28 août 2011

Marie, quel genre ? Extraits d’une homélie du 15 Août à Laruns (64)




D’abord pourquoi dit-on « Assomption » quand il s’agit de Marie et « Ascension » pour Jésus ? Tout simplement parce qu’on n’a jamais confondu le statut de Jésus et celui de Marie. Jésus nous le croyons est Dieu. Marie n’est pas divine. Jésus revient chez le Père, chez Lui. Et l’on parle d’Ascension car Dieu est supposé plus haut; la vie de Marie est assumée par son Fils qui la prend avec Lui, « Assomption ». Il n’y a donc pas confusion entre le Fils et la Mère. Celle-ci reste « Femme » : « Femme mon heure n’est pas venue… ». Donc pas de confusion. Rappeler cela n’est pas sans importance aujourd’hui.



Relisons encore une fois, les termes mêmes du dogme de l’Assomption : « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils… »



Que pouvons nous retenir de cette vérité de Foi?

1- D’abord une affirmation claire de la place de Marie et par conséquent du rôle de la femme dans l’histoire du Salut.

2- Ensuite un rappel de l’importance de notre corps dans la vie chrétienne.



La femme, le corps, l’union de l’homme et de la femme, la sexualité, la procréation autant de sujets sur lesquels, l’Eglise, aux yeux d’une majorité de nos contemporains, est disqualifiée. Ce n’est pas ici le lieu d’en rechercher les causes mais le contentieux est déjà ancien.



Dieu sait pourtant si le corps de l’homme, celui de la femme, leur union, l’enfantement ont inspiré le génie humain que ce soit en peinture, en musique, en littérature et dans toutes les sortes d’arts et ceci chez les chrétiens comme chez les autres.

Mais Dieu sait également combien ces réalités ont prêté à toutes sortes de plaisanteries graveleuses, à la grossièreté, au mépris, à la dérision ; combien elles ont été avilies, ont donné lieu aux comportements les plus bestiaux et aux actes les plus répréhensibles. Dans de nombreuses cultures les femmes ont été et restent encore considérées comme des mineures, quand ce n’est pas comme des objets.



Dans les années 70, des chercheurs américains ont considéré que pour remédier à cet état de fait, il fallait supprimer tous les motifs de discrimination entre l’homme et la femme. Nous le savions déjà, mais ils tenaient à nous rappeler qu’une partie de notre orientation sexuelle était influencée par notre contexte social et culturel. Combien de fois ne nous a-t-on pas dit « Ne pleure pas comme une fille… » et ceci en disait long sur ce que devait être un garçon ou une fille. Mais certains vont pousser ce qu’on appelle la « théorie des genres » jusqu’à affirmer que désormais notre détermination sexuelle dépend davantage de notre propre décision que de notre biologie. Au passage les différences entre homme et femme passent à la trappe ; les revendications des unions homosexuelles en matière de mariage et de parentalité sont tout à fait légitimées, de même que sont justifiées la bisexualité, la transsexualité et toutes les remises en cause du modèle familial dit traditionnel.

D’autres théories vont encore bien plus loin en faisant miroiter une humanité tellement transformée par les progrès de la science que la question même d’être homme ou femme sera totalement superflue. Il y a cinquante ans, la lecture du « Meilleur des mondes » nous faisait frissonner. Aujourd’hui les prophéties de l’auteur de cet ouvrage, Aldous Huxley, sont largement dépassées et se trouvent à la portée de notre savoir-faire.

Vous me direz : « Nous n’en sommes pas là ! » Détrompez-vous. Un grand hebdomadaire titrait la semaine dernière : « Homme et femme, la fin des tabous » et présentait en fin de dossier cette fameuse théorie de genres.



Vous devez vous demander mais quel rapport avec l’Assomption de Marie ? Nous n’en sommes pas si loin. Et cette célébration de la Vierge nous donne l’occasion de nous rappeler quelques fondamentaux que l’on traduira par de simples commandements. Rassurez-vous, il n’y en aura que sept.



Marie est une juive, imprégnée de la culture biblique. Or le livre de la Genèse nous dit qu’au commencement du monde, la nature est un cadeau que Dieu fait à l’être humain, que la femme est donnée à l’homme et vice-versa dans l’unique but de devenir « image » de Dieu. Premier commandement : Tu respecteras la nature qui est œuvre de Dieu, tu honoreras l’homme et la femme parce qu’ils sont « images » de Dieu.



Pour arriver à cette fin, une loi est donnée à l’homme et à la femme. Vous ne mangerez pas tout, vous laisserez la part de Dieu, le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Autrement dit, pas de confusion entre le divin et l’humain, comme nous l’avons dit au sujet de Jésus et de Marie. Deuxième commandement : Tu ne te prendras pas pour Dieu ni toi, ni une autre créature sous le soleil.



En Jésus, Dieu veut partager notre condition humaine y compris notre corps avec toutes ses potentialités, mais aussi toutes ses lourdeurs. Et Il s’est fait homme… « jusqu’à la mort » Troisième commandement : Tu soulageras le corps de toute souffrance et tu dépasseras ses limites naturelles par un surcroît d’amour.



Marie accueille Jésus et pourtant dit-elle : « Je ne connais pas d’homme ». Cela veut dire que la féminité de Marie ne se réduit pas à l’exercice de la sexualité. Et ceci est vrai aussi pour tout homme et toute femme. Quatrième commandement : Tu ne réduiras pas l’autre à son sexe.



Mieux encore. Marie dans l’Evangile de St Matthieu casse la généalogie de Jésus qui, jusqu’à elle, est transmise par les hommes. Cependant, un père est donné à Jésus. Lui aussi, malgré sa situation marginale, a exercé sa paternité : « Vois, ton père et moi, nous te cherchions… » Cinquième commandement : Autant que cela est dans ton pouvoir, tu donneras à l’enfant un père et une mère.



Malgré sa conception virginale, il n’est pas question pour Marie d’être dispensée de sa grossesse, des douleurs de l’accouchement et des soucis d’une maman. Elle reste bien femme tout en assumant son rôle éminent. Sixième commandement : Tu ne confondras pas l’empreinte de la nature humaine avec la condition sociale d’une personne.



Enfin, son Fils Jésus ressuscitera dans son corps et nous proclamons tous les dimanches « Je crois en la résurrection de la chair ». Notre corps, c'est-à-dire nous-mêmes, avons un fabuleux destin : participer à la divinité sans cependant être dieu. Septième commandement : Tu aimeras ton corps et celui des autres car ils sont les temples de l’Esprit saint.



Voilà les quelques fondamentaux qui, je le crois, peuvent être partagés par un grand nombre de nos concitoyens même s’ils ne partagent pas notre Foi. Ils valent bien ceux qui nous promettent une humanité à la merci du bon vouloir de chacun …



"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.