30 novembre 2007

De l’Assékrem.
Méditation partagée au cours d’une messe célébrée dans l’ermitage de Charles de Foucauld, accroché au centre de l’un des sites les plus splendides et les plus arides du monde. Une messe de commencement du monde.
« Tu es béni Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le pain de la Vie….et nous serons unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. ». « Comment cela peut-il se faire » dirait Marie ?
Par le pain et d’abord par le blé, le Christ, assimile en sa personne, toutes les forces de gestation du cosmos, mais, en outre, tout le travail de l’humanité. Le monde et l’humanité deviennent son corps. C’est le constat qu’Il fait lui même. « Ce pain est mon corps, ce vin est… » Il les assimile et les assume. Idem pour le vin.
En lui, en son corps, le pain n’apparaît plus seulement comme le fruit de la terre et du travail humain, mais comme le présent de Dieu, son offrande à l’homme. En conséquence, le pain devenu son corps, n’est plus le signe de l’avoir, de l’appropriation ou de la pénurie mais celui du partage (les multiplications). Au lieu d’être pris à l’autre ou à Dieu, il est offert à autrui et rendu au Créateur.
Le vin n’est plus signe de l’ivresse, de la démesure, de la violence, de la possession divine ou démoniaque mais des noces et de l’alliance (Cana) et de la joie.
En sa personne le monde et l’humanité recréés ainsi dans leur identité première n’échouent plus dans l’insatisfaction permanente ou dans la violence endémique mais sont matière à une action de grâce réciproque ente ciel et terre.
Nourris de ce corps et de ce sang, de ce pain et de ce vin du Royaume nouveau, participant à l’action de grâce éternelle du Christ, nous devenons nous-mêmes « offrandes spirituelles agréables à Dieu » (St Paul) et par nous, c’est le monde et l’humanité qui s’offrent à l’amour divin et cela en continu.
Ainsi la messe n’est jamais finie tant qu’elle n’est pas non seulement « messe sur le monde », mais messe du monde et de tous les hommes, « unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.