10 novembre 2018

Nouveaux rites.



« Tous les codes de notre société ont changé  dans tous les secteurs de la vie » constate, devant moi, le maire d’un petit village….« sauf pour les obsèques. En effet, personne ne quitte ce monde  sans un rite, qu’il soit familial, civil, religieux ou républicain » ajoute-t-il. Ce maire  a raison,  mais le rite prend parfois les formes les plus inattendues.

Pour respecter les dernières volontés d’un défunt qui avait suggéré que l’on boive le champagne autour de son cercueil, sa famille a trouvé « génial » d’apporter la bouteille en question et de se mettre en devoir de trinquer dans la salle du crématorium. Les pompes funèbres, ayant mis le holà par souci de décence, se sont vu reprocher leur manque d’humour !

Décence dans ce cas, simple tenue dans d’autres. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir entrer dans une église, enfants ou petits enfants du ou de la défunte, ayant largement dépassé l’âge de raison (notion depuis longtemps périmée) mâchant ostensiblement leur boule de chewing-gum , les mains bien calées dans les poches qui émettent de temps en temps le signal d’un message laissé sur leur téléphone portable. Je doute fort qu’ils se présentent ainsi chez un médecin ou chez le préfet. Quoique !!

Décence, tenue, bon goût…dans ce domaine la mascarade dite Halloween se distingue ! Elle participe, par la dérision, à l’occultation généralisée de la mort, la grande gênante. Or, un pays qui oublie ses morts creuse sa tombe. 

Enfin politesse…L’habitude s’est répandue de voir fleurir dans les convois funèbres des formules de reconnaissance envers les médecins, infirmières, personnels de maison de retraite, ambulanciers et l’on ne peut que s’en réjouir. Jamais encore, je n’ai vu mentionner les noms de ces délégués des paroisses qui préparent et accompagnent la cérémonie des funérailles avec délicatesse et bienveillance, ni celui du prêtre quand il la célèbre ou du maire s’il intervient. Tant mieux ! Cet oubli confirme bien qu’ils ne sont que des « serviteurs quelconques » car le seul qu’il faudrait remercier, en l’occurrence, serait Celui qui a laissé son tombeau vide. Mais peut-être  se fait-il, comme à son habitude, tellement discret qu’on ne l’a point vu ni entendu!


"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.