28 décembre 2007

24 Décembre La nuit.
Il faisait nuit. Toute l’humanité était là, elle veillait ou sommeillait.
- C’étaient d’abord, ceux et celles qui n’avaient pas ouvert leur porte et qui s' endormaient paisiblement comme s’ils n’avaient ni vu ni entendu cette petite jeune femme blême prête à accoucher.
- Hérode, le tyran sanguinaire, avait du mal à trouver le sommeil : le roi des juifs annoncé par les mages n'allait-il pas renforcer l'opposition à son régime ?
- Les bergers assoupis gardaient un œil sur les troupeaux, scrutaient parfois les étoiles, ils disaient entendre la voix des anges. Ils n’avaient pas bonne réputation dans le pays à cette époque là..
- Il y avait, encore, ceux et celles qui, dans la nuit de leur foi, avaient gardé un brin d’espérance. Ils s’appelaient Zacharie, Elisabeth, Siméon, Anne, Marie et Joseph. Leur famille vivait à proximité du Temple de Jérusalem dans l’attente d’un salut que Dieu seul pouvait donner.
- Enfin, étaient là, rassemblés par hasard, tous ceux et celles qui se croisaient dans cette hostellerie ou plutôt ce caravansérail ? Ni bons ni mauvais, de braves gens qui avaient trouvé refuge pour eux et leurs bêtes. Autour du feu, ils s’étaient donné les nouvelles habituelles : la santé des parents, les caprices du temps, l’impôt de l’occupant, les histoires des gens importants.
- Installée à la hâte dans la partie réservée aux animaux Marie accouche. Elle qui avait rêvé de l’intimité de la maison de Joseph, de la proximité de ses parentes combien efficaces dans ces moments là, voilà qu’elle devait retenir ses cris de douleur, supporter la curiosité des étrangers et la propreté douteuse d’un lieu public.
Il faisait nuit. Toute l’humanité était là, elle veillait ou sommeillait.

Ce soir, il fait nuit. Toute l’humanité est là, elle veille ou elle sommeille.
Elle était noire la nuit de Bethléem et bien peu reconnurent la lumière de la crèche. Ne nous étonnons pas que 20 siècles plus tard, elle soit noire pour les uns, grise pour les autres, artificiellement illuminée pour beaucoup. Ce qui compte, c’est qu'elle n’ait pas éteint la lumière; que la mort n'ait pas englouti la vie; que le mal n'ait pas tué le bien; que, malgré tout, des hommes, des femmes ,des jeunes, et des anciens, des associations, des communautés soient encore capables non pas d’illuminer la nuit, mais de faire briller un petit reflet de la lumière de Dieu. Petite flamme fragile, battue par tous les vents, parfois mourante mais suffisante pour nous permettre de marcher dans le noir et pour croire que la ténèbre n'aura pas le dernier mot. Vive la nuit, quand elle s’appelle Noël.

19 décembre 2007

Samantha
Elle a encore les jambes frêles d’une petite fille qui n’a pas eu tout l’espace nécessaire pour grandir et s’étirer. Elle a le corps trapu de toutes ces femmes du monde qui portent sur le dos le poids écrasant de la misère et du mépris, hérités d’une condition sociale sans horizon. Elle a six ans, elle est mexicaine, et sa maman, Françoise, au prix d’une âpre lutte, l’a sortie de son orphelinat et d’une enfance saccagée.
Samantha a reçu le baptême. Et voilà qu’elle se rattrape de tous les sourires jusque là contenus. Pôle unique d’attentions, elle laisse éclater un bonheur spontané et communicatif. Parfois, cependant, elle ferme intensément les yeux. Que cache t-elle sous le voile de ses paupières ? Quels souvenirs viennent interrompre le rire enfantin ?
Françoise est « aux anges ». Elle est, cependant, bien consciente de ce qui l’attend. « Qui sera cet enfant ? » disait-on de Jean Baptiste. Pourra t-elle, seule, faire face ? Elle est déjà confrontée au constat du « prophète » de Kalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants… ». C’est, ici, que les adultes prennent peut-être mieux conscience de ce surcroît de paternité qu’offre le baptême. « Je te reçois dans la famille des fils et filles de Dieu dont je suis l’aîné » lui dit le Christ. Jean Pierre, Geneviève, Raymond ses parrains et marraine savent eux aussi que leur rôle ne se limitera pas à quelques cadeaux ou souhaits d’anniversaire. Marcel et Domi sont là, eux aussi, avec Cécilia et Hugo, leurs deux petits mexicains issus du même orphelinat. Inconscients eux aussi ? Doux rêveurs ? Ils témoignent au contraire d’une mûre réflexion, d’une énergie sans faille, mais surtout d’un amour, enfin, exaucé et débordant.
D’aucuns diraient : « Il y avait des ondes positives, autour de cette fête paroissiale et familiale ». Il y avait, avant tout, une présence positive, celle de l’Esprit du Christ. Comme par hasard, tous ces couples ou célibataires s’étaient connus dans des camps et autres mouvements de jeunes où ils avaient déjà expérimenté une simple loi: le bonheur est partagé ou il n’est pas.

11 décembre 2007

Ecologiste ?
Question : Quel écologiste a écrit ces lignes ? Al Gore, prix Nobel ? Nicolas Hulot sur sa montgolfière ? Ou José Bové entre deux bouffées de pipe ?
« La terre en deuil se dégrade, le monde entier dépérit et se dégrade, avec la terre dépérissent les hauteurs. La terre a été profanée par ses habitants, car ils ont transgressé les lois, ils ont tourné les préceptes, ils ont rompu l’alliance éternelle. C’est pourquoi la malédiction dévore la terre, ceux qui l’habitent en portent la peine. C’est pourquoi les habitants de la terre se consument, il n’en reste que très peu… IL ne reste dans la ville que désolation et la porte, démolie, est en ruines. Dans le pays et parmi les peuples, c’est comme la gaulage des olives, comme le grappillage des raisins, quand la vendange est finie…
La terre se brise, la terre vole en éclats, elle est violemment secouée. La terre vacille comme un ivrogne, elle est agitée comme une cabane… »
L’écolo en question n’est autre que le prophète Isaïe dans les chapitre 24 et 25. Le contexte de l'époque n'est pas celui des préoccupations environnementales. Mais les pourfendeurs de la tradition Judéo- Chrétienne coupable, à leurs yeux, de lèse nature à cause du « Soumettez la terre » de la Genèse, feraient bien de relire ces textes… si, du moins, ils les ont déjà lus !

09 décembre 2007

Gaston Berger.
« Au stade où nous sommes, il nous faut des inventeurs, soit pour la recherche fondamentale, soit pour le transfert des vérités scientifiques en règles techniques, soit pour la création administrative ou sociale. Ce sont des inventeurs que l’enseignement doit promouvoir. ..De ce qui précède deux conséquences peuvent être tirées :l’une est que l’instruction qui donne des connaissances doit céder le pas devant l’éducation qui forme des hommes ; l’autre est que l’éducation doit être permanente ».(1)
A l’occasion de la mort de Maurice Béjart, je me suis souvenu qu’il était le fils d’un industriel devenu philosophe : Gaston Berger, que l'on appelait le père de la prospective. En 1970, alors que je préparais ma maîtrise, ses idées, développées dans les années 60, m’avaient passionné. Presque 50 ans après, elles n’ont pas perdu une ride.
Gaston Berger est oublié…Que restera-t-il de Maurice Béjart dans cinquante ans ? La prospective a des limites !

(1)G. Berger « L’homme moderne et son éducation Paris PUF 1962 »

05 décembre 2007

Tamanrasset.
Tam pour les intimes ou pour les « pro » du désert qui n’économisent point les explications et les commentaires de leurs anciennes randonnées. Ville de la précarité qui tient à quelques réserves d’eau. Une quarantaine de personnes du temps du Frère Charles, 100000 aujourd’hui. Depuis 1990, un afflux de population fuyant le terrorisme du Nord de l’Algérie, a élargi grandement le territoire urbain et a multiplié les problèmes d’approvisionnement d’eau. Il faudra désormais la chercher à 600 Kms de là.
Au cœur de cette ville, une petite communauté: Trois sœurs, un prêtre, quelques africains venus de pays voisins, maintiennent la présence chrétienne. Un accueil sans condition, avec pour seul trésor à offrir un sourire permanent et le témoignage d’une vie aussi dépouillée que celle des gamins qui grouillent tout autour.
Le premier ermitage de Foucauld est toujours là, offrant sa fraîcheur, son silence habité et son dénuement. Plus loin, le fortin construit par ses soins, afin de protéger ses voisins d’infortune des rezzous étrangers.
Etrange impression de côtoyer une sainteté de l’extrême. Un être destiné aux honneurs militaires qui se complait dans le dernier rang ; un moine rompu à la contemplation et qui souhaite évangéliser tout le Maghreb ; un colonisateur qui sauve la culture des Touaregs ; un prêtre « collé » à la présence Eucharistique et qui est privé pendant des mois de la messe ; un croyant qui se sait pécheur et qui ne se confesse que rarement etc…
De Tamanrasset à l’Assekrem, six jours de marche sur une autre planète. Humble sensation de cheminer sur une terre, elle aussi, de l’extrême. A croire que ce paysage empierré, asséché, venté, raboté, ne peut produire que des Seigneurs de la guerre aussi farouches de ces pics torturés, ou des Saints, réduits par la pauvreté à la transparence de Dieu et à l’hospitalité des hommes.
Silencieuse admiration pour ces chameliers qui au terme de la marche quotidienne se prosternent vers l’Est et font leur prière avec le naturel et la spontanéité qui présideront ensuite au rituel du thé. « M’Ba, j’ai vu que tu faisais ta prière, comme moi. Je prierai pour que tu soies un vrai musulman. Je te demande de prier pour que je sois un vrai chrétien ». Ainsi ai- je quitté notre guide et sa fascinante planète.

30 novembre 2007

De l’Assékrem.
Méditation partagée au cours d’une messe célébrée dans l’ermitage de Charles de Foucauld, accroché au centre de l’un des sites les plus splendides et les plus arides du monde. Une messe de commencement du monde.
« Tu es béni Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le pain de la Vie….et nous serons unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. ». « Comment cela peut-il se faire » dirait Marie ?
Par le pain et d’abord par le blé, le Christ, assimile en sa personne, toutes les forces de gestation du cosmos, mais, en outre, tout le travail de l’humanité. Le monde et l’humanité deviennent son corps. C’est le constat qu’Il fait lui même. « Ce pain est mon corps, ce vin est… » Il les assimile et les assume. Idem pour le vin.
En lui, en son corps, le pain n’apparaît plus seulement comme le fruit de la terre et du travail humain, mais comme le présent de Dieu, son offrande à l’homme. En conséquence, le pain devenu son corps, n’est plus le signe de l’avoir, de l’appropriation ou de la pénurie mais celui du partage (les multiplications). Au lieu d’être pris à l’autre ou à Dieu, il est offert à autrui et rendu au Créateur.
Le vin n’est plus signe de l’ivresse, de la démesure, de la violence, de la possession divine ou démoniaque mais des noces et de l’alliance (Cana) et de la joie.
En sa personne le monde et l’humanité recréés ainsi dans leur identité première n’échouent plus dans l’insatisfaction permanente ou dans la violence endémique mais sont matière à une action de grâce réciproque ente ciel et terre.
Nourris de ce corps et de ce sang, de ce pain et de ce vin du Royaume nouveau, participant à l’action de grâce éternelle du Christ, nous devenons nous-mêmes « offrandes spirituelles agréables à Dieu » (St Paul) et par nous, c’est le monde et l’humanité qui s’offrent à l’amour divin et cela en continu.
Ainsi la messe n’est jamais finie tant qu’elle n’est pas non seulement « messe sur le monde », mais messe du monde et de tous les hommes, « unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».

