11 février 2017

Mère




   Nous fêterons demain Notre Dame de Lourdes. Nous sommes nombreux à aller de temps en temps déposer au creux de la grotte le quotidien de notre existence, comme si d’instinct nous savions qu’au travers de cette figure hiératique de Marie dominant la caverne, se cachait d’abord une mère aimante et attentive. A travers le récit de la naissance de Jésus, nous devinons que Marie a dû partager, comme toutes les mamans, ces moments de joyeux préparatifs mais aussi cette sourde inquiétude qui précédent l’accouchement. Puis, comme nombre de mères, elle a assuré et assumé tous les détails de la vie familiale qui permettent le bien-être et la croissance de cette petite alvéole d’humanité. Et ce sont ces actes quotidiens infiniment répétés, ces paroles rassurantes et apaisantes d’une maman qui s’incrustent dans notre mémoire et qui imprègnent toutes les fibres de notre être. 

Mais ce qui compte peut-être le plus dans la vie d’une mère, ce sont ces silences qui laissent parler les yeux et le regard. C’est le cas de la jeune maman qui, sur son lit de maternité, reste de longs moments les yeux fixés sur son enfant, examinant le moindre détail de son visage, le dévorant du regard et rêvant déjà à ce qu’il sera lorsqu’il aura grandi. Alors que les bergers s’agitaient, allaient en hâte vers Bethléem, racontaient et annonçaient tout ce qu’ils avaient vu et entendu, repartaient en glorifiant Dieu, Marie, elle, « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ».


Nous connaissons des personnes qui, comme les bergers, s’affairent sans cesse, parlent sans arrêter, affirment sans vérifier, répètent à la légère et évitent ainsi la morsure du silence. Ne cherchons pas à les identifier, chacun de nous leur ressemble. 


Une maman sait se taire, écouter, méditer. Elle cherche à comprendre ce qui est dit sous les mots et c’est pour cela qu’il lui arrive de ne plus avoir besoin de paroles  pour communiquer avec ses enfants.
Ce qui est vrai d’une mère, l’est de chacun de nous.


Notre parole n’a de poids que si elle est trempée dans le silence de la réflexion. Il en est de même pour la prière. Dieu notre Père n’a que faire d’une prière trop bavarde, répétitive et impérative. Il aime celle qui se nourrit de sa contemplation et de la rumination de son Évangile.

03 février 2017

Rêve d'un vieux qui n'a rien compris...

Nous sommes sortis d'une première campagne électorale qui a permis aux candidats au suffrage universel de déverser sur les antennes les recettes qu’ils préconisent pour améliorer la vie des français. Et chacun de sortir de son chapeau, l’idée qui, dans tous les domaines de la vie publique, sera retenue et surtout apportera quelques voix supplémentaires dans l’urne. Ainsi, il est devenu indispensable pour chaque prétendant à la magistrature suprême de publier un catalogue détaillé et chiffré de mesures économiques et sociales qui souvent nourrit le débat entre les concurrents et qui essaie surtout de flatter telle ou telle catégorie d’électeurs. Le tout est ficelé par un ruban d’intentions générales qui placent l’auteur du programme sur le podium du meilleur compétiteur possible.

Au terme de cette sélection de projets et de postures qui, par la grâce des meilleurs communicants, s'apparente parfois à celle de Miss France, nous serons sommés de choisir le chef de l’État. J'avoue avoir du mal à m'identifier de près ou de loin à l'un ou l'autre des concurrents jusqu'ici présentés. Or cette question d'identification est primordiale. Pour qu'un candidat soit en mesure d'endosser la mission de Chef de l’État, il est nécessaire, qu'une majorité de Français puisse se reconnaître en lui, au-delà de ses propositions concrètes concernant la vie quotidienne de ses compatriotes et de son appartenance à un parti politique. Que devant un étranger, aucun Français quelles que soient ses options politiques, n'ait à rougir à l'évocation de la personne de son Président, paraît être un minimum requis, compte tenu, cependant , que nul n'est parfait.

Pour l'instant, je ne parviens pas, en ce qui me concerne, à réaliser cette alchimie entre l'idée que je me suis forgée de cette haute fonction et les prétendants que j'ai vu défiler sur les écrans? Je suis certainement trop vieux et trop ambitieux pour mon pays...

J'aurais aimé, à l'issue des débats minutieusement ordonnés et chronométrés, me sentir soulevé par le souffle d’un projet transcendant tous les intérêts particuliers, entraîné vers la recherche d’une qualité de vie commune et mobilisé pour une action à long terme. J'aurais aimé être invité à écrire une nouvelle page de l'Histoire de notre pays guidé par un visionnaire.

Ce n'est malheureusement pas le cas ! Pour le moment, on m'invite à comparer des pourcentages, à aligner des divisions ou à danser sur le vide…

Bien sûr, « l'intendance » est de première importance et nul responsable ne saurait la négliger. Mais par rapport à bien d'autres contrées du monde, la France est un pays riche. Comment se fait-il, alors, qu'elle abrite tant de pauvres et de laissés pour compte ? Il n'est pas tolérable que les inégalités s'accroissent. Mais pour que les mesures drastiques qui s'imposent puissent être acceptées largement, encore faut-il qu'elles soient portées par un projet de société qui concerne tous les citoyens. Or nous naviguons entre propositions d'ajustements comptables et utopies irréalistes.

Certes, il faut des utopies ! Mais elles doivent être ancrées dans la vie réelle du plus grand nombre, s'appuyer sur des hommes crédibles et sur des expériences qui ont fait leurs preuves.

Si on voulait bien examiner de près toutes les mini réalisations que mettent en place les associations de producteurs ou de consommateurs, largement facilitées par la toile infinie de l'internet, étudier les ressorts qu'elles mettent en action, les englober dans une stratégie plus vaste en les confrontant à une réflexion aussi féconde que celle proposée par le Pape François dans « Laudato Si » afin que chacun trouve sa place dans la maison commune de cette terre, ne pourrait-on pas retrouver le souffle qui emporterait l'adhésion d'une majorité?
L'histoire de notre pays fourmille d'exemples, en particulier dans le monde des campagnes, où des hommes réfléchis, solidaires et tenaces ont relevé des défis apparemment insurmontables. Nous ne pouvons pas trahir cet héritage. La géographie de notre belle France nous offre le modèle unique de l'harmonie dans la diversité. Nous ne devons pas enlaidir cette beauté et négliger cette leçon. La tradition vivante de nos coutumes, de nos particularités culturelles, de notre fonds chrétien et de notre devise républicaine nous donnent des références qui peuvent nous servir de balises dans la houle des temps nouveaux. Nous ne pouvons pas les passer par dessus bord sous prétexte qu'elles limitent nos egos démesurés car la limite est garante de la liberté.
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.