03 juillet 2009

Mariage de L et E.

L.et E. vous avez décidé de monter dans le même train. L’image est facile, j’en conviens, pour deux employés de la SNCF, mais elle est parlante.
Vous connaissez, bien sûr, ces trains de légende qui traversent les steppes de Sibérie ou qui grimpent les cordillères andines. Leur prestige et leur renommée ne parviennent pas à faire oublier la vie rude des chauffeurs de camions ou des conducteurs de mules, qui, de loin, les regardent passer. Ils couvrent la première page des magazines, ils emportent nos rêves mais nous restons sur le quai.
Vous connaissez, aussi, ces trains rapides et luxueux, partis avec grand fracas, beaux discours et baptêmes champagnisés et qui n’ont traversé qu’ennui et solitudes. Ils filent encore, propulsés par la vitesse acquise, mais, ils ont oublié, depuis longtemps déjà, le nom de la destination et celui des passagers.
Vous connaissez, encore, ces trains avec leurs équipages qui n’ont jamais quitté les gares de triages, par crainte d’affronter la distance et de perdre le cap. Ils tournent en rond dans le « train-train » quotidien ; ils finiront leurs jours dans des voies de garage ou des parcs à ferraille.
Vous connaissez bien ces trains dont on ne parle guère, qui partent le matin et qui arrivent à l’heure. Leur passage rassure les grands et ravit les enfants. Un jour, cependant, ils s’effaceront des tableaux d’affichage et tous comprendront alors, à quel point ils comptaient.
Vous connaissez ces trains vaillants et confiants, qui, par erreur d’aiguillage ou par accident, se sont trouvés brisés, disloqués, fracassés. Certains hésitant à reprendre le rail ont quitté la gare et n’y reviendront pas. D’autres ont attendu réparation, se ont ressoudés et sans faire les fanfarons ont repris du service avec obstination.
Vous connaissez, enfin, ces trains informes et grinçants, remplis jusqu’à la gueule qui, du matin au soir, fidèles et réguliers, déversent ces grappes humaines de fourbus, de pressés, de bavards, de discrets, de joyeux et de malheureux. Ils ont vieilli en usant les mêmes rails, ils ont mis du jeu dans leurs rouages mais ils ont permis belles rencontres et bons partages.
J’ai connu un train qui montait une célèbre rampe, une machine à l’avant, une autre à l’arrière. Il montait tout droit comme le petit cheval blanc, « tous derrière et lui devant ».
L et E, le train qui sera le vôtre aura peut être la couleur de ceux que vous connaissez déjà. Par le sacrement que vous allez recevoir vous mettez le Christ aux commandes de la machine de tête, il vous mènera à destination. Quant à la deuxième locomotive, ce sera l’Evangile. Il vous fournira une énergie durable et renouvelable, si vous savez entretenir sa flamme avec soin.

Que Mannick me pardonne elle qui connaît des bateaux tellement plus poétiques que mes trains…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Moi je connais le train des Pignes:çà sent bon le pin et la lavande, çà vous transporte gentiment de Dignes-les-bains vers Nice et çà vous arrête dans de ravissants villages où pouvez cueillir un peu de fraîcheur dans de charmantes églises ...
AV

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.