L’histoire de l’Épiphanie a des allures d’un joli
conte d’autant plus que la tradition a brodé sur quelques détails en assimilant
les mages aux rois déjà connus par le psaume 72 et en leur donnant des noms et
des couleurs pour signifier la portée universelle de l’évènement. Matthieu
n’écrit pas pour faire rêver les enfants de Palestine mais pour enseigner les
adultes juifs, devenus chrétiens, et imprégnés des récits bibliques.
Il donne d’abord une précision de lieu, Bethléem,
cité de David. Le Roi-Messie que l’on attendait ne pouvait être que descendant
de David. Il nous parle aussi d’une étoile. Nous savons que dans certaines
cultures orientales les astres étaient considérés comme des créatures célestes
et même divines. Pour les contemporains de Matthieu, une étoile prévalait sur
toutes les autres : celle qui était signalée dans le livre des Nombres et
que la tradition attribuerait à David, encore lui ! Il fallait donc bien
comprendre que Jésus était totalement fils de son peuple et pouvait prétendre
au titre de Messie attendu.
L’Épiphanie nous parle encore de la haine meurtrière
d’Hérode qui n’avait pas hésité à tuer ses propres enfants, héritiers du trône.
Il est, ici, comparé au Pharaon d’Egypte qui élimina lui aussi les garçons d’Israël
sauf Moïse, sauvé des eaux. Jésus ne serait-il pas le nouveau Moïse, venu
enseigner une Loi nouvelle ?
Enfin, les
cadeaux. L’or est symbole de royauté mais Jésus précisera que sa royauté n’est
pas de ce monde. L’encens, attribut de la divinité, mais celle du Christ sera
aux antipodes de celle des idoles. La myrrhe, destinée à l’embaumement des
morts annonce que ce Dieu est réellement homme
jusqu’au bout de ses limites.
Nous sommes loin du conte enfantin et des galettes pâtissières. Ce récit coloré nous
présente, en fait, la carte d’identité de l’enfant de Bethléem : Il est à
la fois le Messie fils de David, le nouveau Moïse, sauveur non seulement de son
peuple mais de toute l’humanité représentée par ces voyageurs étrangers, le
Fils même de Dieu.
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