20 novembre 2020

Le trône et l’autel


Nous avons assisté ces derniers temps à l’un des derniers avatars de la querelle du trône et l’autel. Des catholiques ont voulu manifester leur mécontentement face à la décision de l’Etat de supprimer les célébrations de messes avec public, pendant un mois. Sur le plan de l’occupation du terrain médiatique, ils ont réussi. Les journaux télévisés ont davantage parlé d’eux que de la journée de la pauvreté célébrée le même jour. 

Les relations entre l’Eglise et l’Etat ont été, de tous temps, tendues et tumultueuses car il n’y a pas de cloison étanche entre le temporel et le spirituel. Le régime de la laïcité, qui a essayé de donner, en France, un cadre satisfaisant à cette coexistence, est sans cesse contraint de s’adapter aux situations nouvelles par des ajustements de plus en plus précis.

Le conflit actuel porte, en fait, sur deux réalités existentielles incontournables pour les uns comme pour les autres : la santé et le salut. L’Etat, en charge de la santé des citoyens, se doit d’édicter des règles qui permettent d’enrayer ou du moins de réduire les méfaits de la pandémie qui sévit et d’éloigner la mort. L’Eglise se dit en charge du salut de l’humanité. Ce salut, qui englobe et dépasse la mort dans une perspective de vie éternelle, exige la foi. Or la « foi agissante » est célébrée au plus haut point dans l’Eucharistie, la messe : « Il est grand le mystère de la foi ! » L’actualisation du don de la vie ressuscitée du Christ (« Ceci est mon corps livré, ceci est mon sang versé ») constitue le centre de la foi et de l’engagement du chrétien. La mort combattue d’une part mais inéluctable pour tous et la mort transfigurée d’autre part en don de vie ne peuvent-elles pas s’accorder et se compléter l’une l’autre ? Notre Dieu n’est-il pas le « Dieu des vivants » mortels comme des vivants devenus immortels ? Ne peut-on pas faire taire les sous-entendus politiques qui viennent chaque fois brouiller une juste vision des choses ? Certains qui se plaisent à alimenter la polémique à souhait pour justifier toutes les intransigeances pourraient se souvenir que santé et salut sont proches parents, du moins dans les termes.

 

 

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