16 août 2021

Myriam


 « Tout est grâce » faisait dire Bernanos à son curé de campagne. Tout est grâce dans la vie de Myriam.


Comment cette jeune fille palestinienne a-t-elle pu assumer une telle destinée ? Certains spécialistes de la Bible pensent qu’elle a vécu son enfance à proximité du Temple de Jérusalem au sein d’une famille sacerdotale ; pensons à sa cousine Elisabeth et son époux Zacharie. Elle faisait semble-t-il partie d’un mouvement spirituel un peu marginal qui attendait une nouvelle révélation et un renouveau du culte.
Mais ces explications ne suffisent pas pour comprendre comment elle a pu être  aussi ouverte à la parole de Dieu au point d’en être fécondée et que celle-ci puisse germer en elle. Devenue l’épouse de Joseph, elle pourra enfanter celui que St Jean appellera le Verbe, la Parole même de Dieu.


Elle se souvenait peut-être d’une recommandation du prophète Isaïe qui entrevoyait la belle fécondité du peuple de Dieu et qui s’exclamait : « Crie de joie, stérile, qui n’enfantais pas ; éclate en cris de joie et d’allégresse, toi qui n’a pas connu les douleurs ; élargis l’espace de ta tente » !


Marie a élargi l’espace de sa tente à un point tel que Dieu lui-même y a trouvé sa place et sa demeure. Elle s’est décentrée  totalement d’elle-même pour ne plus faire qu’un avec le projet du Père de nous donner son Fils pour vivre parmi nous et offrir sa vie à l’humanité.


La situation familiale de Marie n’explique pas tout, d’autant que les femmes n’avaient pas accès aux fonctions qui entouraient la Parole de Dieu. Il faut croire qu’elle a bénéficié d’une grâce exceptionnelle qui lui a valu  d’être « assumée », corps et âme, par Dieu jusqu’à son assomption au ciel, ce qui lui vaut la première place parmi les croyants que l’Eglise lui a reconnue. Cette grâce était certainement le fruit d’une vie de prière intense à l’image de celle d’Anne et de Siméon, ces habitués du temple.
La vie de Marie nous rappelle qu’il y a toujours en nous la possibilité de recevoir plus que nous-mêmes. « L’homme passe infiniment l’homme » rappelait Pascal. On pense aux héros, qui placés dans des circonstances exceptionnelles, ont laissé transparaître une personnalité qu’ils ne soupçonnaient pas eux-mêmes. 


Mais dans un registre apparemment plus ordinaire, on pense aussi à la maternité et à la paternité, expérience unique où les époux se sentent emportés par un élan de vie qui les dépassent totalement et qui fait d’eux les acteurs étonnés d’un mystère qui les submerge entièrement.
Marie a été assez pauvre d’elle-même, de ses projets personnels, de ses ambitions pour laisser en elle toute la place à celui qui deviendra son fils tout en restant son Seigneur.
Sommes-nous assez détachés, assez creux de nous-mêmes pour élargir la tente de notre cœur à la présence du Christ dans notre vie ? Ceci implique d’arracher parfois les piquets sur lesquels nous avions ancré nos assurances, de tendre la toile jusqu’à la rupture. L’épreuve est douloureuse et toujours à reprendre mais c’est le prix à payer de notre propre assomption.


Avec Marie, prions pour que nos communautés soient assez ouvertes et disponibles afin que notre Père puisse engendrer encore une Eglise nouvelle à l’image de celle des premiers chrétiens…


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