29 octobre 2007

Ecclesia 2007.
Tous les ingrédients d’un grand show médiatique étaient réunis : Une foule chauffée par des chanteurs professionnels, une sonorisation à la dimension d’un vaisseau sous terrain gigantesque, une technique audio visuelle sans défaillance, des intervenants de haute volée, un maintien de l’ordre souriant, un peuple bon enfant. Et, malgré tout, une écoute soutenue, une application studieuse, un silence intense qui laissait passer comme une « brise légère », un souffle de Dieu.
On nous a dit que la catéchèse ou l’Evangélisation devait se faire « Hospitalité ». Que celui qui reçoit et celui qui est reçu s’accueillent mutuellement. L’intention est belle et louable, la mise en œuvre plus délicate. Elle pose la question des conditions d’un véritable accueil. Faut-il aussitôt ouvrir grande la table et inviter à la communion, ou bien prendre le temps de l’initiation, sachant que celle-ci est déjà de l’ordre de la grâce. ? Il me semble qu’il faut revenir à l’usage antique qui voulait faire progressivement passer les invités de la table de la Parole à celle de l’Eucharistie. J’ajouterai même une première table, celle de la vie. N’y a t-il pas déjà travail de grâce à échanger une parole en vérité et en profondeur, à rendre compte, chacun, de la foi et des convictions qui le font vivre, des soucis et des peines qui le font souffrir ? Viendra ensuite la confrontation avec la Parole et son explication. Si ces deux tables nous nourrissent, elles nous ouvrent l’appétit et elles élargiront notre désir de partager la Table du Pain, qui nous fait être un même corps.
Si les deux premières tables sont négligées, la troisième sera vite désertée.

03 octobre 2007

Discussion avec un élu du peuple…
…La soixantaine alerte et active, mais…inquiète. Inquiète parce qu’il se demande si les valeurs et les convictions qui ont guidé sa vie et son engagement citoyen ne vont pas tout simplement disparaître dans le grand nivellement par le bas auquel nous assistons. Avec lui, j’en arrive à penser que les nouvelles générations seront bientôt dans l’incapacité même de recevoir cet héritage, sachant, comme le disait déjà St Thomas, que ce qui est reçu est reçu selon le mode de réception du récipiendaire. Or si le mode de réception est totalement étranger à la chose reçue, comment la transmission pourra t-elle se faire?
Il me semble, en effet, que nous avons connu deux voies d’accès au « milieu humain » : La nature et la culture. Ou plus exactement la culture de la terre-mère et celle du travail et de l’activité humaine. Le quotidien de nos parents et grands parents était encore tout imprégné de la vie campagnarde. Elle imposait ses lois que la tradition judéo chrétienne et sa théologie de la création avaient totalement investies de ses valeurs. Il en était résulté une telle osmose que celui qui suivait peu ou prou le mode de vie terrien baignait dans un religieux qui donnait sens à la vie. La littérature actuelle que l’on appelle « de terroir » fait ses délices du souvenir de cette période là.
La nature a pris ces distances, ou plutôt l’homme a appris à se passer d’elle. C’est alors la culture qui a pris le relais. Cette culture, dont on pouvait parler encore au singulier, était un mixte de nature maîtrisée par les sciences et de l’idée chrétienne de salut par les « œuvres ». Cette culture là, pouvait encore donner à une majorité d’hommes et de femmes de la fin du 20ème siècle, un corps de pensée capable de maintenir une certaine cohésion sociale et de donner des raisons de vivre et des codes de conduite. Nous constations, lui et moi, avec une certaine reconnaissance, que nous faisions partie de la dernière génération qui avait bénéficié de ces deux cultures.
Aujourd’hui, quelques courants écologistes s’emploient à rendre artificiellement sa place à la nature dans une société qui n’a plus de lien charnel avec elle. Celle-ci devient alors sujet d’études ou objet de culte. Quant à la culture, elle est devenue plurielle et précaire parce qu’avant tout utilitaire. Ces nouvelles cultures participent à la grande marchandisation universelle ou à la consécration de la futilité.

Les deux chemins qui menaient plus ou moins aux « sources de la morale et de la religion » ayant disparu, il ne reste plus, pour celui qui la chance de la rencontrer, que la voie directe de la religion pour donner sens à l’humain. C’est, peut être, ce qui expliquerait le fameux retour du religieux. Avant de s’en réjouir trop vite, il faut au préalable évaluer les risques de cet accès raccourci.
Premier risque, celui du refuge. Celui ou celle qui fait l’expérience d’un autre monde possible a tendance à s’y réfugier comme dans une bulle que ne pourraient pas atteindre les effluves nauséabonds du monde des autres. D’où la tendance à penser qu’il ne faut pas sanctifier le monde mais le combattre ou plus simplement l’ignorer. Un évêque s’étonnait récemment que certains jeunes prêtres ne lisent pas la presse locale !
Deuxième risque, le tout liturgique. La liturgie étant le lieu par excellence de la relation avec Dieu, tout l’effort « pastoral » va se concentrer sur elle, et plus particulièrement sur l’expression du « sacré » au détriment de la compréhension et de la participation de l’homme. Ainsi la liturgie va se réduire à l’observation minutieuse et codée des rites et le bon liturge sera spécialiste du droit canon !

Fin de la discussion : Que faire ?
1- Détecter les secteurs porteurs. Quelles sont les réalités humaines qui mobilisent nos contemporains et qui peuvent constituer un appel pour inventer une culture ? Cette recherche demanderait une analyse plus fine. Mais ce qui paraît « porteur » pour les hommes et les femmes de ce temps, c’est tout ce qui touche la vie privée, intime ; c’est encore la famille et les relations de proximité ; c’est aussi la sphère du social et de la charité entendue dans son acception la plus large (cf. l’encyclique de Benoît XVI).
2- Quelle offre peut-on proposer à ces soucis majeurs ?
Des temps de silence, d’apprentissage de ce qu’on appelait « la vie intérieure », la prière personnelle ; tout ce qu’offre aujourd’hui les monastères à ceux qui sont en quête de ressourcement individuel, de réconciliation et de guérison de soi-même.
Des lieux où les familles jeunes puissent partager avec les couples plus âgés ; des temps d’écoute pour tous ceux et celles qui croulent sous les problèmes familiaux, pour ceux qui se retrouvent seuls.
Une règle : Ne jamais donner des repères fermes sur telle ou telle déviance sociale ou éthique sans proposer en même temps un accueil et une aide à ceux qui sont dans la souffrance.

Il y a encore des élus, qui hors du microcosme parisien et hors caméra, réfléchissent…le peuple commençait à en douter !!

29 septembre 2007

Pauvre et riche

Lazare, décharné, n’a que les yeux pour pleurer et les chiens pour lécher ses plaies. Le riche, repus, luisant de graisse, se fait masser la couenne avec des onguents précieux. La sentence évangélique tombe, lapidaire. "Chacun son tour. Tu as eu bonheur en cette vie, tu auras malheur dans l’autre. ».
Ce n’est pas parce que le riche a été heureux qu’il lui faudra connaître le malheur. Il y aurait, là, une sorte d’automatisme dans la rétribution qui serait immoral. D’ailleurs, le texte souligne que bonheur et malheur sont donnés et reçus: Ni l'un ni l'autre n'y sont pour rien. Si le riche mérite le jugement, c’est plutôt parce qu’il a été heureux, tout seul, sans Lazare.
Un mot traduit bien, de nos jours, la situation du riche, le mot « profiter ». « Profites en bien, j’en ai bien profité, il a raison d’en profiter puisqu’il le peut… ». Chacun veut profiter, le plus possible, de tout et tout de suite ! Si la vie humaine se réduit à cela, alors, l’ennemi, c’est l’autre. L’autre qui veut en profiter autant que moi, m’empêche plus ou moins d’atteindre mes objectifs. L’existence n’est plus qu’envie, vantardise, jalousie, défiance, rivalité, haine. Jean Paul Sartre avait raison « l’enfer, c’est les autres ! ». Le riche n’a pas besoin d’attendre la vie éternelle, il a déjà crée l’enfer dès ici bas.
Sur ce même thème, une autre sentence évangélique mérite réflexion : « Avec l’argent trompeur, faites-vous des amis ». Elle fait suite à une parabole dans laquelle un mauvais gérant s’avérait assez astucieux pour s’obliger un certain nombre de futurs débiteurs. Jésus savait fort bien qu’on n’achète pas l’amitié. Tout au plus, fait-on des assistés qui nous seront toujours redevables.
Pour se faire des amis, pour établir, justement, une relation de gratuité ; il faut que les autres soient au même rang que moi. C’est pourquoi, à la suite de quelques encycliques retentissantes, l’Eglise a compris que la justice « était le nouveau nom de la charité ». Ceci paraissait révolutionnaire à des mentalités qui depuis des siècles justifiaient la richesse dans le but d’assister les pauvres. Dieu aurait donné à certains d’être riches pour mieux s’occuper des miséreux !
Dans l’hypothèse (non encore vérifiée !) d’une société juste, la charité serait-elle vouée à disparaître ? Certainement pas. La justice ne pourra jamais tenir compte de la différence individuelle avec laquelle elle sera appliquée. Avec le même salaire, les mêmes avantages, les mêmes conditions de vie, l’un sera heureux, l’autre malheureux. « La charité ne passera jamais… ».

