23 décembre 2017

J’y avais pourtant cru…



« J’y avais pourtant cru » dit Dieu. « Je vous avais donné tout ce qu’il fallait pour que nous achevions ensemble la grande œuvre de la création. Je m’étais promis de partager, par votre intermédiaire, la vie divine, à tous les êtres qui accepteraient la compagnie de notre Trinité. J’avais façonné votre corps d’argile, en soufflant dans vos narines assez de mon Esprit, pour que vous distinguiez le bien du mal. Isaïe, le grand prophète, l’avait doté de six dons différents avant que l’Eglise n’en  reprenne le compte pour en trouver sept.

Je vous avais donné la connaissance, l’intelligence, la sagesse, la force et tous les moyens  pour percer les secrets de l’univers afin d’en faire la « maison commune » de tous ses habitants mais vous n’avez su que saigner la terre et la voler aux premiers occupants.

Je vous avais donné un cœur pour considérer l’autre humain comme un frère et vous avez inventé le gourdin et les missiles à longue portée pour lui adresser vos sentiments les plus chaleureux.

Je vous avais donné surtout la liberté pour que vous vous sentiez, « à mon image et à ma ressemblance », responsables de vos actes et que vous vous attachiez volontairement à ce divin projet. Je ne voulais en rien vous obliger. Ai-je bien fait de vous respecter à ce point ?

Je vous avais donné les mots pour dire le vrai et vous avez propagé le faux. La parole est devenue votre guillotine préférée. Elle fonctionne à plein régime et en surmultiplié.

En fait, j’avais cru qu’en suivant mes conseils vous auriez dégagé la route, préparé le temps et le moment où je vous aurais fait passer le gué de la mort en vous tenant la main pour vous conduire en éternité, vous et toute la création, enfin prêts pour ce dernier passage par l’eau. Mais vous avez refusé que je vous accompagne dans votre marche tâtonnante vers l’Humanité. Vous avez voulu vous en sortir tout seuls et malgré tous vos déguisements, vous n’êtes plus que des morts-vivants, marchant vers un mur en esquissant les pas de la danse macabre.

Mais, ni vous ni Moi ne sommes totalement coupables de ce désastre. Le Diviseur à double face, l’Anti-Christ, qui a accaparé une large part de mon souffle divin pour tromper s’est glissé entre vous et Moi. Il en est toujours ainsi : le trop-plein d’amour suscite, malgré lui, la jalousie assassine.

Alors, fidèle à moi-même, je vous ai envoyé mon Fils. Dès le commencement, Il avait bu mon Esprit jusqu’à le mêler à son sang. Il avait mangé ma Parole jusqu’à ce qu’elle prenne son corps. Il est venu, vous l’avez tué mais vous ne lui avez pas volé ma vie. Il vous l’avait déjà offerte et Il vous la transmet encore à profusion avec le pardon.

Et depuis le premier Noël, l’humanité et le monde ont retrouvé leur haleine divine au point que la loi de la mort et les méfaits du péché, eux-mêmes, peuvent concourir à rattraper l’avenir. Tous les brins d’amour comme toutes les larmes qui tissent votre quotidien et qui étaient voués au non-sens final résisteront à l’anéantissement et germeront en fleurs d’éternité. Ainsi l’abîme qui s’ouvrait devant vous devient tremplin  pour le salut.

La mort peut ricaner dans son coin ; elle n’empêchera plus la vie de faire résonner les rires de l’enfant ni l’espérance de sourire au vieillard . Le mur barre toujours l’impasse mais il est devenu paroi de verre  comme le sont les yeux du bébé de la crèche qui laissent transparaître ma joie. Car, figurez vous, cette fois ci, j’y crois encore et plus que jamais. Alors, bon Noël et belle année pour vous ».

12 décembre 2017

Noël pour le rockeur.



En plagiant St Paul s’adressant aux grecs sur l’aréopage d’Athènes, je déclare : « Français vous êtes les plus religieux des hommes! ». Qu’avons-nous entendu pendant presque une demi-semaine ? Des torrents de commentaires charriant tout un lexique religieux, d’habitude soigneusement banni des medias nationaux, exhumé de nos panthéons désaffectés. On invoquait le « dieu vivant », « l’idole du peuple », on promettait une « éternité » de souvenirs, le « ciel des musiciens » pouvait s’ouvrir. Le dithyrambe accumulait les superlatifs et malheur au païen qui se tenait un tant soit peu en retrait de cet élan ébouriffé de mysticisme. L’idole en question arborait une fausse croix d’archevêque et nul adorateur de la laïcité chatouilleuse ne lui demandait de la « flouter » sur les plateaux de notre télévision publique pour l’occasion totalement déchaînée! Certains de ses fidèles nous faisaient entrer dans l’intimité de leur oratoire et exposaient leurs reliques à la dévotion des caméras. Seule la déesse publicité était épargnée et tirait son épingle du jeu. Son temps d’antenne n’était pas avalé. Claude Lelouch remarquait : « Si le public s’est jeté sur lui, c’est qu’il y a, chez lui, quelque chose de divin ». Ce qui est somme toute rassurant pour tous ceux qui prétendent être eux aussi des enfants de Dieu ! Enfin, apothéose finale, la procession liturgique  avec ses cérémoniaires et ses thuriféraires conduisait Johnny, redevenu un homme, au séjour élyséen du champ des âmes.

