13 décembre 2024

Une Foi populaire ?

 Notre Pape, s’apprête à venir en Corse, plutôt qu’à Paris, au grand dam de ceux qui s’attendaient à le voir rétrogradé par Donald Trump sur le tableau d’honneur de la popularité. Pas de chance ! François ira sur l’île de beauté pour encourager les simples, les gens ordinaires qui ont besoin de gestes, d’images, de pèlerinages, de cierges, de sources pour exprimer leurs croyances. Ceux qui préfèrent la marche à pied à la gymnastique des grandes idées.


L’Eglise n’a jamais pu empêcher l’éclosion de rites particuliers qui offraient à chacun des espaces où pouvait se déployer telle ou telle dévotion ou tradition locale. Certaines, d’ailleurs, plongeaient leurs racines dans des rites païens qui furent christianisés parfois difficilement. Le Pape argentin qui a fréquenté des cultures métissées a voulu redonner leurs lettres de noblesse à ces « piétés populaires ».
Encore faut-il s’entendre sur le terme « populaire ». Une religion peut-elle atteindre un bon niveau de  popularité ? Peut-elle devenir « culte » pour redonner ses droits à cette expression usurpée ? Si oui, il faut impérativement se demander de quel Dieu elle se réclame ? Il y a de fortes chances que ce Dieu rassemble sous sa bannière toute une série de pouvoirs auxquels un être humain peut aspirer. Si le Dieu de Jésus Christ avait libéré son peuple du joug des romains, il aurait certainement gagné des points au palmarès de l’opinion publique ! Il ne l’a pas fait.


Si par « populaire » on entend la religion du « bas peuple » par rapport à celle des théologiens ou des mystiques, avec une pointe de condescendance pour la foi du charbonnier, alors il faut entrer dans un maquis des us et coutumes qui se sont agrégés aux cultes officiels au long des siècles et qui perdurent sous des formes les plus inattendues. Il en va du signe de la croix du footballeur avant le match, du « je croise les doigts » ou « je touche du bois », du lumignon allumé, jusqu’au pèlerinage au long cours, en passant par le cierge déposé  au pied d’une statue, les ostensions de reliquaires, les processions en tout genre etc…La foi a toujours eu besoin de s’exprimer par le biais de paroles et d’actes qui en sont la traduction concrète. Elle ne s’adresse pas qu’aux idées mais aussi à notre être corporel, elle engage toute notre personne.
Mais ces dévotions populaires ne risquent-elles pas, de basculer dans un folklore sympathique et désuet ?  Redisons-le : Jésus a été populaire tant qu’il rassasiait les foules ou qu’il guérissait les malades. Il l’était moins quand Il exigeait de mettre les actes en conformité avec les paroles ! En tous cas, aucune manifestation « populaire », n’est venu s’opposer sa mise à mort !


06 décembre 2024

Ecologie


 N’en déplaise à celles et ceux qui lisent la Bible sans la replacer dans son contexte culturel et qui font une fixation sur « Emplissez la terre et soumettez-la » pour affirmer que tous les malheurs de la planète viennent de ce verset, il n’est pas interdit de penser que l’écologie est une idée religieuse. En effet, il faut reconnaître que d’instinct l’être humain est un accapareur si ce n’est un prédateur. Or la « passation de pouvoirs » entre le Créateur et Adam se fait sous le signe de la limite et du partage, chers aux écologistes.

Quand on relit le livre de la Genèse, il est clair que Dieu est présenté comme le créateur-propriétaire de l’univers et qu’Adam, l’être humain, en est le gérant et le débiteur.  Celui-ci, justement, ne peut pas faire ce qu’il veut. Il est soumis, lui-même, à une loi qu’il accepte ou refuse.
Et parmi les plus de 600 « commandements » affichés dans la Torah (loi juive), il en existe un que l’on pourrait mettre en tête d’une écologie radicale et que beaucoup de « fans » d’une terre verte auraient peut-être du mal à pratiquer.

Après avoir demandé au paysan de déposer, devant sa porte, les dîmes de ses récoltes tous les 3 ans au bénéfice des pauvres, la Loi exige une remise des gages tous les 7 ans (Dt 15) ainsi qu’un repos sabbatique pour la terre (Lev 25).

Mais mieux encore : tous les 50 ans, l’année jubilaire exigeait que chacun rentre « dans son patrimoine »  ce qui comporte l’affranchissement de tous les habitants et le retour de chacun sur ses terres. Quant aux récoltes annuelles, pas question de revenir sur la moisson ou sur la glanure. Tout ce qui n’est pas récolté est laissé à la disposition du pauvre, de la veuve et de l’orphelin.

La peur d’un dérèglement fatal du climat a remplacé la crainte de désobéir au Créateur. D’où la multiplication des COP qui essaient de limiter le désastre et d’où sortent indemnes, une fois de plus, ceux qui ont les moyens de payer leurs dégâts. Le rappel salutaire que nous n’avons pas tous les droits, que le propriétaire divin a laissé la terre en héritage à tous et non pas à quelques-uns et que nous aurons des comptes à rendre, est peut-être la seule façon d’inquiéter un peu ceux qui se réclament encore de la civilisation judéo-chrétienne.