24 septembre 2007

Silence, on édite !
Plusieurs se sont étonnés du silence estival du blogger. Ces gens sont sans pitié ! Comme si un été, même calamiteux, ne pouvait pas justifier une pause dans l’éveil de l’attention! Comme si les soirées d’été, même emmitouflées, n’offraient pas toujours le long spectacle du temps qui passe à préparer sa nuit !
Mais la pause estivale n’est pas seule en cause dans la panne du blog. Quelques amis encore peu habitués à faire des « liens » ou à trier les courriels par ordre prioritaire, et d’autres encore, récalcitrants à tout écran, m’ont suggéré de revenir au bon vieux papier. Un bouquin ça s’ouvre quand on veut, ça ne vous dit pas qu’il a été mal éteint, que vous risquez de « tout » perdre par inadvertance, ça ne se décharge pas, ça n’importune pas le voisin par un bruit insolite quand vous le fermez, ça ne dit pas des méchancetés si vous n’avez pas tout enregistré, enfin, si vous le laissez un moment sur une banquette de train, personne ne vous le volera si le titre débute par le mot réflexion ! (Au fait, si je cliquais sur enregistrer…merci !)
Par la grâce d’Anne Sigier, éditrice au Canada, les articles de ce blog augmentés de quelques autres et rassemblés en chapitres sous des thèmes différents, prendront forme de livre, dans les deux mois qui viennent. Trois autres éditeurs étaient favorables à cette parution. Anne Sigier s’est intéressée dès le premier contact autant à l’auteur qu’à l’ouvrage, c’est pourquoi, j’ai signé le contrat proposé. Le titre a fait négociation. J’avais suggéré « Eclats de Vie, regards de Foi », elle a voulu ajouter « Réflexions d’un curé de Campagne ». Pour que Bernanos ne se retourne pas dans sa tombe, nous nous sommes mis d’accord sur « Eclats de vie…Réflexion d’un curé à la campagne ». Il y a plus qu’une nuance !
Pour vous racheter d’avoir pensé que l’artisan de ces pages « se la coulait douce » dans sa verte campagne, vous vous sentirez concernés, je l’espère, par la diffusion du bouquin en question. Vous réserverez même, vos cadeaux de Noël pour partager ces « éclats de vie ». Rassemblés soigneusement par le lecteur, ils pourront donner sens et éclat à son quotidien.


Rencontres d’été

Memonah Hintermann.
Elle est venue présenter son ouvrage « Tête haute » dans la chapelle du couvent des bénédictins de Belloc. Elle entre d’un pas décidé, marque un arrêt devant la croix plantée dans le chœur et se signe. Elle se retourne vers le public et avant toute présentation, elle prend la parole : « Vous m’avez vu faire le signe de la croix…Je ne suis pas une grenouille de bénitier, mais je suis croyante. Il y a quelques jours j’étais en Israël. Je suis entrée avec toute mon équipe de télévision dans le Saint Sépulcre, j’ai déposé un cierge et j’ai prié. Un de mes confrères s’exclame « Mémonah ! ce n’est pas toi ! ». « Oui c’est moi, c’est comme ça que je fonctionne, il faut s’y faire ! »
Ce sont les émeutes des banlieues qui ont déclenché chez elle le désir de raconter sa vie. Une vie exemplaire d’une petite fille de la Réunion qui s’est battue pour devenir celle qu’elle est aujourd’hui : une professionnelle de la communication qui a parcouru tous les théâtres d’interventions les plus chauds de la planète avec une compétence et un courage reconnus par tous. Elle proclame haut et fort que, tout cela, elle doit à l’école de la République qui par son système de concours et d’examens permettait la « discrimination » la plus positive qui soit. Tout individu né à « une certaine époque » au fin fond du rural français ne pouvait que « boire du petit lait » en écoutant ses propos réalistes, toniques et sans concession.

Gilson
Il ne s’agit pas d’Etienne, grand philosophe thomiste dont les ouvrages étaient recommandés à tout apprenti curé qui se devait de fréquenter le « docteur angélique », mais de Georges. Georges Gilson, archevêque émérite de Sens Auxerre. Il donnait une retraite aux prêtres diocésains dans le couvent sus dit. Il a écrit un petit livre « Les prêtres, parlons-en ». Enfin un évêque qui reconnaît la gravité de la crise des ministères dans l’Eglise de France et qui ne se contente pas de dire « prions pour les vocations » ou faisons venir des prêtres africains ou des polonais. Ses propositions peuvent être discutées mais elles ont le mérite d’exister. Et puis, cerise sur le gâteau : il n’hésite pas à écrire : « Pourquoi ne pas le dire, j’aime les prêtres ». Pour cette seule parole, ce livre méritait d’être publié. Merci, Monseigneur !

L’Agneau.

Session biblique chez les Petits frères et Petites soeurs de l’Agneau aux confins de l’Ariège et de l’Aude. Jacques Bernard, exégète, plus magistral et théâtral que jamais nous a une fois de plus passionné. Berger biblique, il a décodé toutes les races et tous les types d’agneaux qui broutaient l’herbe de la mémoire des écrivains sacrés.
Par contre les petits agneaux de cette jeune congrégation –âge moyen 35 ans -m’ont laissé deux fortes impressions qui me poursuivent encore. Des jeunes filles belles comme des cœurs dans leurs voiles impeccables, des jeunes hommes souriants, perdus dans leur contemplation, eux aussi, joyeux et chantants : Le ciel sur la terre ! J’apprends que leur charisme est la mendicité. Ils quêtent dans les villes leur nourriture et entament conversation avec ceux qui les reçoivent. « Chapeau, il faut être gonflé ! ». Ils disent retrouver ainsi l’origine des ordres mendiants du Moyen Age dont ils se réclament. Je crois me souvenir que ceux ci avaient instauré cette règle en réaction contre les richesses de l’Eglise de l’époque.
Première impression : l’indignité. Qui suis-je, moi, devant ces amoureux de Dieu qui ont brûlé tous leurs vaisseaux et qui semblent marcher sur l’eau les yeux fixés sur Celui qui a embrasé leur cœur ? Y a t-il commune mesure entre les martyrs qui donnent tout et tout d’un coup et celui qui donne au goutte à goutte, parcimonieusement, si ce n’est qu’au bout du compte tout sera offert ?
Deuxième impression sous forme d’interrogation. N’y a-t-il pas un certain anachronisme à penser que la mendicité, à l’heure du RMI, est encore signe de pauvreté pour nos contemporains ? Les nouveaux pauvres sont ceux qui n’arrivent pas à vivre de leur travail. J’imagine la tête de ma voisine, bergère, recevant ces jeunes gens diplômés et vigoureux, lui expliquer qu’ils vivent de mendicité ! Mes yeux de vieux campagnard n’ont même pas aperçu un bout de jardin potager dans cette vaste propriété.
La première génération des chrétiens vivait aussi comme les anges. Elle a dû très vite s’organiser pour durer, pour vieillir et pour transmettre. Les responsables de ces jeunes n’ont-ils pas quelque peu oublié que les vieilles traditions monastiques ajoutent au prioritaire « Ora », un nécessaire« labora ».

Le vieux chêne.

Il s’était installé sur une crête exposée au vent d’ouest. A force de s’arc bouter sur ses jambes, il était devenu énorme. Son tour de taille était d’autant plus imposant qu’il avait dû limiter sa croissance pour ne pas donner prise aux bourrasques. Par contre sa ramure dessinait une circonférence telle, qu’un troupeau entier pouvait trouver abri sous ses branches.
Il avait certainement connu Napoléon, traversé toutes les guerres, vu passer toutes les Républiques. Il avait assisté à toutes les métamorphoses du territoire qu’il dominait, à la transformation progressive du chemin qui longeait sa parcelle, à l’apparition de tous les moyens de communication. Il avait abrité le randonneur surpris par l’intempérie, le marcheur qui s’offrait un moment de contemplation, la palombe effarouchée qui reprenait son souffle hors de portée du fusil. Il avait offert son ombre aux bovidés qui grattaient leur cuir sur son écorce, aux champignons qui faisaient une discrète apparition, aux colchiques qui prévoyaient les mauvais jours. Il avait résisté à la foudre, au gel sournois, à la fureur des éléments déchaînés. Bref, il était… et personne ne s’imaginait qu’il ne pourrait plus être.
L’autre jour, un jour quelconque, une maîtresse branche s’est cassée. Elle a emporté dans sa chute une large partie du tronc. Ils sont restés là un grand moment tous les deux, retenus par une mince frange d’écorce déchirée. Lui, le tronc tout pantelant, défiguré par la tristesse, penaud de n’avoir pas su retenir sa compagne de toujours et elle, étendue, définitivement flétrie, fracassée sous son poids, agonisant. Le vieux chêne n’a rien compris. Si une tempête mémorable s’était levée, si l’éclair s’était acharné, si les hommes avaient voulu se débarrasser de lui, il aurait réagi… C’était un jour ordinaire. On peut donc mourir un jour ordinaire, d’une mort ordinaire, quand on a cru être quelqu’un, quand on pensait compter encore…
L’homme, finalement, est intervenu. La tronçonneuse a détaché la vieille branche de l’arbre blessé à mort puis elle l’a achevé. Quelques fumerolles s’échappent de ses moignons calcinés. Le feu, à la longue aura raison de son entêtement. « ..et tu redeviendras cendres… » Son squelette calciné a l’air de dire au passant pensif : « Vois, mon ami, tout passe. Tu me croyais unique pour toi. Seul Dieu est Unique car Il est l’Eternel ».

19 août 2007

Marie, Femme.
La liturgie du 15 Août est inépuisable : « Je vis un signe grandiose dans le ciel, une femme… »
La question du rôle de la femme dans l’Eglise revient de façon récurrente. Certaines chrétiennes vont jusqu’à accuser Marie d’avoir monopolisé sur elle et limité sur la figure de la religieuse, toute la parole que l’Eglise pouvait destiner aux femmes. Une parole qui, par ailleurs, leur semble en total décalage avec la modernité. Comment refuser encore le sacerdoce aux femmes quand des chefs d’états, des ministres se recrutent parmi elles ? Seraient-elles indignes d’une telle fonction ? Doivent-elles être cantonnées à des tâches subalternes ?
Je crois que le débat sera toujours faussé tant que l’on réfléchit en termes de « fonction ». Dieu n’a que faire de fonctionnaires ! Quand on parle de ministères on se situe dans l’ordre du signe. Quel est le signe spécifique de tel ou tel service (ministère) ? Le prêtre n’est pas le responsable de la communauté, ni son administrateur. Il est signe de l’Epoux qui vient faire alliance (célébrer ses noces) en donnant et pardonnant. Ceci est spécialement vrai de l’évêque qui reçoit la plénitude du ministère. Prêtres et diacres ne le sont que par participation.
La femme « mère des vivants » est signe de l’humanité qui attend l’Alliance et plus spécialement de cette part d’humanité qui reçoit son Epoux, l’Eglise.
Dans la première Alliance la femme, Eve, est tirée de l’homme, Adam, même si celui-ci la reçoit dans son sommeil comme un cadeau de Dieu. Ce qui est prodigieux, c’est que dans la deuxième Alliance, c’est Marie qui est première. C’est elle qui engendre par l’Esprit Saint, le nouvel Adam. De même le texte de l’Apocalypse nous dit que la femme sera la dernière, le terme de l’humanité victorieuse du Mal. En ce sens, elle est non seulement « l’avenir de l’homme » mais celui de l’humanité. La femme, au commencement et à la fin de l’action de Dieu.
C’est sur ses bases là, que l’on peut parler de ministères masculins ou féminins. Nous sortons d’une très longue période où la figure du prêtre a concentré tous les ministères, souvent désignés en termes de pouvoirs ou de droits (pouvoir de lier ou de délier, de célébrer…). Nous vivons, aujourd’hui, au sein d’équipes d’animation paroissiales, des ministères largement partagés et, souvent, par des femmes. Si ce partage est vécu comme une répartition de compétences ou de fonctions, il risque très vite la compétition et la revendication. Serait-il inconcevable d’inscrire le « signe de la femme » épouse et mère dans chacun des ministères actuels ou faut-il en « inventer » de nouveaux. Si le ministère des sacrements reste le signe du Christ Epoux, il suffit de relire St Paul pour savoir qu’il peut exister bien d’autres ministères indispensables à la vie des communautés. Les ministères liés au signe de l’Epoux ou du « Christ tête » n’épuisent pas tout le mystère de l’Eglise. N’y aurait-il pas des ministères liés à "l’Eglise Epouse" plus spécialement dédiés à l’humanité éloignée de la Foi ?

