20 avril 2014

                                   BONNE PAQUE!!  
Un jeudi de pain, un vendredi de sang, un samedi de pierre,
  un dimanche de lumière : ainsi va la vie…
Les chrétiens viennent de s’unir aux trois derniers jours de la vie du Christ leur Sauveur.
Jeudi : célébration de la Cène, partage du pain et du vin, de la vie.
Vendredi : mort de Jésus en croix : réalisation dans sa chair de ce don de lui-même anticipé la veille avec le pain et le vin.
Samedi : silence autour du tombeau puis, dans la nuit, explosion de la vie ressuscitée.
Ces trois jours nous sont donnés comme le concentré de toute une vie pour  mieux prendre conscience de ce que nous vivons quotidiennement.

Il y a, en effet, la "vie vivante", celle du pain et du vin à produire, à échanger, à conserver. La vie de cette création qui nous est offerte pour être transformée par l’immense labeur et l’incessante activité des hommes en une vie meilleure. C’est la vie de l’enfant qui s’amuse en riant, de sa maman qui s’inquiète pour sa grande fille partie au loin, du papa qui redoute la crise économique. C’est la vie qui nous pousse, nous oblige à faire des projets, à nous organiser, à nous rencontrer, à nous entraider. C’est la " vie bonne ".

Il y a aussi la vie endurée, qui pèse de tout son poids. La vie à affronter comme un combat usant, fatigant, éreintant. Lutte contre la maladie, le désespoir, la division. La vie avortée, divorcée, disloquée. La vie cauchemar du sans papier, du sans ressources, du sans amis, du sans logis. La vie volée, violée, assassinée à plaisir, par l’ivresse sanguinaire. La vie retenue comme un dû, comme une proie à ma merci. C’est la vie de la coupe amère, malheureuse et mauvaise.

Enfin, il y a cette vie éteinte, enterrée, parfois oubliée dans la tombeau de l’histoire. La vie scellée par la pierre tombale, réduite à quelques lettres : un nom, deux dates gravées sur la dalle. Une fin irrémédiable  qui condamne toute existence à la vanité ou à l’absurde. C’est la vie morte. C’est le temps de la nuit, des ténèbres, du silence des choses et de Dieu .Mais prenons y garde. La nuit est aussi le temps de la germination, de la fécondation. Ce n’est pas pour rien que le calendrier juif compte le jour en partant de la veille. Le silence n’est-il pas nécessaire à la parole, à la caresse muette qui dit l’amour, au regard qui interroge. La nuit, c’est la vie du bébé lovée, bien au chaud dans le ventre maternel. Cette vie morte est une vie qui repose et qui attend pour se déplier.

Et voilà qu’au matin surgit la vie nouvelle. Elle commence par un cri d’effroi devant l’inconnu menaçant avant que le geste et la parole des parents ne le transforment en babil souriant.
Pâques est un cri : " Jésus est vivant pour toi et avec toi. "
Il est vivant pour que la « vie bonne » qui t’est donnée comme un cadeau le reste. Qu'elle soit eucharistie, pain et vin partagés, action de grâces envers le Créateur et ton prochain.

Il est vivant pour que la vie "mauvaise" polluée par ton péché, la vie de la   "coupe amère"  soit l’occasion de la compassion éprouvée, de la solidarité retrouvée et peut-être du pardon accordé.
Il est vivant pour que la vie éteinte repose en silence sur un lit de confiance et que mûrissent notre Foi et notre Espérance.

Alors, à ton tour, tu pourras pousser le cri du matin de Pâques  et le Père te répondra :
            "Il y eut un soir, voici le matin sans fin et cela est très bon!!  "
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.