La nation, s’ébrouant comme à la sortie d’un bain de jouvence, se ressaisissait pourtant, le temps d’offrir à l’académicien Jean d’Ormesson une célébration Républicaine dans la « belle langue » et l’élégance du style.

Mais la démonstration était faite: l’homme du 21ème siècle comme celui de la grotte de Lascaux  ne peut se passer de Dieu. « L’homme est une machine à faire des dieux » nous a-t-on dit. Nous l’avons vérifié et nous pouvons remercier le chanteur. Nous avons passé un siècle à vider le ciel d’un Dieu qui nous voulait à son image. Nous nous dépêchons de le remplir de nos idoles que nous façonnons à notre ressemblance.

L’idole des jeunes imposait sa présence sur les scènes du monde et quelle présence ! Voici que des anges musiciens  nous annoncent  la venue discrète et ignorée d’un Enfant dans le sous-sol de notre galerie marchande. Johnny reconnaîtra-t-il dans les yeux de cet Enfant le visage tuméfié de Celui qui pendait sur sa croix pectorale, victime consentante de tous les excès du monde ? Je le souhaite. Je prie pour lui, d’autant plus qu’il était né, comme moi, en 43… une très bonne année !!

24 novembre 2017

Christ Roi ?



« Parle, commande, règne, nous sommes tous à Toi ! Jésus étends ton règne, de l’univers sois Roi… » Tel était le refrain du cantique que nous chantions dans mon enfance et que nous martelions avec un ton martial et presque impérial !  L’Église était encore douloureusement marquée par les évènements qui aboutirent aux expulsions des congrégations et à la séparation des Églises et de l’État. L’affirmation de la souveraineté du Christ et de son « Vicaire » (le Pape) essayait alors de compenser  en paroles ce qui avait été vécu comme un affront humiliant et parfois comme un retour de la persécution.


L’expression « Royaume de Dieu » ou « des cieux » remonte aux écrits de la première Alliance. Désespérés de ne jamais voir le royaume de David ou de Salomon refaire surface, affligés par les occupations successives de Jérusalem, les sages d’Israël avaient fini par reporter son avènement à la fin des temps quand Dieu serait Lui-même le Roi incontesté du monde après avoir vaincu tous ses ennemis. L’espérance de l’Église s’est inscrite dans cette perspective en « démilitairalisant » pour ainsi dire l’établissement de ce Royaume. Jésus lui-même ne l’avait-il pas promis aux doux et aux pauvres ?


Mais au cours de sa longue histoire L’Église s’est trouvée dans la nécessité de devoir remplacer le pouvoir civil et il lui est arrivé bien souvent de prendre goût à ce pouvoir. On a vu des évêques fortifier des cités, faire justice, punir les coupables, commander des troupes. Ce sentiment de représenter un certain pouvoir est resté longtemps vivace. Il hante encore l’analyse de nos statistiques et l’estimation de l’influence de L’Église sur la société. Pourtant depuis les écrits des Pères de L’Église et jusqu’à ceux des Papes contemporains, il a toujours été bien spécifié que notre seul pouvoir était de servir. Mais la tentation est toujours là de vouloir servir en s’imposant !


Aujourd’hui, l’hymne  de l’office du Christ Roi résonne d’une tout autre tonalité : « Qu’il soit béni, qu’il vienne le Roi Notre Seigneur ! Il donne aux misérables la paix du bon pasteur ! Il est doux, Il est humble. Son joug sera léger ! C’est Lui qui nous mène jusqu’à la liberté ! »


04 novembre 2017

Quand l’hommage aux morts engendre des vivants.





C’était l’une des dernières fêtes de village du canton. De ces fêtes sans prétention et sans tapage publicitaire qui réunissent presque dans l’intimité, à l’abri des importuns, les habitants de ces fermes éparpillées entre Béarn et Soule, dans le seul but de se rappeler que la vie en communauté organisée marque le  passage de la horde sauvage à la société humaine.


La messe achevée, une douzaine d’adolescents entourent Monsieur le Maire, forment une sorte de haie d’honneur autour du monument aux morts et après le dépôt de la gerbe rituelle prononcent, chacun à leur tour, les noms inscrits sur le marbre. « Mort pour la France ! » - (et peut-être à 20 ans à peine, pour que nous puissions aujourd’hui nous réjouir dans la paix…) Minute de silence, Marseillaise, et les jeunes tout empreints du sérieux requis par cette liturgie républicaine, regagnent l’assemblée.


Et c’est alors que je me suis surpris à penser à tous ces enfants de France qui ne connaissent de la République qu’une scolarité chaotique et sans avenir, une défiance instinctive vis-à-vis de toute autorité quand ce n’est pas un affrontement recherché avec les  forces de sécurité suivi de quelques passages devant la justice qui ne sait quoi leur proposer. Adeptes inconscients d’une ignorance généralisée de l’histoire et de la finalité des grandes institutions du pays et absents résolus de tous les rendez-vous citoyens, allez donc leur parler des valeurs de la République ou de la démocratie !