28 juin 2007

C’est la fête !

Les affiches électorales ont eu à peine le temps de faner que celles des fêtes villageoises fleurissent et prennent le relais. Pour les plus anciens parmis nous, elles évoquent l’effervescence qui s’emparait de la place publique quelques jours auparavant. Il fallait dresser à la hâte un podium branlant destiné à trois ou quatre musiciens, « tirer » une ligne électrique pour alimenter quelques ampoules blafardes, improviser un quiller plus ou moins réglementaire, ajouter en dernière minute un micro nasillard qui déclenchait l’inévitable panne générale au plus mauvais moment. La fête leur rappelle aussi ces belles tablées qui réunissaient la parenté rassemblée pour l’occasion et qui, par contre, donnaient aux mères de famille un surcroît de travail considérable. Souvenirs d’une enfance où il ne fallait pas grand chose pour embellir le quotidien. Une chemise blanche, des souliers cirés et quelques sous en poche faisaient de vous le plus heureux des gamins, le roi du pistolet ou de la poire à eau qui, dans le feu de l’action, n’hésitait pas à faire ses réserves dans les vases du cimetière et risquait une mémorable correction.
Pour les jeunes du village aujourd’hui, la fête, c’est la responsabilité d’une rencontre inter-générations pour laquelles il est parfois malaisé de trouver des lieux de détente, des centres d’intérêt et des symboles communs. C’est le souci d’attirer un public nombreux par un programme alléchant, tout en préservant l’équilibre du budget du comité des fêtes. C’est encore l’affirmation d’une appartenance. Malgré toutes les rancunes et les rancoeurs accumulées dans les frictions quotidiennes, la fête donne à chacun l’occasion d’afficher son enracinement dans un lieu et sa solidarité avec ses habitants. Créer du lien social n’est plus l’urgence de la ville seule et de ses quartiers dits défavorisés.
Enfin, la fête, dans la mesure où l’on se souvient qu’elle est aussi celle du Saint patron de l’église paroissiale, nous permet d’affirmer les valeurs et les repères qui fondent notre « vouloir-vivre-ensemble » et les conditions qu’exige sa mise en oeuvre. « Viens c’est la fête au village, viens… » chantait Guy Béart.

16 juin 2007

Profession de Foi.

« Vers la disparition de l’Eglise en France ?». C’est la question que se pose Claude Plettner, éditrice chez « Bayard » dans le journal « La Croix » du 10 06 07. J’entends ces jours ci un confrère se dire exaspéré par l’attitude de jeunes adultes invités d’une profession de Foi qui manifestement n’avaient aucune idée du lieu et de l’évènement auxquels ils étaient conviés : mitraillage photographique, musiques de portables, conversations sans retenue, déambulations inopinées etc… On me dit qu’un autre, après avoir donné quelques consignes minimales de savoir vivre a du interrompre la cérémonie pour rappeler à l’ordre quelques récalcitrants. Quant au genre et au coût des festivités qui accompagnent ces cérémonies, au volume et à la destination des cadeaux reçus, on se trouve bien embarrassé pour faire un lien quelconque avec l’Evangile que l’on est sensé professer. Il y a déjà des années qu’un ami a changé d’appellation les dites profession de Foi. Sachant qu’elles marquent pour beaucoup d’enfants le terme de « l’instruction et de la pratique religieuses », il les appelle « Fêtes de la fin du catéchisme » pour ne pas dire « dernière profession de Foi » !
Le sujet ne se prête guère à l’humour, mais il se trouve que ce mois de juin correspond aux élections législatives. C’est donc par millions qu’ont été distribuées les « professions de foi » de nos chers anciens et futurs députés et ceci dans une France laïque par « profession de foi républicaine » ! Et c’est parce qu’il ont une foi à « soulever les montagnes » que les candidats vont arpenter les marchés, afficher un sourire éclatant et tendre la main aux passants. Au fait, c’est une foi en qui ? En nous, en eux ? Enfin, c’est par millions que les « hommes » et les femmes « de peu de foi » vont aller aux urnes et voteront les yeux fermés pour celui ou celle en qui ils auront mis leur confiance même si les jeux des partis trahissent les intentions premières. Si l’Eglise disparaît, les croyances, elles, ne disparaissent pas : elles se comptent en bulletins!
Mais revenons à nos communions solennelles, comme on les appelait jadis. Le tableau que j’en ai brossé n’est guère réjouissant. Il n’est que l’image de la perte de toute identité confessionnelle pour deux et même trois générations de Français. Mais cette description serait incomplète si je ne disais pas qu’il y a quelques jours je suis rentré dans une église pour baptiser un petit Hadrien. Quinze galopins couraient, criaient, se poursuivaient dans les allées du sanctuaire. Je craignais le pire pour la liturgie qui devait suivre. Les jeunes mamans et quelques papas totalement « zen » continuaient à préparer chants, bouquets, cierges comme si rien n’était. Ils avaient raison de ne pas s’inquiéter. Dès que la cérémonie a commencé ces enfants se sont assis et se sont faits attentifs. De par leur éducation et leur participation régulière avec leurs parents à la prière, ils savaient ce qu’ils faisaient.
L’Eglise disparaît ? Pas tout à fait. Ces jours ci encore, Anne et Anne Marie dont j’avais célébré le mariage il y a 20 ans sont revenues vers les Pyrénées. Retrouvailles vivifiantes, chaleureuses, émouvantes. Les deux sont mères de 4 enfants. L’une est aumônier d’un grand hôpital. L’autre est animatrice de sa paroisse. Impossible, ici, de retracer notre échange qui s’est terminé par un intense partage de prière dans un petit sanctuaire marial. Ces deux jeunes femmes actives et efficaces, assaillies par les soucis de leur famille et présentes au monde transpiraient la joie et la Foi. « Que du bonheur » dans cette rencontre aurait dit le citoyen français oubliant sa profession de Foi. « C’était pure grâce » m’a dit l’une d’entre elle en partant. Comme quoi, il faut parfois attendre 20 ans avant de dire si le jour était bon…
Sujet du bac

« Monsieur et très honoré grand-père.
Vous serez sans doute surpris que n’ayant jamais pris la liberté de vous écrire et m’étant jusques ici contenté de prier mon père de vous assurer de mes respects, je m’adresse aujourd’hui particulièrement à vous. Les bontés que vous avez toujours eues pour moi et l’affection singulière dont vous m’avez donné tant de preuves, m’engagent à faire cette demande, autant pour vous donner des marques de ma juste reconnaissance, que pour vous donner occasion de faire éclater encore votre bon cœur… » Suit une demande de subsides pour acheter quelques bons livres… « J’espère que vous voudrez bien avoir la bonté de me les envoyer au plus tôt. Cette nouvelle marque d’affection et de tendresse jointe à toutes celles que j’ai reçues de vous ne fera qu’augmenter ma reconnaissance, sans rien diminuer du respect profond et du dévouement parfait dans lesquels je suis…. »
Je suis resté pantois lorsque j’ai lu cette missive magnifiquement calligraphiée et rédigée en l’année 1728 par l’un de mes aïeux. En entendant le personnel de l’éducation nationale réclamer sans cesse de nouveaux moyens pour faire face à sa mission, j’imagine à peine ceux qui étaient à la disposition du maître d’école d’un petit village à cette époque là. Et pourtant le résultat est là. Quel élève de troisième aujourd’hui pourrait rivaliser avec ce fils de laboureur ?
Même réflexion en regardant un film de Pagnol, diffusé récemment, qui nous replongeait dans l’ambiance de l’école du début du 20ème siècle. Ne pourrait-on pas en deçà des moyens, se poser d’abord la question de la finalité de l’enseignement ? Les élèves retrouveraient peut-être le goût ou du moins les raisons d’apprendre et les enseignants, aidés par les parents, le feu sacré de nos vieux maîtres qui s’acharnaient jusqu’à ce que des gamins de quatorze ans acquièrent et gardent pour la vie une bien belle écriture et un style recherché. Honneur aux enseignants qui se passionnent encore pour cette noble tâche et courage aux candidats !

03 juin 2007

Trois

Elles sont trois les personnes de la Trinité, quelque peu éclipsées par la fête des mères. Il aura fallu, aux chrétiens, presque 4 siècles de sérieuses querelles et quelques conciles, pour se mettre d’accord sur cette expression de leur Foi. Elle constitue à leurs yeux la moins mauvaise présentation d’un Dieu qui refusera toujours, toute tentative de définition .Si le dogme lui-même résiste à toute explication trop claire, le modèle trinitaire s’avère très fécond, car il touche au statut personnel, à la structure familiale et au code de la société.
Si l’Etre éternel n’est pas le tout-puissant solitaire que l’on a parfois dépeint, à plus forte raison, l’être humain, crée à son image, est-il un être de relation. Privé de relations, l’humain dépérit et meurt. Au moment où la planète se couvre d’un filet d’échanges, on est en droit de se demander si trop de communication ne tue pas la simple communion. On peut joindre, à l’instant, les antipodes et ignorer l’identité du premier voisin.
Si la divinité a voulu se faire foyer d’amour, il n’est pas étonnant que nos familles tendent à le devenir, de sorte que plus l’union y est manifestée et plus chacun y est respecté dans son originalité. En ces temps de violences et de délinquance, une mise en oeuvre du modèle trinitaire pourrait servir à l’accompagnement psychologique des drames familiaux.
Si Dieu se présente comme communion, ce n’est pas en vain que tous les hommes politiques dignes de ce nom cherchent à faire en sorte que leurs compatriotes vivent « ensemble égaux et différents ». Encore faut-il réfléchir sur le genre d’égalité à promouvoir. Tant que nous la conjuguerons sur un rythme binaire, pauvres et riches, ruraux et urbains, intégrés et exclus ; tant que le Bien commun de la Nation sera l’enjeu d’une majorité et d’une opposition ; tant que notre département se divisera entre Basques et Béarnais comme si tous les autres n’existaient pas ; l’égalité des uns se fera sur le dos des autres. En ces temps d’élections et de triangulaires annoncées, la Trinité pourrait nous fournir un superbe programme électoral ! Candidats pas sérieux s’abstenir !

