08 janvier 2008

Signe.
Le Concile Vatican 2 a rendu un grand service à l’Eglise de notre temps en présentant celle-ci comme un sacrement, c'est-à-dire, selon la vieille définition de nos catéchismes, comme un « signe visible et efficace ». Je repensais à cela en relisant les textes qui précédent Noël et ceux de la nativité. « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils… » disait Isaïe au roi Achaz (Is 10,14). Quand les bergers cherchent l’enfant Jésus, les anges les préviennent: « Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire » Lc 2,12.
Ainsi le salut du monde tient à la naissance d’un bébé, né au hasard d’un voyage imposé par la puissance publique. Le projet de Dieu sur le monde va même attendre une trentaine d’années que cet enfant atteigne sa maturité humaine pour que son identité divine et sa mission se manifestent à quelques uns. Signe totalement déconcertant pour les humains que nous sommes. Nous aurions trouvé mieux qu’un évènement aussi dérisoire et aléatoire en face des enjeux espérés.
Ainsi y a-t-il des jours où nous avons du mal à croire que le salut du monde est entre les mains, non plus d’un enfant, mais d’une Eglise si banalement humaine. D’ailleurs il ne manque jamais d’esprits forts et lucides pour pointer régulièrement l’inadéquation entre le but poursuivi et le moyen mis en œuvre.
C’est ici que la notion de signe est intéressante, car le signe ne se confond pas avec la réalité. De même que l’humanité du Christ ne recouvre pas la réalité de la rédemption du monde, de même l’Eglise dans sa visibilité ne se confond pas avec le salut de l’humanité.
Elle est signe, rien de plus, rien de moins. Un signe doit désigner. Il doit donc se différencier de la réalité, se tenir à distance pour montrer. Dans notre cas, l’Eglise est signe du salut divin mais elle n’est pas le Royaume. Si elle est signe d’une réalité Autre, elle ne peut pas, non plus, se confondre avec le monde où cependant elle vit. D’autre part le signe doit être lisible par les hommes auxquels elle s’adresse, sinon il ne sert à rien. Telle est la position inconfortable du chrétien. Il était averti depuis longtemps : « Vous êtes dans ce monde mais vous n’êtes pas du monde ».
Dans tous les cas, cette idée d’Eglise sacrement ou signe devrait relativiser l’amertume qui est souvent la nôtre, devant la réduction affichée du nombre des chrétiens dans notre pays, la diminution du clergé ou la perte de l’influence culturelle qui était celle de l’Eglise de notre jeunesse. Le défi à relever consiste avant tout à vivre notre spécificité de signe, tout en restant visibles et lisibles aux yeux de nos contemporains. C’est ainsi que nous pourrons évangéliser les cultures actuelles, y compris les restes de notre civilisation chrétienne, dont certains déplorent la disparition tout en s’employant à en saper les fondamentaux…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo ! Tout à fait d'accord...
En fait de signes, commençons, nous chrétiens, à donner des signes d'unité, de sagesse, de tolérance, d'amour et de pardon avec ce sacrement de réconciliation que nous avons délaissé, on dirait oublié....
Le chrétien doit donner des signes d'exemple, l'Eglise aussi !!

Anonyme a dit…

C'est fous comme vous avez les mots justes qui nous guident dans nos reflexions et recherches, vous qui, il y a peu dans la presse notiez votre inquiétude de voir par exemple le peu de relève dans le Ministère, vous donnez ici la piste, le sens et la force de chaque engagement, participer à la visibilité et à la lisibilité du Signe ! Je repense au "n'ayez pas peur"... Le temps, nos peurs, nos anxiétés et états d'âme ne sont rien... MERCI de nous aider à rechercher "les Signes par milliers"...

Anonyme a dit…

Le plus sûr moyen d'être visibles et lisibles pour les chrétiens n'est-il pas d'essayer de poser des actes concrets, et d'avoir des engagements conformes à l'enseignement du Christ, malgré toutes nos limites humaines ? Nous évangéliserons plus de cette manière-là que par n'importe quelle autre.....

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.