Les jeunes adolescents d’Angous qui, espérons-le, renouvèleront encore ce geste, se souviendront un jour de leur timide « appel aux morts » et de leur participation à l’histoire de leur village et de leur pays. Accepteront-ils de prendre la relève de leurs parents qu’ils ont vu se dévouer durant la journée au service de la communauté villageoise ? Se rappelleront-ils que le célébrant, après avoir commenté le fameux « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », leur a dit : « L’avenir de la société sera un jour entre vos mains. Ne faites jamais de César un Dieu ; ne faites jamais de votre Dieu un César. » ?




20 octobre 2017

« La foi qui reste… »



Après nous avoir fait réfléchir sur les grands changements qui affectent la société actuelle grâce à la publication de nombreux ouvrages de référence, Jean Claude Guillebaud nous invite à entrer dans son propre univers. Dans « Comment je suis redevenu chrétien », paru en 2008, il nous avait fait part de son itinéraire de croyant. C’était celui de tous ces jeunes intellectuels qui s’étaient éloignés de la Foi de leur enfance. Elle leur était apparue comme insignifiante, vieillie et totalement décalée par rapport aux enjeux  inédits que posait l’histoire contemporaine. Mais c’était sans compter sur l’honnêteté intellectuelle de celui qui, pas à pas, se laissait interroger par la persistance du fait religieux que l’on ne pouvait pas réduire à des phantasmes pré scientifiques et par la nouveauté que la rupture  du Christianisme introduisait dans l’histoire des religions et des civilisations. De proche en proche, la démarche de la raison atteignait le seuil de la Foi.

Aujourd’hui, le « redevenu chrétien » s’interroge. Dans son dernier ouvrage « La foi qui reste (1)», il se demande comment celle-ci peut encore subsister.  Ignorée et souvent vilipendée par la majorité des « bien-pensants » actuels, l’Eglise, qui est chargée de la transmettre, est accusée de tous les péchés du monde et prête souvent le flanc aux critiques pour son manque de cohérence avec l’Evangile dont elle se veut pourtant le héraut. Il faut croire que la transmission de la Foi qui emprunte parfois des voies inédites mais toujours imparfaites n’est pas notre seule affaire. Il y a 50 ans, déjà, le pape Paul VI, dans une encyclique célèbre, faisait remarquer que l’Esprit Saint était le premier et principal agent de la mission.

Notre vieille histoire peut rallumer  notre espérance. Nos ancêtres dans la Foi que sont les prophètes d’Israël avaient déjà expérimenté que tant qu’un « petit reste » du peuple des croyants subsistait, rien n’était perdu. La Foi persiste, affirme Guillebaud, parce qu’elle repose sur une expérience qui résiste à tout et qui recommence chaque matin : « une promesse de l’aube, une joie, une confiance, une route ardue aussi… »

(1) ed l’iconoclaste

15 septembre 2017

A la manière d’Isaïe, 6…


J’étais assis avec Bernard, un autre « Ancien des Jours », devant l’autel du temple qui nous avait vus, allongés sur la pierre, il y a cinquante ans, offrant nos jeunes vies au Seigneur Tout Puissant. Les chérubins tournoyaient, flammes à la main ; les séraphins voletaient dans leurs robes de lin ; l’encens montait à l’assaut des voûtes célestes ; le Grand- Prêtre suivait, vêtu de l’éphod étincelant, appuyé sur sa crosse dorée. La puissante corne de bélier résonnait sous les doigts de l’organiste chevronné.

Je regardais vers les hauteurs. Tout à coup, je vis descendant d’un chapiteau du transept comme une Voix. Elle avait figure humaine, ses yeux étaient des charbons ardents, sa traîne emplissait les airs. Elle avait deux ailes sur les côtés et deux autres sur le dos. Effrayée, elle criait un chiffre : « Vingt-cinq, vingt-cinq, vingt-cinq ! ».  Les voûtes craquèrent, les montants des portes vibrèrent, le sol trembla. Dans l’épouvante, je fermais les yeux. Elle se rapprocha de moi et je fus atterré. Elle hurla à mon oreille : « Si tu avais le pouvoir de soustraire de tes cinquante ans de sacerdoce, toutes les paroles superflues, les conversations creuses, les pensées sans intérêt, les rêveries vaporeuses, toutes les ruminations acides, les rancœurs recuites, les prières vides, bref tout le temps perdu , tu aurais encore vingt-cinq années à vivre devant toi ! »

« Malheur à moi, je suis un homme aux lèvres impures » pensais-je ! Accablé par cette évidente révélation, je me disais : « Que ferais-je de ce bienfaisant sursis, s’il m’était accordé ?  Je commencerais par rendre grâces pour tous les bienfaits reçus sans aucun mérite de ma part. Pour cela, je goûterais, chaque jour, l’un des 150 psaumes jusqu’à ce qu’il incruste mon cœur . Je demanderais pardon pour l’insondable légèreté des occupations que je me suis données et je relirais jusqu’à l’accablement le chapitre 34 d’Ezéchiel réservé aux mauvais bergers. Je mettrais au plus vite en application tout ce que j’ai enseigné aux autres et que j’ai moi-même négligé…