Tant que nous rechercherons une uniformisation des privilèges par le haut nous ne ferons qu’attiser les frustrations et les rivalités. La communion des hommes ne se fera qu’autour de la seule tâche digne d’une société vraiment humaine : donner à chacun sa juste place et la première de toutes au faible, à l’handicapé, au déshérité. C’est l’honneur de la société humaine que de protéger le plus démuni. Le monde animal ne sait pas le faire.

23 mai 2007

Variété et Unité

Nous vivons sous le signe de la variété et de la diversité. Nous sommes toujours étonnés d’apprendre par les scientifiques que ce que désignons par un mot comme « mouche » désigne des centaines d’espèces. Le promeneur du dimanche ne peut que s’extasier devant la variété infinie des plantes et des fleurs qui s’acharnent à pousser sur les bas côtés de nos routes réduits souvent à l’état de poubelles. Dans une de ces plus célèbres pages la Bible nous raconte l’histoire de ces hommes de Babel qui voulurent construire une tour pour atteindre le ciel et rivaliser avec Dieu. Pour travailler plus efficacement, ils inventèrent une langue unique. Dieu qui a voulu une création diverse et variée brouilla la langue et les hommes retrouvèrent leurs parlers antérieurs. Cette variété originelle peut malheureusement conduire les hommes à la division. D’ailleurs, toujours dans la Bible, ne voit-on pas que la première division, source de toutes les autres, s’est opérée lorsque l’homme n’a pas supporté sa différence avec Dieu et qu’il a voulu s’égaler à Lui. ? Et la puissance tentatrice ne s’appelle-t-elle pas le « diable » c'est-à-dire le « diviseur » ?
Chacun voulant affirmer son identité ou son « ego » comme on le dit aujourd’hui, le fait souvent en exagérant tellement ce qui le distingue des autres qu’il finit par s’opposer à eux. Les campagnes électorales nous donnent un bel exemple de ces affrontements où se mêlent non seulement la proposition d’idées contradictoires mais aussi l’affirmation tranchée de l’étiquette du parti ou l’originalité toujours « géniale » du candidat. Or à la fin de chaque campagne, nous avons droit à l’éternel discours sur l’importance de préserver l’unité nationale. Personne n’est dupe. Chacun sait que les couteaux n’ont pas disparu. Ils sortiront des tiroirs à la moindre occasion. Mais les institutions sont là pour justement faire en sorte que la société ne soit pas immobilisée ou ruinée par les oppositions. La tâche du politique consistant la plupart du temps à éviter les trop grands dégâts de la division.
Quand Jésus nous demande « Soyez un comme mon Père et moi nous sommes un » il nous place devant un objectif tout autre. Il ne s’agit plus d’enrayer les méfaits de la division, mais d’inverser complètement la tendance. Sachant qu’Il nous a offert le pardon et que son Esprit nous habite, celui-ci nous décentre de nous-mêmes pour nous tourner vers Dieu et vers autrui. Nous n’avons plus besoin de nous opposer à l’autre pour nous affirmer, il nous suffit de l’aimer. Ainsi la variété du genre humain et nos différences individuelles deviennent complémentarité et richesses ajoutées.
Babel signe l’échec de l’homme quand il veut atteindre l’Unité par une simple unification. La Pentecôte atteint l’Unité quand en respectant la variété des langues et des cultures, elle parvient à faire entendre un seul et même message ; « Soyez un comme mon Père et Moi nous sommes UN ».

18 mai 2007

Dernière heure.

Ils sont sincères ces jeunes qui ont perdu l’un des leurs de façon brutale et qui essaient d’exprimer parfois maladroitement leur désarroi lors de ses obsèques. Nous savons que très vite « la vie reprendra le dessus » avec son insouciance et sa légèreté… Jusqu’au prochain… Les plus âgés, eux, jouent les « habitués » et pourtant ils n’ont aucune envie de lâcher prise. Alors, ils fuient eux aussi le problème en affirmant sentencieusement : « C’est la vie ! » sans mesurer une seconde la contradiction flagrante entre ces mots et la situation qu’ils sont sensés décrire : la mort. Ils s’en sortent par le bavardage qui dans ces circonstances atteint le sommet de l’inconsistance. Mais, enfin, tant qu’on parle, on se rassure, on ne pense pas à sa propre fin. Le silence fait peur parce qu’il ressemble justement à la mort. Pourtant Jacques Brel disait dans une interview que « la pensée de la mort était une bonne hygiène de vie ».
Les scientifiques sont formels, la mort est nécessaire à la vie, ne serait-ce que pour une question d’espace et de ressources. L’immortalité signerait paradoxalement la fin de toute vie !
Ceci dit pour la plupart des mortels la mort est absurde. Qu’elle soit nécessaire n’enlève rien à son absurdité. Il n’y a aucun sens à mourir jeune mais pas plus à mourir âgé, si la vie, elle, n’a pas de sens. La vie ? Une bulle d’air surgie du hasard qui vient briller l’espace d’un instant sur un océan de néant. Elle gonfle, elle éclate et disparaît. Rien avant, rien après, et pas grand-chose pendant ; en tout cas, pas de quoi regretter éternellement.
Pourtant depuis que l’home existe il ne se résout pas à ce non sens. Il a le pressentiment que tout ne s’arrête pas parce qu’un muscle, le cœur, ne fonctionne plus, ou qu’un organe, le cerveau, ne répond plus. Il soupçonne que la vie humaine ne se réduit pas aux conditions de son développement. Et c’est pourquoi, il a toujours pris soin d’enterrer ses morts, de ne pas les abandonner comme le font les animaux, de les positionner dans un certain sens, de les entourer d’objets, de compagnons, de nourriture. Ces rites marquent d’ailleurs le passage de l’animalité à l’humanité.
Si les êtres humains de tous les temps ont agi ainsi c’est qu’ils se sont consciemment ou non posé les questions suivantes : La vie aurait-elle pu apparaître si son seul but était de ne plus vivre ? Des êtres auraient-ils pu s’extraire du néant dans le seul but de ne pas être ? Enfin, s’il n’y a rien avant et rien après d’où peut venir en nous cette idée saugrenue d’une autre vie ? C’est parce que la vie posait question, qu’ils se sont demandés si la question n’avait pas un sens ?
Mais quel sens ?
« Ma vie aura le sens que je lui donnerai, parce que j’en suis le maître. C’est moi qui décide où se trouve mon bonheur, celui des autres et comment on y parvient ». L’ennui de cette thèse, c’est que si « je suis maître de moi comme de l’univers », mon voisin peut en dire autant et c’est ainsi que naît la violence.
« Ma vie, je fais l’expérience qu’elle m’a été donnée, qu’il y a un avant moi et qu’il y aura un après moi. Je n’en suis donc pas le propriétaire exclusif et je ne peux seul lui donner un sens. Alors je me retrouve dans la position des chercheurs de sens ou des chercheurs de Dieu. Du coup, cette histoire de résurrection et vie éternelle rapportée par les Evangiles, je me dois d’y accorder quelque attention. Un prophète de Palestine vient nous dire que Dieu s’intéresse à nos vies comme un Père. De même que chacune de nos vies est issue d’un acte d’amour entre un homme et une femme, de même l’univers est né de son Amour et n’a de sens qu’en réponse à cet Amour. Alors la mort est peut être nécessaire, non seulement comme condition de la vie des autres, mais comme condition de communion totale à cet Amour. Ma vie, ta vie, n’est peut- être pas une simple bulle qui éclate et qui s’évanouit mais le signe vivant et consentant d’un amour qui se reçoit, qui se partage, qui se donne et qui redonne Vie.

14 mai 2007

Fraternité, Egalité, Liberté.

Avec le drapeau et l’hymne national, la devise républicaine a repris quelques couleurs durant la dernière campagne présidentielle.
A force de la répéter comme une évidence, on en oublierait presque qu’elle constitue une avancée majeure dans la définition d’une société. Rien de moins naturel que l’égalité. Le contraire saute aux yeux. Nous sommes inégaux par notre constitution physique, par notre héritage psychologique, par notre environnement social etc… Il n’y a pas si longtemps, que l’aîné dans les familles paysannes, se voyait octroyer l’héritage de la ferme au détriment parfois de ses frères et sœurs. On a eu beau transformer ces inégalités en « différences », il n’en reste pas moins qu’elles sont vécues comme telles par ceux et celles qui les subissent. D’ailleurs n’a-t-on inventé un arsenal de lois dites « sociales » pour rétablir un semblant d’égalité. Mais le principe reste. Nous sommes égaux devant la loi et cela est un progrès considérable. Le riche truand est passible de la justice, tout comme le pauvre voleur. Mais toute médaille a son revers. Si l’égalité était seule inscrite sur le fronton de nos mairies, le risque serait grand de tomber dans un égalitarisme aussi injuste que réducteur.
La République ne s’est pas trompée en ajoutant la liberté, c'est-à-dire la possibilité pour chaque individu de faire des choix et d’en répondre devant autrui et devant la loi. Car ma liberté s’arrête quand elle devient contrainte ou nuisance pour l’autre. Rien de moins naturel que la liberté ! Nous vivons sous la contrainte et la nécessité. Il nous faut manger ou respirer pour vivre, nous n’avons pas le choix. Nous savons par ailleurs que nombre de sociétés supportent assez bien qu’il y ait des personnes plus libres que d’autres. Le berceau démocratique grec comportait divers modèles quant à la liberté individuelle ! Il n’empêche : l’égalité et la liberté dans la foulée des « Lumières » et de la Révolution sont devenues des droits de l’Homme que nous voudrions universels.
Reste la fraternité, la petite soubrette de la triade. Elle n’est pas un droit mais plutôt un devoir. Elle n’est pas issue du siècle des Lumières mais elle prend sa source beaucoup plus en amont dans la tradition Judéo Chrétienne. Voilà, peut être, les raisons pour lesquelles on en parle moins. N’a-t-on pas d’ailleurs assez reproché aux chrétiens d’être peu regardant sur la Justice, l’égalité et les libertés, pourvu que soit sauve la fraternité ? Suffit-il pour autant de la considérer comme un simple saupoudrage, une pincée d’humanité, un zeste de générosité, qui améliorerait le goût des deux autres vertus ?
Je suis convaincu du contraire. C’est la fraternité qui fonde l’égalité et la liberté. C’est la fraternité que l’on doit proclamer en tête comme le socle indispensable de ses deux sœurs. Comment considérer autrui comme mon égal, comment reconnaître sa liberté comme un droit, si auparavant, je ne le reconnais pas comme un frère. La loi peut m’imposer de respecter l’égalité et la liberté, mais qui peut inspirer cette loi si ce n’est l’appel à la fraternité ! Ignorer, refuser, dénigrer la source chrétienne de notre culture républicaine, c’est vider notre République de son esprit, c’est rabaisser notre devise au rang d’un vulgaire mode d’emploi pour bricoleur de société.

