Par une belle matinée d’automne, réchauffée par l’haleine du foehn africain qui s’attarde sur les montagnes, nous nous installons dans notre église « habituelle », avec les fidèles « habituels », pour participer à la messe dominicale « habituelle ». La Toussaint profile ses béatitudes. Et voilà que, sans crier gare, le texte de l’évangile du jour nous percute et nous fouette : « Va, vends ce que as, donne-le aux pauvres…viens, suis-moi ». St Paul avait pourtant pris la peine de nous avertir : « Elle est vivante la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ». Et la voilà, aujourd’hui, qui fouille et fore jusqu’aux « jointures et moelles » de l’âme (Hb 4,12). Au fait, existe-t-il une messe « habituelle » ?
Les pêcheurs du lac, témoins de la réponse de Jésus à l’homme qui aspirait à la vie éternelle franchiront le pas : « Nous qui avons tout laissé pour te suivre … ». Ils recevront tout et la persécution en prime ! L’autre, reculant devant les trois V aura en partage la tristesse du monde.
Une figure s’impose : celle de François d’Assise, fils d’un riche marchand, promis à une succession confortable. Il vend tout et part sur les chemins. Il se fait le frère universel sachant que les plus pauvres partageront avec lui le gîte et le couvert.
Comme lui, nos frères moines se délestent de tout ce qu’ils ont en propre pour servir Dieu et leurs frères en communauté de biens et de vie. Mais nous n’avons pas tous vocation aux trois vœux.
Nous ne sommes ni en Judée, ni à l’époque de François, ni au couvent.
Notre vie est engluée, prise en étau dans une société asservie par la loi du marché. Ceux qui n’ont pas d’argent font tout pour en avoir ; ceux qui en ont, font tout pour le garder ! Sans carte bleue, carte vitale et caisse d’épargne, impossible d’avancer dans cette jungle!
Alors que faire ? Repartir tout tristes comme l’interlocuteur de Jésus ?
Nous pouvons pour le moins :
• Refuser de mettre l’intérêt et la rentabilité au centre de notre vie.
• Restreindre au minimum le gaspillage éhonté de notre société de consommation.
• Participer selon nos moyens aux œuvres sociales ou caritatives.
• Enfin, prier avec la Parole de Dieu, même si elle nous dérange et nous excuser de n’être pas déjà sur les talons de Jésus.
« Sainteté au rabais ! » diront certains. « La sainteté est toujours en chemin et au futur » répondront les autres.
Toussaint- Kandisky 1911 |
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