En fait, je ne ferais rien de tout cela. Je ne « ferais » plus… j’essaierais d’ÊTRE. »

Quand j’ouvris les yeux, la voix à la forme humaine avait disparu ; elle avait regagné les hauteurs célestes. Le Grand Prêtre s’approchait du bassin pour faire ses ablutions. Il purifiait les coupes et les plats du sacrifice. Les chérubins et les séraphins entonnaient des hymnes et des  cantiques : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur ! » La foule du parvis s’étonnait et cherchait à comprendre le chiffre entendu. A mes pieds, je trouvais un rouleau. Je le déployais et je lus : « Fils d’homme, tu n’as plus aucun pouvoir. Je te donne cependant une occasion supplémentaire de te racheter. Envoie tes serviteurs sur les routes et les chemins. Invite tes proches et tes amis et ceux qui le souhaitent et viens fêter les trente ans du Service de la Formation Permanente des Chrétiens du Béarn et Benoît ton successeur, le 7 octobre en l’église St Pierre de Pau ».

On pouvait lire en note : «  Je te promets de pas perturber le sacrifice d’action de grâces car ce temple palois ne possède pas de colonnes sur lesquelles je puisse me percher. Et toi, les yeux levés vers la verrière du puits de lumière qui inonde l’autel, tu répéteras avec tes amis rassemblés :
pour ces 50 années, Merci ! »



09 juillet 2017

Humble



Le mot « humilité » a été employé à plusieurs reprises ces temps-ci. « Je servirai dans l’humilité » ont déclaré en substance, le Président de la République et le Premier Ministre. Et même « avec amour » avait ajouté le premier élu de la Nation !
Il y a les mots, il y a les images. Cette humilité proclamée s’est assez vite affichée dans les galeries de Versailles  et faufilée sous les ors de La République. Le Chef de l’État savait bien qu’aux yeux de beaucoup de ses concitoyens, sa fonction de devait pas se départir d’une certaine solennité et d’un prestigieux décorum.
Imagine-t-on, un Président, le soir de son élection déambuler dans les rues de la Capitale  sur le dos d’un ânon ? Les plus fervents partisans de la proximité avec le peuple crieraient, aussitôt, au ridicule ou au populisme déplacé.

Jésus de Nazareth, Lui, n’hésite pas à enfourcher le canasson du pauvre alors que l’animal noble, la bête de combat, attelé aux chars de guerre était le cheval. Il réalisait, en fait, le rêve du prophète Zacharie qui espérait l’avènement d’un prince de paix capable d’ouvrir les portes du Royaume de Dieu.

N’en déplaise aux nouveaux représentants de la Nation, cette annonce officielle de l’humilité placée au faîte du pouvoir n’a pas changé pour autant les habitudes du « vieux monde politique » qu’ils voudraient nous faire oublier. Leurs collègues issus des anciennes formations, rescapés du déluge électoral et de nouveau échoués sur les travées du Palais Bourbon, on vite repris leurs fâcheuses manières.
N’a-t-on pas remarqué, pendant le discours du Premier Ministre, ces députés consultant leurs messages ou tripotant leurs téléphones pendant que d’autres bavardaient ostensiblement, gesticulaient à la moindre contrariété ou, pire, vociféraient leur mécontentement. Comment demander à de jeunes élèves de respecter la parole de leur professeur ou de leur camarade, d’éteindre leur portable dans l’enceinte scolaire quand certains députés s’agitent comme des potaches énervés au moment où l’on envisage, entre autres, une réforme du système scolaire ?

 L’humble service de la Nation requiert d’abord le respect de l’autre et celui-ci exige un minimum de retenue sinon de tenue.

Certes, nous ne demandons pas  aux responsables politiques de rejoindre l’Assemblée à dos d’âne et d’avancer vers le supplice et la mort infligés malgré les vivats de leurs supporters. Mais pour le moins qu’ils ne nous offrent pas le spectacle affligeant de ces bavards impénitents, allergiques à tout autre discours que le leur.

 L’humble service commence par le respect de l’autre, encore faut-il avoir des motivations sérieuses pour le faire. Si l’autre n’est qu’un autre moi-même parmi une multitude de clones, je n’ai aucune raison  de m’effacer pour le laisser passer ou de me taire pour l’écouter. Si je considère l’autre comme « à l’image et la ressemblance » de Dieu Lui-même, alors mon humble service prend tout son sens. Il s’agit d’aider un frère à répondre du mieux possible à cette vocation divine inscrite en lui-même. Comment y parvenir si ce n’est en lui montrant qu’il vaut plus que ce qu’il croit être ou ce qu’il paraît ? Ces remarques sans prétention à l’adresse de certains hommes politiques voudraient procéder de ce simple désir de les croire plus grands que leur apparence. Quant aux nouveaux venus dans l’hémicycle, ils devraient s’en souvenir avant que les vieux démons ne viennent leur souffler que l’impolitesse et la vulgarité sont le gage de la popularité.

Chez moi le petit âne s’appelait le « ministre », le serviteur. Vous voyez bien qu’il y avait un lien entre l’âne de Zacharie et les gouvernants de tout poil !!





