Mais l’Eglise connaîtra une nouvelle floraison et apparaîtra comme la maison de l’homme, où trouver vie et espérance au-delà de la mort. » 


N’ayant pas eu la force de mettre en musique cette Eglise nouvelle pour laquelle il souhaitait des ministères différents, il a posé, lors de sa « sortie » l’acte le plus audacieux de son pontificat laissant abasourdis ses détracteurs comme ses admirateurs. La raison est venue au secours de la foi. Réduire une personne, quelle qu’elle soit, à un seul qualificatif est toujours imprudent et dangereux. Au fait, Jésus, était-il progressiste ou traditionaliste ?


« Je ne suis pas venu abolir mais accomplir » nous a-t-il dit en parlant de la Loi Juive. Certes il l’a accomplie et même surpassée ! Alors, pourquoi  aurait-il  déclenché chez les tenants de « la tradition des pères » une opposition telle qu’elle lui valut une mort en croix, s’il n’avait pas profondément déstabilisé les croyances de ses contemporains ? Prétendre, comme il le fit, se placer au-dessus de Moïse était blasphématoire : « Moïse vous a dit… moi je vous dis… »
Enfermer l’expression de la foi dans une tradition figée par une langue, des rites ou des dogmes est indigne du « sujet » de notre foi et de notre amour : Dieu lui-même. Vouloir, à l’inverse, la présenter sous les couleurs de la modernité contemporaine sans les passer au feu de l’évangile l’est tout autant. Laissons à Dieu le soin de nous déconcerter encore par une révélation de son identité qui n’en finira jamais de nous bousculer.



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