07 septembre 2010

L’Eglise doit-elle intervenir dans les questions sociales? Lectures pour temps de crise.




L’enseignant comme le cultivateur profite de l’été pour mettre de côté les provisions dont il aura besoin le reste de l’année. En vue des futures formations à proposer, il doit largement moissonner pour ne retenir parfois que quelques ingrédients nécessaires à sa réflexion. Parmi mes lectures ou mes relectures de l’été, je me permets d’en signaler deux.

A tout Seigneur tout honneur, Benoît XVI et son encyclique sociale « Caritas in Veritate ». Je l’avais déjà lue avec le sentiment d’avoir affaire une fois de plus à un empilage de citations de ses prédécesseurs et à une simple actualisation de principes répétés chaque pontificat. Ayant à présenter son thème central qui est celui du développement, je l’ai relue minutieusement complétée par de multiples commentaires. Nous avons là une véritable somme de la doctrine sociale de l’Eglise. Le Pape, en professeur magistral, nous offre une vaste synthèse à la fois théologique et sociale de ce qu’implique la pratique de l’amour du prochain. Deux innovations de taille dans la pensée de l’Eglise.

1- La charité ne peut faire fi de la réflexion et de la raison, sinon elle vire au sentimentalisme éphémère qui ne s’inscrit pas dans le concret et dans le durable.

2- L’économie mondiale ne peut oublier la gratuité car à l’origine, tout est don : Un encouragement à toutes les initiatives qui essaient de conjuguer le profit et le développement du partenaire. Mais l’éthique ne se décrète pas sur simple étiquette.

Une fois assurés ces deux principes, le texte déploie l’ensemble des activités humaines, y compris les plus inattendues, pour en dégager la dimension sociale et charitable. Aussi une mère de famille, un médecin, un entrepreneur, un artisan, un paysan, un économiste, un maire, un journaliste, un humanitaire, un député, un écologiste peuvent tirer partie de cette lecture qui suppose cependant une petite introduction.



A tous ceux et celles qui déplorent parfois que les chrétiens ne soient pas plus actifs face à la misère du monde et qui se contentent de lever chaque fois le drapeau de l’abbé Pierre ou de mère Thérésa, je conseille la lecture de « Justice dans la peau, géopolitique de l’action humanitaire » écrit par Denis Viénot, ancien président de la Caritas internationale (édition DDB). Le nombre de réalisations soutenues par les Caritas locales (comme notre Secours Catholique) et l’expertise qui découle de ces expériences vous coupent le souffle. Et ceci n’est qu’une partie de l’action menée par l’ensemble des organismes d’inspiration chrétienne de par le monde.

Cet ouvrage est un bon complément de l’encyclique et son abord est plus facile. On peut cependant regretter que tous ces organismes ne fassent pas plus de tapage dans les médias. Mais nous savons depuis quelques temps qu’on ne peut pas occuper les écrans et travailler en profondeur, et, depuis encore plus longtemps, que « le bien ne fait pas de bruit ».

A propos, saviez- vous que le fondateur des banques alimentaires en France est un chrétien inspiré en cela par l’action d’une religieuse? Merci Bernard Dandrel.

2 commentaires:

Roger a dit…

L'altruisme, la charité sont des comportements réservés, à l'aune de ce temps, à de doux "décalés" voire même des fous illuminés et dans tous les cas à des faibles. Tant pis, continuons de paraitre à coté de la plaque..........

charles a dit…

Bonjour Jean, si je puis me permettre cette familiarité...
Merci de ce commentaire et de ces infos qui nous rappellent que l'Eglise dans laquelle nous vivons est bien plus "grande" qu'il n'y parait... Merci aussi parce que je cherchais de la lecture sur ces thèmes !

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.