28 août 2019

Stricte observance ou bon ajustement



Il existait dans le Judaïsme du temps de Jésus deux écoles d’interprétation de la Loi : celle de Shammaï et celle de Hillel, ce dernier étant réputé moins strict dans l’application des commandements que son confrère rabbin.
Ainsi nous assistons au sein de l’Eglise catholique à la confrontation de deux pastorales en particulier dans le domaine de la réception des sacrements. L’une plus intransigeante sur le respect des exigences demandées, l’autre plus accueillante aux souhaits formulés. Le cas du mariage sacramentel est symptomatique de cette situation.
Des paroisses parisiennes demandent une longue et assidue préparation rythmée de nombreuses rencontres alors qu’en région les centres de préparation au mariage organisent des sessions moins nombreuses et plus concentrées. La version parisienne semble aujourd’hui s’imposer de plus en plus.
Pourquoi ces différentes approches ? Parce que la société  a changé, dit-on !
Quand, il y a quelques années, un couple envisageait un mariage, il lui semblait « naturel » de s’engager pour la vie dans la fidélité et ceci sans être un croyant reconnu. Force est de constater que ce n’est plus le cas. Le divorce est envisagé comme solution « naturelle » à la résolution des crises futures. L’indissolubilité de l’union pas plus que la fidélité ne vont de soi.
Dans ce contexte non porteur, la réponse spontanée consiste à armer le mieux possible, spirituellement et intellectuellement, ceux qui auront à vivre ce sacrement dans des conditions peu favorables. Et ceci au risque de constituer des communautés de « purs », réduites mais clairement identifiées. Ce genre de réponse engendre parfois un sentiment de rejet chez les demandeurs.
L’autre tendance repose sur une conception plus ancienne de la société et de la famille que l’on suppose encore imprégnées des valeurs humaines et chrétiennes. Même si la foi d’un couple ne s’exprime pas par une pratique soutenue, on estime qu’on ne doit pas fermer la porte et qu’en vertu de la « mèche qui fume encore », il vaut mieux laisser une porte ouverte à l’action de l’Esprit Saint, même s’il ne nous demande pas la permission pour intervenir !
 Des règles existent. Elles sont nécessaires. Il faut les rappeler. Mais l’histoire d’un couple ne ressemble à aucune autre. Tout est affaire d’interprétation, et de la part des demandeurs dont on peut exiger la sincérité, et de la part des accueillants dont on peut attendre la bienveillance.

Plus que jamais est nécessaire en ce domaine la collaboration étroite des laïcs et des prêtres pour éviter que les décisions prises le soient en fonction de la réputation de laxisme ou de rigorisme de tel ou tel pasteur.
Enfin, ne serait-il pas souhaitable d’être plus rigoureux dans l’admission au baptême, base et fondement de tous les autres sacrements ?
Quoiqu’il en soit, l’Evangile nous rappelle de ne pas charger les épaules des disciples d’un joug trop lourd.

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.