04 janvier 2019

Le temps d’un an.


Chacun a reçu des souhaits à la pelle. Mais, la prudence est de mise quand il s’agit d’en préciser le temps et l’objet. Bonheur, réussite, santé sont des notions suffisamment larges pour que chacun y trouve son compte. Quant à l’année, elle peut être très longue pour le malade alité, très courte pour le professionnel affairé, et personne n’a la certitude de la terminer.

La question du temps a toujours occupé la pensée des esprits les plus éclairés.  Quand le commun des mortels s’en inquiète, il est frappé par l’inconsistance du présent : un nuage évanescent, une simple respiration entre un passé disparu et un futur qui n’existe pas encore. Mais comment parler du présent en tournant le dos au passé ou sans envisager le futur ? Impossible !

Le temps a été vécu, autrefois, comme une répétition du passé, un éternel recommencement. « Rien de nouveau sous le soleil ! ». Le temps du paysan tournait autour du cycle des saisons. La reconduction fidèle du geste ancestral assurait la validité de l’activité humaine. Mais la répétition se révélait stérile et mortifère, incapable de répondre à l’imprévu.

L’époque industrielle a remplacé le temps de la terre par celui de l’homme. Il est devenu linéaire. Il n’a plus accompagné la reproduction mais il a sonné la charge du pro : production, progrès, programmation, prospection. Il nous a projetés en avant. On a parlé au futur enchanteur. Il a fallu déchanter ! Les promesses n’ont pas tenu parole.

Aujourd’hui, le temps s’est rétréci. D’un clic nous savons, nous pouvons, nous avons. Nous parlons au présent ponctuel, instantané.

Comment donner consistance au présent ? Comment faire en sorte que le souhait ne soit pas vaine parole ? Comment convoquer le passé sans le travestir ? Peut-être en lisant notre heure sur le cadran de l’horloge de l’Eternel qui ne compte ni au passé, ni au futur mais au présent qui vaut éternité. Ainsi, recevoir des vœux, vaut plus par l’attention présente de la personne qui nous les adresse que par la promesse de leur efficacité?

Amis lecteurs, quand vous lirez ces lignes que restera-t-il des hésitations, des brouillons, des questions du rédacteur ? Rien ! Quelle lumière sur l’avenir ? Aucune ! Quelques lettres imprimées sur un écran et destinées à la corbeille ou l’éclat furtif d’un morceau d’éternité…



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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.