06 mai 2007

Mains de campagne

Il y a d’abord les mains de la campagne tout court. Mains des vieux paysans, lourdes de travail, incrustées de peine, creusées de sillons profonds, déformées par l’effort, blessées par les intempéries, mutilées parfois par l’ingratitude des outils ; mains un peu gauches à trouver une position lorsqu’elles ne sont pas occupées à la tâche. Mains, vigoureuses mais plus fines, de leurs fils, déjà adaptées au clavier de l’ordinateur et aux touches du portable. Bénies entre toutes, ces mains calleuses et laborieuses qui donnent le pain des hommes et partagent celui de Dieu.
Il y a, aussi, les mains de la campagne électorale. Agitées et fébriles quand elles cherchent à toucher celle du potentiel président de la République, qui, à son tour, offre main droite et main gauche, regrettant de n’en avoir que deux à sa disposition. Bras de candidats qui se tendent et se balancent, les mains largement ouvertes en signe de communion : « Nous nous sommes compris, vous pouvez compter sur moi ». Bras en croix et poings serrés, rictus de l’effort pour dire la détermination : « On les aura ». Mains de l’Internationale, poing levé de la « lutte finale » et interminable. Mains nouées ensemble qui, l’espace d’un soir, savourent l’euphorie de l’union retrouvée. Enfin les mains « du jour de gloire est arrivé », lancées presque à la verticale, tendues vers la France virtuelle qui plane au-dessus de l’élu, consacré grand prêtre et intercesseur entre la patrie et son peuple.
Reste l’attitude du boudeur de service, abstentionniste professionnel, qui garde les mains propres, enfoncées dans les poches. Demain, il lui faudra bien, comme les autres, serrer la main de son voisin…et donc se compromettre un peu…

16 avril 2007

Dieu a mis son corps entre nos mains… »
L’octave de Pâque se termine par la rencontre du Christ avec Thomas. Au moment où il faudrait galvaniser les troupes, leur donner non pas une « pêche d’enfer » mais de paradis, Jésus ressuscité ne trouve rien de mieux à offrir pour garantir sa vie nouvelle que l’exposition de ses plaies mortelles ! C’est d’ailleurs toute son attitude durant sa passion qui est étrange. Il parait totalement maître de son destin. C’est lui qui désigne le lieu des la cène, indique l’heure des ténèbres, qui remet Pilate à sa place « Tu n’aurais aucun pouvoir si… » Mais lorsque les autorités civiles ou religieuses lui demandent de décliner son identité, Il répond en renvoyant la question au contradicteur : « Es-tu le Messie ? C’est toi qui l’as dit ». Comme si, désormais, il remettait son identité elle même au bon vouloir des hommes.
Cette façon de faire est révélatrice de l’ensemble de son comportement dans les derniers jours de sa vie et dans l’acte de résurrection. Il se livre, sans résister, aux forces du Mal, au mépris de tout ce que nous pourrions attendre d’un Dieu ! Il exprime son besoin d’une aide fraternelle de la part des disciples apeurés : « Priez avec moi… ». Il souffre et ne cache pas la sueur de sang. Dans un dernier cri, il en appelle à Dieu : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? », avant de s’en remettre totalement à lui.
C’est au moment où chacun aurait besoin de mobiliser les forces de ses convictions, de se souvenir de quelque évènement retentissant que Jésus présente son visage le moins divin, le plus opposé à ce qu’Il Est. Si toutefois la Croix s’était terminée par la scène de la transfiguration ! Mais non. Le tombeau a beau être tout neuf, il reste tombeau.
Cette attitude paradoxale de Jésus ne révèle-t-elle pas l’être le plus profond de notre Dieu ? Un Dieu qui se donne à nous au point de remettre sa vie entre nos mains. Sa vie c’est son identité, c’est sa mission, son message. Il poussera l’illogisme jusqu’à demander au seul qui l’a officiellement trahi de devenir le soutien des autres apôtres !
Depuis le commencement du monde, l’homme n’a qu’un désir, mettre la main sur Dieu ou mettre Dieu à portée de sa main. C’est le combat qui a débuté dès la Genèse quand l’humain voulait s’approprier l’arbre de la connaissance du bien et du mal, c'est-à-dire sa Loi, sa Parole. C’est la mission qui fût celle des prophètes de préserver le peuple de l’idolâtrie. Mais cela n’a pas empêché la Croix. Grâce à elle, les forces du Mal ont mis justement la main sur Dieu et l’ont définitivement neutralisé. Et l’on ne peut s’empêcher d’entendre le ricanement des prétendus dieux de tous les temps qui voient enfin abattu Celui qui les contredit par sa seule présence. La déesse Nature et celle de la fécondité, les chefs des grands empires militaires, les divins Pharaons ou Césars, les Mammons de tous les âges, la souveraine Raison, la suprême Sagesse, la sublime Science, la toute puissante technique, ils étaient tous là au pied de la Croix se congratulant : Voici la fin du « Dieu fait Homme », voici le temps de « L’homme devenu dieu ».

Les princes de ce monde n’avaient pas compris qu’au lieu de mettre la main sur Dieu, c’est Lui qui remettait sa vie entre nos mains et par le fait même changeait le cours du temps. Il avait déjà réalisé cela le soir de la cène : « Ceci est mon corps.. ». Il a fallu que quelques femmes tremblantes et courageuses découvrent le tombeau ouvert et vide pour que nous comprenions que Dieu encore une fois nous échappait. Il était sur la route d’Emmaüs, Il était en Galilée, Il était là ou deux ou trois se retrouvaient en son Nom. Il s’échappait des mains crispées de nos faux dieux, pour s’offrir aux véritables « images » restaurées par son pardon. Victoire de la Croix, victoire de SA FOI au Père et en l’homme.
Ce n’est donc plus nous qui « parions » sur la résurrection du Christ, c’est Lui qui « parie » sur notre Foi, car désormais son existence au monde dépend de notre Foi, de notre responsabilité. D’où peut être l’étrange question d’Etty Hillesum, cette jeune femme juive internée dans les camps nazis, qui pourrait être la nôtre: « Que puis-je faire pour Toi mon Dieu ? ».
Etty Hillesum : »Une vie bouleversée » ed du Seuil pge 75

11 avril 2007

Lectures
Jean Claude Guillebaud nous offre dans « Comment je suis redevenu chrétien » ed Albin Michel, une analyse de son retour vers la Foi au Christ. Ceux de sa génération qui partagent avec lui les mêmes références culturelles comprendront mieux pourquoi, tant de leurs contemporains avaient délaissé ces sources d’eaux vives pour se fabriquer des citernes qui finirent pas se fissurer. Les plus jeunes puiseront dans ces pages toutes les raisons et le courage nécessaire pour ne pas se laisser intimider par les intellos de la dérision qui prennent pour cible tout ce qui touche au Christianisme avec un obscurantisme aussi borné que celui qu’ils s’imaginent combattre. Jean Claude Guillebaud dit avoir aussi redécouvert la Joie et l’Espérance. Ce sont aussi les nôtres dans la mesure où il y a de la joie dans notre « ciel » à fréquenter un frère tel que lui, dans l’espérance que d’autres fassent cette même Rencontre ! L’Ifocap-Adour s’honore d’avoir été à l’initiative sa venue, il y a quelques années, dans un amphi comble de la Fac de droit de Pau.
Livre à recommander à tous les « recommençants » !

Claire LY « Retour au Cambodge » ed de L’Atelier. Claire, dont les membres de la Formation Permanente ont bénéficié de l’enseignement l’an dernier, fait dialoguer en elle la catholique française et la Bouddhiste Khmer, et cela dans une langue française qu’elle manie à merveille ! Ceux et celles qui veulent comprendre comment se transmet une culture raffinée dans un univers étranger au nôtre, goûteront certainement la pédagogie de son père qui, par des récits successifs, initie sa fille à la grande tradition bouddhiste. Mais le message essentiel de Claire LY consiste à attirer notre attention sur le fait que sa conversion au Christ est éclairée par sa fréquentation de Bouddha et qu’elle comprend mieux le Bouddhisme quand elle le confronte avec la lumière de l’Evangile. Un ouvrage à méditer en ces temps de dialogue interreligieux ou de choc des cultures.

Enfin pour ceux et celles qui ont ouvert ou fréquenté des gîtes ruraux ou chambres d’hôtes, pour ceux et celles qui débarquent dans nos campagnes, pour les vieux ruraux qui gardé le sens de l’humour, un ouvrage récréatif mais très instructif, en tous les cas très perspicace : « Comment traire une poule ? Manuel à l’usage des nouveaux campagnards » de Marie et Hubert Deveaux Ed Chiflet. Bonne détente pendant cette pesante période électorale !!

04 avril 2007

Printemps.
Le printemps hésite entre soleil radieux et froides giboulées, chaleurs précoces et frimas tardifs. Chaque détour de chemin offre au marcheur son petit cadeau. Avril est particulièrement généreux. Ici le coin des humbles myosotis, plus loin les gracieuses anémones ; là le carré des asphodèles, celui des violettes et encore les fleurs des fraisiers des bois. Entêtées, les asperges sauvages se moquent des ronces et pointent leurs têtes de serpent par dessus les haies. Au même endroit, le même chêne pousse ses feuilles plus vite que les autres ; au carrefour le cerisier laisse éclater sa salve blanche comme pour narguer ses compères plus lents à la détente.
Mais quelle que soit la saison, la promenade du campagnard solitaire offre d’autres surprises. Ce sont ces enjoliveurs échappés des voitures, devenus des « enlaidisseurs » de grande marque ; ces bouteilles en plastique d’eau minérale vantant la pureté de leurs origines ; ces paquets de cigarettes qui font regretter l’absence de routes pour non fumeur ; ces billets de loto éparpillés qui en disent long sur la désillusion de l’acheteur qui rêvait fortune ; ces morceaux de tôle, témoins de quelque embardée nocturne. Passons sur les bidons de liquides en tous genres destinés à l’entretien des voitures ou des machines agricoles et ces canettes en métal qui étanchèrent le gosier de ces malpropres voyageurs.
Garez vous petites fleurs et tendres pousses, la débroussailleuse de l’équipement ignore les cycles de reproduction végétale. Elle vous engloutira bientôt dans ses mâchoires et vous aurez l’honneur de reconstituer le terreau des bas côtés que l’on appelait les fossés. Par contre elle pulvérisera métaux et plastiques. Ainsi la pollution plus discrète mais encore plus disséminée.
Incorrigibles français ! Nous avons l’un des plus beaux pays du monde et nous nous appliquons consciencieusement à le « saloper ». Consolez-vous pollueurs de tout poil et sachez au moins qu’en contemplant vos déchets, le marcheur anonyme, dans ce monde indifférent, pense « méchamment » à vous. Vous n’empêcherez pas la fougère salie de dérouler sa crosse cotonneuse dans la brume matinale.
Entre froidure et douceur, le printemps hésite ; entre révolte et engagement l’adolescent hésite ; entre droite et gauche la France hésite ; entre Rameaux et Vendredi noir, Christ poursuit son chemin….