20 juin 2017

Elles s’en vont…


La rumeur a laissé place à l’annonce officielle : « Les sœurs de Navarrenx s’en vont ! ». Elles étaient établies depuis des lustres dans la cité des remparts. Les « Servantes de Marie » et les « Filles de la Croix » avaient essaimé dans tous les cantons du Béarn et du Pays Basque s’occupant autrefois des ouvroirs pour jeunes filles, des hospices pour vieux, hier des écoles et aujourd’hui des paroisses.

« C’est maintenant que l’on va se rendre compte de tout ce qu’elles faisaient ! ». Aussi actives que discrètes, elles étaient partout, comme ces abeilles passant d’une fleur à une autre en les frôlant légèrement, sans peser, sans s’installer :Visites des malades, préparation d’obsèques, inhumations, animations liturgiques, catéchèse, orgue, accueil des pèlerins, chapelet… Parce qu’elles étaient femmes, parce qu’elles étaient « les sœurs », combien de confidences ont-elles entendues, jaillies du cœur de mères et d’épouses et qui ne parviendraient jamais aux oreilles des curés avec lesquels elles ont collaboré, parce qu’ils étaient hommes et, peut-être, « parce qu’on ne dit pas ces choses là à un prêtre ».

Certes, elles ne consacraient pas le pain de l’autel mais elles avaient froissé et pétri les grains de cette pâte humaine et récolté à pleines mains toutes ces gerbes qu’elles avaient liées en une même offrande. Certes, elles n’élevaient pas la « coupe du salut » mais elles la remplissaient des larmes amères et des éclats de joie qu’elles recevaient dans leur calice de prière. Elles exerçaient le ministère du quotidien, de ce qu’en liturgie on appelle la « férie », ce qui n’est pas solennel, ce qui ne rutile pas, ce que l’on ne remarque pas.

« Tout ce qu’elles faisaient » ne dira jamais « tout ce qu’elles étaient ». Thérèse et Marie-Julie étaient avant tout «présence». Elles étaient tout simplement là, vigiles attentives à tous les besoins et à tous ces détails qui deviennent indispensables lorsqu’ils font défaut. Elles étaient là, aussi, « sentinelles de l’Invisible », comme cette petite flamme rouge, signal de « Celui qui est là » et qui nous attend. Bénies soyez-vous, ainsi que votre compagne Mayie et toutes vos sœurs !




02 juin 2017

« Du feu de Dieu ! »




L’Esprit Saint est le visage de Dieu le plus méconnu et pour cause. Autant le Père et le Fils se laissent caractériser (du moins le croyons-nous) dans nos catégories humaines, autant l’Esprit multiforme, empruntant la légèreté et la mobilité du souffle et du vent, nous échappe et nous file entre les mots. Hormis son coup d’éclat flamboyant lors de la Pentecôte, son efficacité se fait aussi discrète qu’indispensable. L’évangile de St Jean qui réduit l’évènement au seul fait que Jésus avant de les envoyer « souffle » sur les Apôtres, tend à confirmer cette présence à peine perceptible. N’est-ce pas là notre expérience quotidienne ? Pensons-nous à l’air que nous respirons à chacune de nos inspirations ?

Et pourtant, que seraient devenues l’histoire du salut et celle de l’Eglise sans cette action première et souterraine de la troisième personne de la Trinité ? Lorsque nous nous penchons sur l’origine et l’institution de l’Eglise, nous ne pouvons que rester dubitatifs  sur la solidité de sa constitution. Quant aux multiples péripéties scabreuses de son long parcours, elles auraient dû précipiter sa fin plutôt que son maintien durant  des siècles. Je me souviens encore d’un de mes professeurs inspiré de sociologie, dans les années 70, qui prédisait l’inutilité de l’Eglise à brève échéance, étant donné l’éclat de la lumière des sciences humaines qui allait rendre caducs tous les obscurantismes moyenâgeux. Par ailleurs, nous pouvons constater que  les déficiences du clergé, le manque de crédibilité des fidèles, l’accumulation des scandales n’ont pas encore tari les demandes d’admission  à la famille des chrétiens. Il faut croire que depuis des siècles, un agent efficace double le travail missionnaire des disciples et que la conversion dépasse la simple adhésion à une organisation  plutôt bancale.

Et à ceux qui insisteraient encore en me disant que les chrétiens sont de plus en plus marginalisés dans notre société, et que le Christ lui-même se posait la question de savoir s’il trouverait « encore la Foi sur la terre », je répondrais : « Combien étaient-ils aux jours décisifs du salut au pied de la Croix et près du tombeau ? » Nous ne sommes jamais à l’abri d’une Pentecôte…






13 mai 2017

Silence


Cette élection présidentielle nous a valu un tel déluge de mots, une telle marée de phrases enchevêtrées, échouées sur les plages de nos cerveaux, que le chroniqueur pris d’un  irrésistible besoin de silence, a failli rendre copie blanche. Encore eut-il fallu envoyer quelques mots d’explication au rédacteur en chef. Paradoxe absolu : nous en sommes réduits à devoir parler du silence et à ajouter des mots aux mots ! Ces ritournelles sur la démocratie déniée, bafouée par les adversaires mais restaurée désormais par le génie du ou de la candidat(e) au suffrage ; ces éloges de ce « grand pays qui est le nôtre » quand on veut toucher la fibre patriotique mais que l’on traite de « ce pays » lorsque l’on dénonce son inertie ; ces raccourcis ravageurs qui clouent au pilori de la formule assassine toute velléité d’appel à un renouveau ; ces trémolos sur le soin que l’on mettra à s’occuper du pauvre et de l’oublié ; tout cela aurait dû, aussitôt, échouer dans notre « corbeille » pour ne plus jamais quitter le tréfonds des illusions fanées.

