24 décembre 2019

Reste chez toi, Jésus,


car si tu venais en avion, en train ou en autobus, tu ne trouverais qu’une marée humaine compacte et maussade qui allonge le pas, se bouscule, s’invective, sur des quais surchargés et des couloirs surpeuplés. Ces troupeaux de bipèdes, tes frères, regardent droit devant, le dos qui les précède. Eux, ne te verraient pas.

Si tu entrais dans les cortèges de ceux qui défilent dans les rues des grandes villes ou de la capitale, ils ne t’entendraient pas. Ils sont là pour crier et pas pour écouter.
Alors, emprunte plutôt l’âne de ton père Joseph qui a l’œil doux et humide. Il te mènera vers les immeubles au garde-à-vous, les villages éparpillés, les maisons aux volets clos. Là, tu pourras t’asseoir et converser avec le vieillard chagrin, le malade amaigri, la maman abandonnée, le célibataire durci, l’étranger méprisé.

Étonné, tu en rencontreras certains qui couraient sur  les quais de gare ou qui suffoquaient dans le métro. En fait, ils se dépêchaient de partir pour donner de leur temps et de leur joie à leurs grands-parents et à leurs parents qu’ils sollicitent bien souvent, à une tante affaiblie, à l’ami esseulé. Tu les verras tout sourire et attentionnés ; ils auront oublié leur galère ; ils auront joie à soulager la tristesse et à partager leurs cadeaux. Alors Noël, timidement les remerciera et les bénira.

Et les autres ? Ils seront au ski ou dans les magasins, ils feront la queue et maudiront la météo. Et encore la galère… mais celle-ci, consentie et organisée et donc acceptée !

Et vrai Noël à tous !




07 décembre 2019

« Macron écoute nous ! Macron exauce nous » !



Dans le monde de mon enfance, l’inondation était causée d’abord par un excès de pluie et comme la pluie venait du ciel et que Dieu était au ciel, Il était responsable de la montée des eaux, CQFD ! Dans le monde qui a suivi, l’incroyance ayant en grande partie bouché les cieux, il était encore fréquent d’entendre : « Et ton Dieu que fait-il ? » lorsque la sécheresse sévissait et que le ciel tardait à pleurer sur nos malheurs. Dans le monde actuel, alors qu’il est enfin, certain, que le ciel est vide, il faut chercher un responsable, non plus en haut mais en bas. « C’est la faute à Macron ! » « C’est la faute à Trump ! » « C’est la faute à l’Europe ! » « C’est la faute aux Chinois ! »

Mais comme Macron, Trump, l’Europe et les Chinois ne viennent pas curer nos fossés, creuser des réserves, aplatir les inégalités, alors « c’est la faute aux incompétents, à ceux qui s’en mettent plein les poches, aux parisiens qui voient les choses de loin » ! L’ennui, c’est que cela fait beaucoup de monde et que la responsabilité diluée s’évapore. Alors « c’est la faute à mon voisin agriculteur qui pollue, à ces nouveaux venus qui ne supportent pas les odeurs et les cloches, au maire qui ne bouge pas » ; bref c’est la faute à mon prochain que je connais trop bien.

Ainsi, se développe une société du soupçon généralisé, de la défiance à priori et de l’auto défense systématique. Songeons que nous en sommes arrivés au point de suspecter toute information non contrôlée ; que les parents sont obligés d’interdire à leurs enfants de répondre à tout adulte qu’ils ne connaissent pas ; que toute publicité est taxée de mensongère. La défiance engendre la violence. Les poches vides iront puiser dans les poches pleines et les poches percées se serviront dans les deux autres. La violence dégénèrera de plus en plus car plus rien ne transcende et ne limite l’intérêt de l’individu ou du groupe. Le sacrifice de nos 13 militaires fait, d’autant plus, figure d’exception.

N’allons pas déterrer le faux Dieu de la pluie et du beau temps ou le super-dépanneur de nos incohérences et de nos incompétences ; mais renouons avec le Dieu Père, source et garant de notre fondamentale et indispensable fraternité, seule issue de toute crise.




"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.