28 août 2020

On t’avait dit…



On t’avait dit que l’Eglise française était malade et qu’il était juste que ses lointains enfants africains, sud-américains ou vietnamiens accourent à son chevet. N’écoutant que ton cœur vaillant, tu es venu et te voilà largué sans précaution en plein cœur de la campagne gauloise. Et tu t’aperçois que cette Eglise des champs n’est pas malade : elle est mourante. Alors, tu la maintiens en vie, sous perfusion, en faisant perdurer quelques rites souvent inconsistants. Tu croyais la soutenir pour qu’elle traverse une mauvaise passe, elle est dans une impasse totale.
Tu étais engagé dans une de ces communautés nouvelles qui attire des jeunes généreux et tu y avais trouvé une vie nouvelle et bien abritée. On t’a dit que l’Eglise de France n’était que champ de ruines et qu’il fallait rebâtir sa splendeur d’antan. Alors, tu es venu et avec enthousiasme tu as relevé murailles et créneaux, élevé des tours et tu as appelé à l’aide grâce à la toile de l’internet. Tu as recruté quelques preux chevaliers « sans peur et sans reproche » mais les manants des bourgs voisins ont préféré leurs chaumières et leurs écrans douillets au château fortifié.
Tu te morfondais dans la routine paroissiale. On t’a dit qu’il fallait des missionnaires pour annoncer dans les rues et les carrefours la Parole qui sauve comme on le fait dans les grandes mégapoles sans nom. Mais ici on est repéré et on connaît toujours un chrétien auquel on n’a pas envie de ressembler. « Le Christ, histoire ancienne ! » t’a-t-on dit. « Un jour, le Roi viendra et il fermera la porte au nez des invités impolis » as-tu répondu. Ils ont simplement souri…
Alors que faire ?
Au lieu de t’épuiser à essayer toutes les méthodes d’importation (comme les produits du même nom), ne pourrais-tu pas demander à ces baptisés un peu indisciplinés mais qui résistent envers et contre tout, pourquoi leurs fils et petits-fils se sont éloignés de l’Eglise ? Ne pourrais-tu pas interroger les jeunes qui poussent encore ta porte à l’occasion d’un mariage ou d’un baptême sur ce qui les aide à maintenir la tête hors de l’eau alors que l’horizon s’assombrit de plus en plus ? Qu’est-ce qui serait pour eux une bonne nouvelle ?
Nous serions alors à même, sans démagogie facile et sans vouloir donner de leçon, de rendre attirante cette Parole qui nous fait vivre humblement mais joyeusement et harmonieusement avec la terre, le ciel et les autres humains.

1 commentaire:

Chris a dit…

Et si l'Eglise (de France), à commencer par ses prêtres, réfléchissait à ce que signifiait la consécration du monde à la Miséricorde Divine faite par saint Jean-Paul II en 2000, il y a 20 ans déjà ? Il ne fut nullement démenti par ses successeurs, bien au contraire !
Il y a effectivement une remise en cause non du contenu mais de la façon de le faire passer et de s'ajuster à la société actuelle et à la pensée dominante de l'époque. Peut-être plus de chance d'intéresser ou du moins de dialoguer les uns avec les autres sans avoir un certificat de baptême autour de ce qui est très justement une histoire de comportement, respect de la nature, de la Création et Humanisme. Entre le Christ en croix et la souffrance, l'image de la Miséricorde est plus encourageante, elle suggère la récompense si ... !

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.