Mais pourquoi donc continuons-nous malgré toutes nos déconvenues, à nous laisser emporter par cette diarrhée verbale ? Pourquoi restons-nous à l’affût de la parole qui fera tout basculer et qui entrera dans l’histoire ? Pourquoi irons-nous de notre commentaire comme si tous les autres ne suffisaient pas ? 


Peut-être parce que l’homme pressent que sa parole n’est pas une simple sélection de signes conventionnels destinés à communiquer, mais que parler l’engage. Et c’est pourquoi le silence est nécessaire pour que la parole puisse peser  son poids de vérité.




Il y a deux silences : celui de la fin de la phrase et celui du commencement. A l’image du récit biblique où la Parole créatrice n’intervient qu’au second verset, l’orchestre ne débute la symphonie qu’après le court instant où le chef suspend sa baguette avant de déclencher le mouvement. Le commencement de toute germination éclot du silence de la terre. Il y a, aussi, le silence final, celui qui laisse parler le geste, le regard, l’étreinte, la présence éprouvée.« Il est préférable de rester silencieux et d’être, que de parler et de n’être pas » disait déjà St Ignace d’Antioche.

Le silence, grande cause nationale!



21 avril 2017

Pour des temps incertains



On travaille, on s’agite, on voyage, on gagne sa vie, on fait des projets, on procrée, et on meurt. Ainsi va le cycle du temps court à visibilité réduite…
Et pendant ce même temps, les catastrophes s’accumulent, les guerres violent et tuent, les bombes éclatent, la nature s’épuise. C’est le rythme du temps long, celui d’une Histoire qui paraît sans avenir…
Certains élèvent des digues de protections en tout genre pour contenir la furie des eaux. D’autres construisent des bateaux remplis de leurs suffisances pour surnager. Rien n’y fait… Les murs, un jour ou l’autre, s’effondrent ; les esquifs comme les vaisseaux font naufrage. D’autres encore, se réfugient dans la parole et le commentaire. Ils cherchent les coupables. Ils accusent les autres et d’abord Dieu.
Enfin, il y a ceux et celles, qui dans le déchaînement des éléments, attendent et veillent. Qu’ils soient sur la digue ou sur le bateau, ils ne perdent jamais de vue l’horizon et usent leurs yeux à trouer les ténèbres.


Ils vivent comme s’ils voyaient l’invisible. Sur les branches noires et nues qui sortent des eaux, ils perçoivent de petites boursoufflures prometteuses de verdure. « Voyez le figuier ; quand vous voyez poindre les bourgeons ne dites vous pas que l’été approche ? ». Au milieu des vols lugubres des corbeaux qui croassent à la mort, ils distinguent la frêle colombe portant dans son bec le printemps d’un monde nouveau.
Qui aura raison ?
Celui qui se réfugie dans la cale remplie et compte ses réserves ?
Celui qui élève les murs et se cache derrière eux ?
Celui qui accuse Dieu et ses frères ?
N’est ce pas plutôt celui qui se tient sur le pont du navire et qui reste éveillé pour être prêt à accueillir Celui qui vient en marchant sur les eaux.
Tout semblait perdu pour les Apôtres ballotés dans la tempête du lac ; le tombeau était définitivement scellé pour les témoins de sa mort ; seules quelques femmes veillaient… Elles étaient prêtes à accueillir ce jeune homme vêtu de blanc qui leur dit : « N’ayez pas peur ! C’est moi ! »
C’est tous les jours, pour chacun de nous, que sonne l’heure du rendez-vous avec le Jardinier du matin de Pâques. C’est tous les jours que sa parole vient à nous comme une lampe qui brille dans notre obscurité !


01 avril 2017

Une vallée de larmes

Tous les soirs l’office des complies s’achève par le Salve Regina qui nous rappelle les pleurs et les gémissements de cette « vallée de larmes » dans laquelle nous sommes plongés et sur laquelle nous espérons un regard miséricordieux de la Vierge Marie. Vision manichéenne du monde ? Peut-être ! Mais lorsqu’on nous annonce la famine possible de plus d’un million d’enfants en Afrique et que l’on nous montre en même temps les prouesses d’un drone chargé de faire courir les tigres d’une réserve afin qu’ils perdent du poids, on se demande dans quel monde on vit ! Est-il inscrit de toute éternité que l’avancée du progrès ne peut s’effectuer que sur les débris et les déchets d’une grande partie de l’ humanité ? Tout se passe comme si le malheur de la multitude innombrable de ces frères humains affamés, massacrés, laissés pour compte, marginalisés soit compté comme nécessaire à la marche de l’histoire ? Et si l’on veut bien ne pas confondre bien-être et bonheur et prendre en considération la chape de souffrance qui plombe toute l’humanité, riche ou pauvre, depuis la nuit des temps, alors cette vallée de larmes déborde de toutes parts. Certes, nous avons connu, ces derniers siècles, des progrès stupéfiants qui ont contribué à une élévation mondiale du niveau de vie ou du moins de l’âge de la survie, mais comment casser et renverser ce qui ressemble à un destin inexorable ?


