21 février 2020

Héritiers


Autrefois, dans les campagnes, la transmission d’une ferme, d’un atelier ou d’un commerce se déroulait sans bouleversement notable. Les parents  cessaient de travailler lorsque leur fils ou leur fille avait atteint un âge qui leur interdisait des expériences hasardeuses. C’est ainsi qu’une lourde immobilité pesait sur la société rurale et que se maintenaient durablement les « maisons ». C’était l’époque des l’héritiers. Trois cas de figure régentent aujourd’hui les transmissions familiales : le successeur, le promoteur, l’acquéreur.
Les successeurs formés aux techniques les plus modernes, retiennent l’expérience des anciens et l’adaptent aux normes nouvelles. Les  parents, heureux de garder le fruit de leur travail dans la famille se mettent en retrait et accompagnent avec sympathie et d’un œil indulgent les performances et les innovations de leur progéniture.
Bardée de diplômes et gavée de propositions financières aussi alléchantes les unes que les autres, la génération des promoteurs piaffe d’impatience, chamboule l’entreprise de fond en comble et organise l’échelonnement de ses dettes. Les anciens se taisent ; d’ailleurs, on ne leur demande pas leur avis ! Inquiets, ils redoutent la culbute.
Troisième cas. Les enfants ne prennent pas la relève de l’exploitation agricole. Il faut faire  appel à des exploitants « hors cadre familial » et c’est le « quitte ou double ». Nous retrouvons les paramètres précédents.
L’Eglise, souvent comparée à une famille, n’échappe pas à la règle. Longtemps, les paroissiens et les membres du clergé se sont contentés de reconstituer le modèle qu’ils avaient connu dans leur enfance. Plus tard, successeurs et promoteurs, fils du Concile Vatican II, ont voulu retrouver l’innovation et la nouveauté qui collent aux semelles de l’Eglise depuis sa fondation. Leur action a connu des fortunes diverses !
Aujourd’hui, en ce qui concerne l’Eglise, l’héritier a disparu. Le successeur et le promoteur constatent que la « terre chrétienne » qu’ils foulaient, se dérobe à leurs pieds. « L’écosystème croyant » où ils évoluaient n’est plus le même. Faut-il redouter l’arrivée d’un acquéreur-entrepreneur ou accueillir celle d’un petit-fils à la fois aimant et entreprenant?


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