23 mars 2007

Labours

La ronde des tracteurs a commencé. Après quelques mois d’inactivité les socs reprennent du service. Avec une obstination inlassable et une régularité implacable, ils vont ouvrir, fendre et renverser la chair de la terre. Les herses, les disques, les broyeurs effaceront ensuite la plaie ouverte des sillons pour offrir au semeur les meilleures promesses des récoltes futures. Malgré l’apparente inégalité des forces, ce travail reste un combat. L’apport précieux de la mécanique et même de l’informatique (puisque certains travaux sont guidés et dirigés par GPS) exige un savoir- faire et une compétence de plus en plus sophistiqués. Mais au-delà du geste, ce travail a valeur pédagogique.
Depuis longtemps déjà,- depuis la méthode « assimil » du savoir sans peine - on a laissé croire que le travail scolaire n’exigeait plus d’effort. La première vertu de tout apprentissage serait d’être « ludique », comme si la culture des esprits n’obéissait pas aux mêmes règles que celle des champs. Désolé ! La noria des tracteurs n’a rien d’un manège enfantin. Laisser croire que l’usage de l’ordinateur dispensera de l’acharnement du chercheur est une mauvaise plaisanterie. Certains responsables politiques semblent sur ce sujet retrouver un peu de bon sens. Décréter des pourcentages de bacheliers ou d’universitaires relève d’une grave duperie. C’est oublier que les printemps précoces ne sont jamais à l’abri de gelées tardives et que la sueur d’aujourd’hui fertilise le génie de demain. Allez, les jeunes ! Quittez cinq minutes vos écrans des yeux, vous en apprendrez tout autant en cliquant sur les champs.
Labor, labour, labeur : même combat, même travail !

Que passe la charrue
Sur nos landes rebelles,
Sur nos terres en friches !
La Parole ira s’y planter,
Promesse pour le pauvre,
Et pauvreté offerte au riche.

Au feu tout le bois mort,
Que la flamme s’étende
Aux chardons aux épines !
Et leurs cendres pourront servir
A féconder la terre
Où la Parole prend racine.

Que tombe sur nos sols
De poussière et de roche
Une pluie généreuse !
On verra les feuilles pointer
Et les bourgeons éclore
De la Parole qui nous creuse.

Advienne le soleil
Et vers lui que s’élance
La poussée de la sève !
La Parole nourrit son fruit
D’amour et de justice
Dans la louange qui l’achève.

La liturgie des heures T 2 Pg 11

09 mars 2007

OGM ou OCM.(organisme culturellement modifié)

Les organismes génétiquement modifiés se sont invités dans la campagne présidentielle en cours. Une des plus puissantes coopératives agricoles européennes basée dans notre département relance le débat. L’un des arguments le plus souvent repris par les anti-OGM consiste à dire que si l’on autorise ces nouvelles cultures l’alimentation mondiale sera soumise au bon vouloir de deux firmes productrices des semences appropriées et ces deux géants américains posséderont l’arme absolue et la main mise sur l’avenir de la planète. A plus forte raison, rétorquent les tenants de la libéralisation des OGM, « laissez-nous, nous, français et européens, produire nos propres semences et contrôler les productions » et nous équilibrerons la situation. La demande se fait d’autant plus pressante que l’usage des céréales dans la fabrication des biocarburants redonnerait quelques perspectives à des productions en panne d’avenir. Frilosité des uns ? Frivolité des autres ?
En attendant personne ne se préoccupe d’un organisme qui se modifie de plus en plus soit par la génétique soit par la culture, je veux parler de l’être humain. Nous savons qu’en matière humaine nature et culture s’interpénètrent au point que l’on a du mal à distinguer ce qui ressort de l’une ou de l’autre. Travail, sexualité, loisirs, communications, famille, transports, alimentation, éducation ou non éducation, medias, musiques, drogues, est-ce-que tous ces paramètres ne sont pas en train de fabriquer un être humain culturellement modifié dont on a du mal à entrevoir les futurs contours ? Retourne-t-il vers une bestialité largement dépassée ou se hissera-t-il vers une plus grande humanité ? Il semble qu’en la matière tout le monde ait baissé les bras en disant qu’on ne peut pas endiguer de telles mutations et que les valeurs qui nous ont accompagnés jusqu’ici sont inopérantes pour l’aujourd’hui. Certains peuples cependant veillent jalousement sur leurs cultures et leur mode de vie. Ils savent qu’il y a des moments où les hommes ont besoin de raisons de vivre et de mourir. Ils savent même que l’homme ne vit pas seulement de pain transgénique ou pas. Ne pourrait-on pas inoculer dans les jeunes pousses humaines quelques gènes qui ont fait leurs preuves dans l’ascension du « phénomène humain » ?


Claracq en Béarn.

Certains personnages et parmi eux quelques élus, sont passés maîtres dans l’art de se trouver au bon moment et au meilleur endroit lorsqu’un appareil photographique pointe le bout de son objectif. Pendant qu’ils sont en train de vous serrer la main, de débiter deux ou trois banalités, de vous féliciter de votre action « tout à fait remarquable », leur regard est déjà ailleurs. Il piste les déplacements de la personnalité qui est au centre de la manifestation, guette le moment où les journalistes vont se contorsionner pour immortaliser la scène et en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire, celui qui semblait si préoccupé par votre santé ou vos mérites se retrouve à côté du héros du jour, arborant un sourire de circonstance, non sans avoir auparavant ajusté sa cravate et boutonné sa veste. Aucun embouteillage, aucun ralentissement de la foule ne décourage ce génie du contournement, cet expert de l’infiltration. Et c’est ainsi que, « par le plus grand des hasards », il se retrouvera le lendemain en position d’être remarqué par les lecteurs et les électeurs. Les uns approuveront ce dévouement frénétique à la cause publique, d’autres déploreront le fait que l’image et le tapage dispensent le plus souvent de la réflexion soutenue et de l’action cohérente. Il faut croire que l’investiture de l’élection déclenche chez certains une bouffée narcissique telle, que l’absence de leur portrait trois jours consécutifs dans les gazettes locales, les plongent dans une déprimante solitude ou dans un sentiment de profonde inutilité.
Rassurez- vous, il n’en est rien. Ce n’est pas l’ego qui est en cause mais la mise en application d’une redoutable stratégie médiatico-politique. En fait, personne n’est dupe et chacun joue un rôle connu par tous. Imaginez le vide abyssal de nos pages locales ou nationales si, toujours les mêmes, ne se dévouaient pas pour couper les rubans, pour présider une table rarement ronde, pour porter une gerbe, pour glisser le bon mot dès le début du discours parce que les journalistes ne seront plus là à la fin, et pour fixer l’objectif en faisant semblant de signer une convention de plus la haute importance ! Personne n’est dupe. L’être humain a besoin de célébrations rituelles, de liturgies ordonnancées, de victimes sacrifiées y compris par le numérique, d’officiants apportant leurs offrandes ou leurs médailles et d’une assemblée, qui l’espace d’un moment communie ou du moins fait semblant. Il arrive cependant ce qui arrive à toutes les liturgies. Soit elles sombrent dans une sinistre comédie, soit la grâce les traverse et les soulève. Vous vivez alors un grand moment parce que, cette fois là, les hommes sont vrais et ce qu’ils disent aussi. Cette fois là, il n’est plus question de victimes, d’officiants, de thuriféraires…Les photographes passent inaperçus. Les obsédés de flashes sont absents. Les présents se suffisent amplement et leur présence est telle qu’elle se dispense de son image. Cet instant là est unique. Quelques uns l’ont vécu un samedi 24 février dans la commune de Claracq ? Trop unique et trop vrai pour être relaté dans les premières pages locales.

22 février 2007

Jésus président !
Je t’imagine sur un plateau de télévision, debout, derrière un pupitre transparent, faisant face à une sélection de citoyens français. Ils ont appris que tu faisais des miracles. Alors ils te demandent d’augmenter les salaires, et les retraites, de résoudre les problèmes que posent la santé, les hôpitaux,les vieux, les jeunes, les transports, les banlieues, les prisons, le commerce, les impôts, les pauvres, les riches, l’énergie, l’industrie,l’agriculture, la recherche, la pêche, l’école, l’université, la faune sauvage, les familles, les homos, les hétéros, les chasseurs, les délinquants, les intégristes, les extrémistes, les tire au flanc, les dopés, les drogués, les assistés, les sur-bookés, les stressés et j’en passe…
Le présentateur jubile : les compteurs de l’audimat explosent. Perfide, il te demande de chiffrer tes promesses puis, il impose une petite coupure publicitaire. Les annonceurs se frottent les mains. Les ridés n’avaient rien demandé, et voilà le collagène qui lisse l’écran. L’émission reprend.
Tu prends la parole : « Il est écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. Tu te prosterneras devant Lui et c’est Lui seul que tu adoreras. L’homme ne vit pas seulement de pain. Et moi je vous le dis : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux…Donnez et vous recevrez une mesure bien pleine comme celle dont vous servez pour autrui. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre ta tunique. Donne à quiconque te demande et ne réclame pas à celui qui te vole… A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre. Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent… ».
Sifflets, hurlements, début d’échauffourée, évacuation des locaux, Tu sors par une porte dérobée évitant le lynchage. Le lendemain, la presse écrite rend compte des réactions de ceux et celles qui font l’opinion publique. Tous les bavards et tous les baveux sont d’accord : « Ce discours ne répond en rien aux graves préoccupations des électeurs, il décrédibilise les responsables politiques et la noble mission des média publics qui sont faits pour éclairer les consciences et non pour les plonger dans un obscurantisme médiéval. Sa légèreté et son inconsistance constituent une insulte à la nation toute entière ». Les intellectuels auto proclamés demandent que l’auteur présente ses excuses dans les journaux télévisés.
Les jours suivants, à 20h, tu parais à l’écran et tu racontes, comme tu sais si bien le faire, l’histoire suivante : « Une femme qui, en rêve, faisait les magasins, découvrit Dieu lui-même derrière le comptoir le mieux achalandé.
- Que vendez-vous donc lui demanda-t-elle ?
- Tout ce que ton cœur désire, lui répondit Dieu.
-Je veux acheter la paix, l’amour, le bonheur, la tranquillité, la santé, la sagesse…
Dieu sourit alors et lui dit :
- Je crois que tu te trompes de fournisseur, nous ne vendons pas les fruits, mais uniquement les semences.
- Et combien coûtent-elles ?
- Un petit temps de silence que tu m’offriras tous les jours pour écouter ce que te dira mon Esprit ! » (D’après un conte de P.de Mello)
Et voilà pourquoi, encore une fois, Jésus, tu ne seras pas élu président…

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20 février 2007

« Le Maître du désir »

