25 août 2008

Plage.

Un jeune couple débarque sur le sable. Trois garçons : deux bruns et un blondinet. Chacun se prépare avec entrain et bonne humeur à affronter la houle qui balaie la sable. Brusquement la torpeur estivale se déchire. Des cris stridents, des hurlements, des trépignements. Le petit garçon blond refuse d’enfiler les brassières nécessaires à sa mise à l’eau. C’est une furie, qui mord, projette du sable, veut s’échapper vers les vagues, résiste à toute menace.
Le jeune papa finit par maîtriser le fauve et immobilise les poignets du garçonnet dans ses mains. Rien n’y fait. Redoublement de cris, de spasmes, de hoquets. Apparemment l’enfant n’est pas le sien. Désemparé, il téléphone à la maman du gamin pour qu’elle lui demande d’obtempérer. Refus de l’enfant de prendre l’écouteur. Le père ne relâche pas son emprise et parle calmement au bambin. Au bout d’une bonne demie heure un château de sable élève timidement ses tours sur la plage, l’enfant est libre de ses mouvements et a retrouvé une parole normale. Quand l’édifice est terminé, le papa propose une baignade avec brassières : acceptation sans conditions. Le petit blond rejoint ses amis et va barboter dans de grands éclats de rire et des cris de joie enfantine.
Victoire de la pédagogie ? Certainement. Mais cette pédagogie s’est déroulée en trois temps. Un : Affirmation de l’autorité par la répression de l’indiscipline. Deux : sortie de la crise par la valorisation de l’enfant sur un autre objectif dont on applique les règles. Trois : proposition nouvelle sans revenir sur le refus initial. Et, enfin, savoir que rien n’est acquis et qu’il faudra sans cesse recommencer.
Qui, à l’échelle d’un Etat, aura le bon sens, la ténacité, la patience et le savoir faire de ce père de famille quand les règles sont bafouées ?
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.