C’est la mission que le Père a donnée au Christ. Jésus a épousé dans sa chair notre condition  et plus spécialement celle des pauvres et des malheureux. Il s’est, ensuite, attaché à soulager les misères physiques et morales de tous. Mais son « génie » a consisté à faire de la souffrance et de la mort elles -mêmes, (et les siennes en premier), les instruments d’un bonheur qui prend le nom de salut. Ainsi, cette vallée de larmes planétaire ne sera plus le dépotoir de nos erreurs et de nos péchés mais la cuve baptismale d’une humanité revivifiée et sauvée par ce qui faisait sa malédiction. Les saints s’agenouillaient devant les pauvres car ils reconnaissaient en eux les plus beaux sacrements du Christ, on comprend pourquoi.

Le carême nous demande par le jeûne, l’aumône et la prière de participer à notre mesure à cette œuvre divine.



11 février 2017

Mère




   Nous fêterons demain Notre Dame de Lourdes. Nous sommes nombreux à aller de temps en temps déposer au creux de la grotte le quotidien de notre existence, comme si d’instinct nous savions qu’au travers de cette figure hiératique de Marie dominant la caverne, se cachait d’abord une mère aimante et attentive. A travers le récit de la naissance de Jésus, nous devinons que Marie a dû partager, comme toutes les mamans, ces moments de joyeux préparatifs mais aussi cette sourde inquiétude qui précédent l’accouchement. Puis, comme nombre de mères, elle a assuré et assumé tous les détails de la vie familiale qui permettent le bien-être et la croissance de cette petite alvéole d’humanité. Et ce sont ces actes quotidiens infiniment répétés, ces paroles rassurantes et apaisantes d’une maman qui s’incrustent dans notre mémoire et qui imprègnent toutes les fibres de notre être. 

Mais ce qui compte peut-être le plus dans la vie d’une mère, ce sont ces silences qui laissent parler les yeux et le regard. C’est le cas de la jeune maman qui, sur son lit de maternité, reste de longs moments les yeux fixés sur son enfant, examinant le moindre détail de son visage, le dévorant du regard et rêvant déjà à ce qu’il sera lorsqu’il aura grandi. Alors que les bergers s’agitaient, allaient en hâte vers Bethléem, racontaient et annonçaient tout ce qu’ils avaient vu et entendu, repartaient en glorifiant Dieu, Marie, elle, « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ».


Nous connaissons des personnes qui, comme les bergers, s’affairent sans cesse, parlent sans arrêter, affirment sans vérifier, répètent à la légère et évitent ainsi la morsure du silence. Ne cherchons pas à les identifier, chacun de nous leur ressemble. 


Une maman sait se taire, écouter, méditer. Elle cherche à comprendre ce qui est dit sous les mots et c’est pour cela qu’il lui arrive de ne plus avoir besoin de paroles  pour communiquer avec ses enfants.
Ce qui est vrai d’une mère, l’est de chacun de nous.


Notre parole n’a de poids que si elle est trempée dans le silence de la réflexion. Il en est de même pour la prière. Dieu notre Père n’a que faire d’une prière trop bavarde, répétitive et impérative. Il aime celle qui se nourrit de sa contemplation et de la rumination de son Évangile.

03 février 2017

Rêve d'un vieux qui n'a rien compris...

Nous sommes sortis d'une première campagne électorale qui a permis aux candidats au suffrage universel de déverser sur les antennes les recettes qu’ils préconisent pour améliorer la vie des français. Et chacun de sortir de son chapeau, l’idée qui, dans tous les domaines de la vie publique, sera retenue et surtout apportera quelques voix supplémentaires dans l’urne. Ainsi, il est devenu indispensable pour chaque prétendant à la magistrature suprême de publier un catalogue détaillé et chiffré de mesures économiques et sociales qui souvent nourrit le débat entre les concurrents et qui essaie surtout de flatter telle ou telle catégorie d’électeurs. Le tout est ficelé par un ruban d’intentions générales qui placent l’auteur du programme sur le podium du meilleur compétiteur possible.

Au terme de cette sélection de projets et de postures qui, par la grâce des meilleurs communicants, s'apparente parfois à celle de Miss France, nous serons sommés de choisir le chef de l’État. J'avoue avoir du mal à m'identifier de près ou de loin à l'un ou l'autre des concurrents jusqu'ici présentés. Or cette question d'identification est primordiale. Pour qu'un candidat soit en mesure d'endosser la mission de Chef de l’État, il est nécessaire, qu'une majorité de Français puisse se reconnaître en lui, au-delà de ses propositions concrètes concernant la vie quotidienne de ses compatriotes et de son appartenance à un parti politique. Que devant un étranger, aucun Français quelles que soient ses options politiques, n'ait à rougir à l'évocation de la personne de son Président, paraît être un minimum requis, compte tenu, cependant , que nul n'est parfait.

