25 juin 2018

Bientôt le 29 Juin.








C’est la date de la fête de St Pierre et St Paul au cours de laquelle étaient conférées autrefois, les ordinations. Imaginez l’expédition quand les familles des ordinants devaient se rendre à Bayonne, avec des voies de communications moins agréables que les actuelles et des moyens de transport encore moins confortables. Arrivés à la cathédrale, elles avaient droit à l’engagement au sous-diaconat et à l’ordination diaconale de deux promotions de séminaristes avant de participer à celle des prêtres ! Quasiment trois heures d’immobilité imposée ! Aucune ostentation dans les vêtements liturgiques si ce n’est une certaine harmonie des couleurs ; aucun éloge ni aucune présentation des «impétrants» et de leur curriculum vitae ; aucune nomination applaudie par la foule. Dieu seul, premier acteur et premier servi !


Ceux qui ont connu la fin de cette époque fêtent leurs 50 ans de sacerdoce. Ce sont ces « territoriaux » qui ont vibré au Concile Vatican II et qui ont essayé d’en suivre les orientations avec les communautés chrétiennes auxquelles ils étaient envoyés. Ils n’avaient pas attendu notre Pape François pour quitter la tête du troupeau afin de mieux le sentir et l’écouter, sachant que « l’Esprit n’est pas la propriété exclusive de la hiérarchie ecclésiale » (1). En un demi-siècle, ils ont connu l’apogée des «trente glorieuses» qui a révolutionné le monde rural, viscéralement attaché  à ses clochers depuis des siècles. Ils ont subi la désaffection d’une grande partie de la population vis-à-vis de l’Eglise. Ils constatent le soupçon quasi officiel pour tout ce qui touche aux religions monothéistes et le règne d’un nihilisme qui peut se traduire ainsi : «Avant : rien ; après : rien ; pendant : pas grand-chose  mais j’y tiens absolument !» L’égoïsme tenant la main du nihilisme. (2)


Ces prêtres ne sont pas « meilleurs que leurs pères ». Ils n’ont peut-être pas été totalement transparents du mystère de l’Amour de Dieu pour les hommes et d’ailleurs qui peut se vanter de l’être ? Ils ont été les gardiens d’une Parole qui les transperçait. Ils ont tenu leur poste, bon gré mal gré, comme « le guetteur qui attend l’aurore », certains que le soleil sera au rendez-vous et  indiquant aux chercheurs de sens les premières lueurs de l’aube. Merci à eux !


(1) « Les Laïcs messagers de l’Evangile » Pape François Lettre apostolique au Cardinal Ouellet ed salvator 2016 page  19
(2) J’ai essayé de décrire ce moment de l’Eglise et de ses acteurs dans « L’un de vous, prêtre d’une fin de siècle » ed Parole et Silence 2018

08 juin 2018

Besoin de Dieu ?


Les pays du Nord de l’Europe comptent, nous dit-on, parmi les plus déchristianisés du continent alors qu’ils affichent les résultats économiques les meilleurs et les avancées sociales les plus performantes. Par opposition à cet état de fait les religions ont l’air de prospérer dans les pays pauvres. L’élévation du niveau de vie ne tarit-elle pas le «besoin de Dieu» ?

Pendant des siècles l’homme était tous les jours confronté à sa précarité. Epidémies, guerres, malnutrition, manque de soins étaient pain quotidien. La vie ressemblait plus à une vallée de larmes qu’à un long fleuve tranquille. Aussi, l’espoir des jours meilleurs s’accordait-il bien avec le paradis promis « en récompense » par un Dieu juste et équitable. La mort n’est, aujourd’hui, qu’un obstacle à repousser le plus loin possible. Le mal, lui-même, a disparu du vocabulaire courant. N’existent plus que des dérapages ou des accidents de parcours toujours explicables et souvent réparables. Plus besoin d’un sauveur, l’homme suffit à la tâche. Ainsi le « Dieu réparateur des brèches » du prophète Isaïe n’est plus de première nécessité. Ajouter à cela que l’esprit de nos contemporains suffisamment encombré par la densité et la complexité du quotidien remet à toujours plus tard les grandes questions du commencement et de la fin de toutes choses et vous comprenez pourquoi les foules enthousiastes ou résignées n’emboîtent plus le pas des processions de nos « fêtes Dieu ».

Pourtant, le Dieu de la tradition Judéo-Chrétienne se présente à travers la Bible comme Celui des pauvres, des petits, des exclus, des oubliés. Serait-Il disqualifié  chez les riches, les prospères, les suffisants et les bien-portants ?

Il conviendrait d’abord de distinguer besoins et désirs. Le rassasiement des uns, ne comble pas forcément les autres.  Trop occupés à gérer le comment d’une existence devenue enviable, nous nous dispensons d’en poser les pourquoi et d’en chercher les raisons d’être. Le bonheur matériel et social des Pays -Bas ou Scandinaves n’a pas fait disparaître, semble-t-il, la recherche des paradis artificiels de la drogue ou de l’alcool. Un être humain gavé et bien géré n’en demeure pas moins un animal inquiet en quête d’infini: « Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi » disait déjà St Augustin.

Et puis, qui nous dit que le désir d’une vie Autre ne nous sera pas cruellement rappelé par la robotisation générale des activités humaines le plus souvent réduites à un identifiant codé et par les conséquences désastreuses d’une simple panne ou d’une guerre informatiques. Le haut degré de complexité d’un organisme ou d’une société ne fait qu’amplifier son coefficient de fragilité et d’aliénation.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.