29 octobre 2007

Ecclesia 2007.
Tous les ingrédients d’un grand show médiatique étaient réunis : Une foule chauffée par des chanteurs professionnels, une sonorisation à la dimension d’un vaisseau sous terrain gigantesque, une technique audio visuelle sans défaillance, des intervenants de haute volée, un maintien de l’ordre souriant, un peuple bon enfant. Et, malgré tout, une écoute soutenue, une application studieuse, un silence intense qui laissait passer comme une « brise légère », un souffle de Dieu.
On nous a dit que la catéchèse ou l’Evangélisation devait se faire « Hospitalité ». Que celui qui reçoit et celui qui est reçu s’accueillent mutuellement. L’intention est belle et louable, la mise en œuvre plus délicate. Elle pose la question des conditions d’un véritable accueil. Faut-il aussitôt ouvrir grande la table et inviter à la communion, ou bien prendre le temps de l’initiation, sachant que celle-ci est déjà de l’ordre de la grâce. ? Il me semble qu’il faut revenir à l’usage antique qui voulait faire progressivement passer les invités de la table de la Parole à celle de l’Eucharistie. J’ajouterai même une première table, celle de la vie. N’y a t-il pas déjà travail de grâce à échanger une parole en vérité et en profondeur, à rendre compte, chacun, de la foi et des convictions qui le font vivre, des soucis et des peines qui le font souffrir ? Viendra ensuite la confrontation avec la Parole et son explication. Si ces deux tables nous nourrissent, elles nous ouvrent l’appétit et elles élargiront notre désir de partager la Table du Pain, qui nous fait être un même corps.
Si les deux premières tables sont négligées, la troisième sera vite désertée.

03 octobre 2007

Discussion avec un élu du peuple…
…La soixantaine alerte et active, mais…inquiète. Inquiète parce qu’il se demande si les valeurs et les convictions qui ont guidé sa vie et son engagement citoyen ne vont pas tout simplement disparaître dans le grand nivellement par le bas auquel nous assistons. Avec lui, j’en arrive à penser que les nouvelles générations seront bientôt dans l’incapacité même de recevoir cet héritage, sachant, comme le disait déjà St Thomas, que ce qui est reçu est reçu selon le mode de réception du récipiendaire. Or si le mode de réception est totalement étranger à la chose reçue, comment la transmission pourra t-elle se faire?
Il me semble, en effet, que nous avons connu deux voies d’accès au « milieu humain » : La nature et la culture. Ou plus exactement la culture de la terre-mère et celle du travail et de l’activité humaine. Le quotidien de nos parents et grands parents était encore tout imprégné de la vie campagnarde. Elle imposait ses lois que la tradition judéo chrétienne et sa théologie de la création avaient totalement investies de ses valeurs. Il en était résulté une telle osmose que celui qui suivait peu ou prou le mode de vie terrien baignait dans un religieux qui donnait sens à la vie. La littérature actuelle que l’on appelle « de terroir » fait ses délices du souvenir de cette période là.
La nature a pris ces distances, ou plutôt l’homme a appris à se passer d’elle. C’est alors la culture qui a pris le relais. Cette culture, dont on pouvait parler encore au singulier, était un mixte de nature maîtrisée par les sciences et de l’idée chrétienne de salut par les « œuvres ». Cette culture là, pouvait encore donner à une majorité d’hommes et de femmes de la fin du 20ème siècle, un corps de pensée capable de maintenir une certaine cohésion sociale et de donner des raisons de vivre et des codes de conduite. Nous constations, lui et moi, avec une certaine reconnaissance, que nous faisions partie de la dernière génération qui avait bénéficié de ces deux cultures.
Aujourd’hui, quelques courants écologistes s’emploient à rendre artificiellement sa place à la nature dans une société qui n’a plus de lien charnel avec elle. Celle-ci devient alors sujet d’études ou objet de culte. Quant à la culture, elle est devenue plurielle et précaire parce qu’avant tout utilitaire. Ces nouvelles cultures participent à la grande marchandisation universelle ou à la consécration de la futilité.

Les deux chemins qui menaient plus ou moins aux « sources de la morale et de la religion » ayant disparu, il ne reste plus, pour celui qui la chance de la rencontrer, que la voie directe de la religion pour donner sens à l’humain. C’est, peut être, ce qui expliquerait le fameux retour du religieux. Avant de s’en réjouir trop vite, il faut au préalable évaluer les risques de cet accès raccourci.
Premier risque, celui du refuge. Celui ou celle qui fait l’expérience d’un autre monde possible a tendance à s’y réfugier comme dans une bulle que ne pourraient pas atteindre les effluves nauséabonds du monde des autres. D’où la tendance à penser qu’il ne faut pas sanctifier le monde mais le combattre ou plus simplement l’ignorer. Un évêque s’étonnait récemment que certains jeunes prêtres ne lisent pas la presse locale !
Deuxième risque, le tout liturgique. La liturgie étant le lieu par excellence de la relation avec Dieu, tout l’effort « pastoral » va se concentrer sur elle, et plus particulièrement sur l’expression du « sacré » au détriment de la compréhension et de la participation de l’homme. Ainsi la liturgie va se réduire à l’observation minutieuse et codée des rites et le bon liturge sera spécialiste du droit canon !

Fin de la discussion : Que faire ?
1- Détecter les secteurs porteurs. Quelles sont les réalités humaines qui mobilisent nos contemporains et qui peuvent constituer un appel pour inventer une culture ? Cette recherche demanderait une analyse plus fine. Mais ce qui paraît « porteur » pour les hommes et les femmes de ce temps, c’est tout ce qui touche la vie privée, intime ; c’est encore la famille et les relations de proximité ; c’est aussi la sphère du social et de la charité entendue dans son acception la plus large (cf. l’encyclique de Benoît XVI).
2- Quelle offre peut-on proposer à ces soucis majeurs ?
Des temps de silence, d’apprentissage de ce qu’on appelait « la vie intérieure », la prière personnelle ; tout ce qu’offre aujourd’hui les monastères à ceux qui sont en quête de ressourcement individuel, de réconciliation et de guérison de soi-même.
Des lieux où les familles jeunes puissent partager avec les couples plus âgés ; des temps d’écoute pour tous ceux et celles qui croulent sous les problèmes familiaux, pour ceux qui se retrouvent seuls.
Une règle : Ne jamais donner des repères fermes sur telle ou telle déviance sociale ou éthique sans proposer en même temps un accueil et une aide à ceux qui sont dans la souffrance.

Il y a encore des élus, qui hors du microcosme parisien et hors caméra, réfléchissent…le peuple commençait à en douter !!
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.