Pour l'instant, je ne parviens pas, en ce qui me concerne, à réaliser cette alchimie entre l'idée que je me suis forgée de cette haute fonction et les prétendants que j'ai vu défiler sur les écrans? Je suis certainement trop vieux et trop ambitieux pour mon pays...

J'aurais aimé, à l'issue des débats minutieusement ordonnés et chronométrés, me sentir soulevé par le souffle d’un projet transcendant tous les intérêts particuliers, entraîné vers la recherche d’une qualité de vie commune et mobilisé pour une action à long terme. J'aurais aimé être invité à écrire une nouvelle page de l'Histoire de notre pays guidé par un visionnaire.

Ce n'est malheureusement pas le cas ! Pour le moment, on m'invite à comparer des pourcentages, à aligner des divisions ou à danser sur le vide…

Bien sûr, « l'intendance » est de première importance et nul responsable ne saurait la négliger. Mais par rapport à bien d'autres contrées du monde, la France est un pays riche. Comment se fait-il, alors, qu'elle abrite tant de pauvres et de laissés pour compte ? Il n'est pas tolérable que les inégalités s'accroissent. Mais pour que les mesures drastiques qui s'imposent puissent être acceptées largement, encore faut-il qu'elles soient portées par un projet de société qui concerne tous les citoyens. Or nous naviguons entre propositions d'ajustements comptables et utopies irréalistes.

Certes, il faut des utopies ! Mais elles doivent être ancrées dans la vie réelle du plus grand nombre, s'appuyer sur des hommes crédibles et sur des expériences qui ont fait leurs preuves.

Si on voulait bien examiner de près toutes les mini réalisations que mettent en place les associations de producteurs ou de consommateurs, largement facilitées par la toile infinie de l'internet, étudier les ressorts qu'elles mettent en action, les englober dans une stratégie plus vaste en les confrontant à une réflexion aussi féconde que celle proposée par le Pape François dans « Laudato Si » afin que chacun trouve sa place dans la maison commune de cette terre, ne pourrait-on pas retrouver le souffle qui emporterait l'adhésion d'une majorité?
L'histoire de notre pays fourmille d'exemples, en particulier dans le monde des campagnes, où des hommes réfléchis, solidaires et tenaces ont relevé des défis apparemment insurmontables. Nous ne pouvons pas trahir cet héritage. La géographie de notre belle France nous offre le modèle unique de l'harmonie dans la diversité. Nous ne devons pas enlaidir cette beauté et négliger cette leçon. La tradition vivante de nos coutumes, de nos particularités culturelles, de notre fonds chrétien et de notre devise républicaine nous donnent des références qui peuvent nous servir de balises dans la houle des temps nouveaux. Nous ne pouvons pas les passer par dessus bord sous prétexte qu'elles limitent nos egos démesurés car la limite est garante de la liberté.

10 janvier 2017

On a tiré les rois... !





  L’histoire de l’Épiphanie a des allures d’un joli conte d’autant plus que la tradition a brodé sur quelques détails en assimilant les mages aux rois déjà connus par le psaume 72 et en leur donnant des noms et des couleurs pour signifier la portée universelle de l’évènement. Matthieu n’écrit pas pour faire rêver les enfants de Palestine mais pour enseigner les adultes juifs, devenus chrétiens, et imprégnés des récits bibliques.

  Il donne d’abord une précision de lieu, Bethléem, cité de David. Le Roi-Messie que l’on attendait ne pouvait être que descendant de David. Il nous parle aussi d’une étoile. Nous savons que dans certaines cultures orientales les astres étaient considérés comme des créatures célestes et même divines. Pour les contemporains de Matthieu, une étoile prévalait sur toutes les autres : celle qui était signalée dans le livre des Nombres et que la tradition attribuerait à David, encore lui ! Il fallait donc bien comprendre que Jésus était totalement fils de son peuple et pouvait prétendre au titre de Messie attendu.

  L’Épiphanie nous parle encore de la haine meurtrière d’Hérode qui n’avait pas hésité à tuer ses propres enfants, héritiers du trône. Il est, ici, comparé au Pharaon d’Egypte qui élimina lui aussi les garçons d’Israël sauf Moïse, sauvé des eaux. Jésus ne serait-il pas le nouveau Moïse, venu enseigner une Loi nouvelle ?

  Enfin, les cadeaux. L’or est symbole de royauté mais Jésus précisera que sa royauté n’est pas de ce monde. L’encens, attribut de la divinité, mais celle du Christ sera aux antipodes de celle des idoles. La myrrhe, destinée à l’embaumement des morts annonce que ce Dieu est réellement homme  jusqu’au bout de ses limites.

  Nous sommes loin du conte enfantin et  des galettes pâtissières. Ce récit coloré nous présente, en fait, la carte d’identité de l’enfant de Bethléem : Il est à la fois le Messie fils de David, le nouveau Moïse, sauveur non seulement de son peuple mais de toute l’humanité représentée par ces voyageurs étrangers, le Fils même de Dieu.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.