C’est le titre donné à un ouvrage de commentaires sur l’Evangile de Jean par son auteur, Eloi Leclerc (1). Le blog précédent sur la Samaritaine permet justement d’apprécier le pédagogue exceptionnel que fut Jésus et comment Celui qui savait « ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » a su transformer le besoin en désir. C’était le besoin qui poussait la femme à venir puiser d l’eau. Mais par une succession de symboles (eau du puits, eau vive, seau pour puiser, eau qui désaltère) qui chacun exprime un aspect de la Torah pour des juifs, Jésus amène son interlocutrice à manifester sa soif de vie éternelle.
Quand l’homme en reste à la satisfaction de ses besoins il ne peut que s’étourdir dans la recherche du plus : Plus d’avoir, plus de pouvoir, plus de sensations. La publicité joue sur ce registre en créant des besoins dont la satisfaction apparaît nécessaire et impérative. Une société régie par l’économie ne peut qu’empiler les besoins et tromper ses esclaves consentants.
Le désir nous place dans le registre du choisi et non plus du subi. Il déplace et dépasse le besoin. Au besoin de manger on répond par l’alimentation ou par la bouffe avalées en « stabulation libre » dans les cafétéria. Au désir de rencontrer par le partage du pain, on répond par un repas préparé ou improvisé mais, surtout,désiré. Dans le premier cas, l’aliment est essentiel soit dans sa quantité soit dans sa qualité. Dans le second, le menu n’est qu’une bonne occasion d’échanges enrichissants et d’autres nourritures.
L’expérience commune du besoin et du désir, c’est que leur quête n’en finit jamais. Dans cette course infinie le besoin divise, épuise ou écoeure. Dans le cas du désir ce qui est partagé ou consommé ne diminue pas mais au contraire s’accroît au fur et à mesure que l’on en use.
Un jour ou l’autre cet être insatiable d’infini qu’est l’homme se demande d’où lui vient ce manque infini que traduisent les besoins ou les désirs. N’y a-t-il pas là chez lui comme une marque originelle de son créateur ? Marque originelle qu’il peut transformer en enfermement (et dans ce mot il y a l’enfer) définitif ou en ouverture vers l’Autre. Alors l’alimentation n’est plus consommation, elle n’est même plus repas, elle est Eucharistie. Le besoin de manger pour subsister devient désir de la Vie.
« Supposons que tu veuilles remplir une sorte de poche et que tu saches les grandes dimensions de ce qu’on va te donner, tu élargis cette poche…Tu sais l’importance de ce que tu vas y mettre, et tu vois que la poche est trop resserrée : en l’élargissant, tu augmentes sa capacité. C’est ainsi que Dieu, en faisant attendre, élargit le désir ; en faisant désirer, il élargit l’âme ; en l’élargissant il augmente sa capacité de recevoir. » St Augustin.

(1) « Le maître du désir » Eloi Leclerc ed DDB

10 février 2007

La sixième heure.

Un puits, une homme fatigué, une femme venant chercher de l’eau, il est midi (la sixième heure) : le décor est campé d’une des scènes les plus connues de l’évangile de Jean.
Tout commence dans la banalité du quotidien si tant est que la vie de tous les jours soit banale ! Par le jeu des demandes et des réponses le besoin tout humain de vivre (l’eau) va se transformer en désir de vie éternelle et, au fur et à mesure de la progression du dialogue, la Samaritaine et Jésus vont se dévoiler mutuellement leur identité la plus profonde. Lui se présente d’abord comme un « homme fatigué » ; très vite il devient le « juif » en délicatesse avec les samaritains ; ce juif serait-il « plus grand que Jacob (plus que l’ancêtre?) » ; n’est-on pas en présence d’un « prophète », peut-être même du « Messie-Christ » ; enfin tout culmine lorsque lui-même déclare « Je le suis », faisant allusion au titre divin JE SUIS.
Ce qui est remarquable, c’est que sous l’effet conjugué des réponses de Jésus, toujours en décalé par rapport aux attentes de la femme et du dévoilement de ses identités successives, la Samaritaine, progressivement, se révèle à elle-même. D’une « femme de Samarie », elle devient « Samaritaine » (et il y a plus qu’une nuance !) ; très vite elle se place sur le domaine d’un désir d’être qui dépasse de très loin le besoin d’avoir de l’eau : elle est la femme aux « cinq maris »,c'est-à-dire aux cinq baals, considérée donc comme idolâtre aux yeux de ce « prophète » ; enfin elle se révèle prête à accueillir le messie pour peu qu’elle le rencontre et à devenir son disciple : « venez voir », dit-elle aux autres habitants ! Nous étions au ras de la margelle (au ras des pâquerettes dirait-on aujourd’hui), au bord d’une histoire conjugale scabreuse pour ceux qui ajoutaient les mauvaises mœurs à la mauvaise foi et nous voilà au sommet de la Rencontre.
Qui n’a jamais fait dans sa vie l’expérience de ces moments exceptionnels où à partir d’un échange banal, la conversion a pris une densité rare parce qu’au-delà de l’intérêt du sujet, elle a permis une découverte réciproque et progressive des personnes concernées.
Alors, quand l’une d’elle est la deuxième personne de la Trinité et qu’elle nous offre rien de moins que la Vie éternelle, le soleil s’arrête en plein midi comme pour Josué !
Ami, as-tu connu la sixième heure ?

06 février 2007

Roma !

En gravissant les 320 marches qui conduisent à la coupole de la Basilique St Pierre, je me demandais ce que pouvait penser le petit patron de pêche du lac de Tibériade, en contemplant cet édifice gigantesque construit en sa mémoire. En bas dans l’allée centrale, on a pris soin de matérialiser les dimensions des plus vastes cathédrales du monde pour bien montrer qu’aucune ne rivalise avec celle-ci. Devant ce concours de vanités mondaines la moutarde doit monter à la moustache de notre impétueux premier apôtre.
Pourtant lorsqu’on débouche au niveau inférieur de la coupole, le sens des vanités s’inverse. Les 800 tonnes de bronze du baldaquin du Bernin ne font pas plus d’effet qu’une légère pergola et les humains qui circulent à ses pieds- y compris les « princes » de l’Eglise- ressemblent à des moucherons électrisés par une frénétique et éphémère agitation.
Heureuse basilique qui porte en elle-même l’image paradoxale de notre condition. « Il le fit à peine moindre qu’un dieu… » souligne le psaume et pourtant « ses jours sont comme l’herbe qui passe… »
Bienheureuse Eglise qui échoue à dire Dieu par une seule de ses dimensions. En effet, Il est à la fois dans la grandeur et la splendeur mais aussi dans la profondeur de l’insignifiante cavité de la tombe de Pierre et, je l’espère, dans la largeur des cœurs des moucherons pensants et croyants qui arpentent la longueur…

24 janvier 2007

Abbé Pierre
Hommage unanime à l’abbé Pierre…Mais nous sommes en France, « fille aînée » de l’Eglise. Aussi la plupart des commentateurs de sa vie et de sa mort soulignent son humanisme et évitent soigneusement d’en citer la source d’inspiration c'est-à-dire la Foi du chrétien, la prière du croyant, la lecture de l’Evangile et la célébration de l’Eucharistie du prêtre qu’il était. Continuons à avoir honte de notre héritage ! Nous pleurerons le jour où d’autres le jetteront à la poubelle !
Ceci dit, j’espère que beaucoup de Français ne se contenteront pas d’afficher leur émotion d’avoir perdu un grand père mais ouvriront les livres récents publiés par l’abbé et apprécieront la profondeur de ses analyses et la lucidité de sa Foi. Pour ma part je retiendrai une de ses expressions qui résume à elle seule le saut de la Foi que nous devons faire quand nous avons épuisé les ressources de notre entendement : « Malgré tout ». Dans ce « malgré tout » se lisait toute la détresse de celui qui se savait impuissant devant l’énormité du mal et tout le reproche qui pourrait effleurer les lèvres de notre prière quand on s’adresse à un Père. « Malgré tout » Dieu est Amour aimait-il à répéter…

19 janvier 2007

Homme ET Dieu.
Ceux et celles qui ont suivi la finale de mon exposé sur l’évangile de Luc trouveront, je l’espère, ici, quelques repères pour reprendre laborieusement l’épineuse question de l’Incarnation. La question de l’identité de Jésus a failli faire éclater l’Eglise des origines (Arianisme, Nestorianisme, Docétisme etc.) et n’a cessé depuis lors, d’être la toile de fond de toutes les questions qui agitent la communauté des chrétiens. La dernière polémique concernant le rite de St Pie V n’échappe pas à ce décor. Nous retrouvons les tenants d’une liturgie qu’ils considèrent comme action avant tout divine s’indignant contre ceux qui auraient trop tendance à favoriser sa dimension humaine. La même interrogation de fond sous tend les derniers sondages publiés par « Le monde des religions ». Ils mettent en évidence une majorité de catholiques qui n’éprouvent pas la nécessité d’affirmer la divinité du Christ. Homme OU Dieu ; Dieu ET Homme ?
Notre tendance première est d’opposer les deux réalités. Plus Jésus serait Dieu moins il serait homme ; plus il serait homme moins il serait Dieu. Telle est notre logique !
L’exposé de notre théologie n’a pas toujours arrangé les choses. On nous parle de nature et de sur nature, de création et de rédemption, de liberté et de grâce, de divin et d’humain comme si toutes ces réalités se superposaient, s’ignoraient ou s’opposaient. Il en résulte un effet de plaquage : la surnature venant se superposer à la nature sans que cela ne change rien à celle-ci. C’était l’idée de ceux qui pensaient que Jésus n’avait pris qu’une apparence humaine. Cette pensée en binôme peut laisser croire aussi que l’humanité peut neutraliser la divinité. Ainsi raisonnaient ceux qui s’interdisaient de croire en un Jésus-Dieu. Le rapport divinité et humanité peut aussi se concevoir sous le mode de l’absorption (l’humanité s’effaçant devant le divin)ou de l’instrumentalisation (L’humanité n’étant que le marchepied de la divinité.) Enfin, le manichéisme est allé jusqu’à opposer l’une et l’autre réalité, l’une penchant vers le Mal et l’autre vers le Bien.
Toutes les hérésies du début de l’Eglise se résument en deux cas de figure. Soit Jésus se présente comme un Dieu qui a fait semblant d’être un homme, soit c’est un homme qui est devenu Dieu. Dans les deux cas Jésus est pour nous un MODELE et non pas un SAUVEUR. C’est tout l’enjeu de ce qui pourrait nous apparaître comme des polémiques de théologiens tatillons Les premiers conciles affirment qu’Il est TOTALEMENT Dieu ET TOTALEMENT homme sans qu’il y ait confusion mais plutôt communion des natures. Et c’est parce qu’Il est totalement l’un et l’autre qu’Il peut être le sauveur ou le « grand prêtre » définitif comme St Paul le développe dans la lettre aux Hébreux.
Voici quelques clefs qui, à défaut de rendre compréhensible ce qui reste le mystère de la personne unique de Jésus, peuvent aider à éviter les simplifications.
C’est le même Dieu qui crée et qui sauve. Dès l’origine Dieu nous crée pour nous introduire dans sa vie, dans un seul « geste » créateur et sauveur. C’est pour nous faire participer à sa divinité qu’Il nous crée. Il n’y adonc pas opposition entre création et rédemption, nature et surnature etc.…
Quant à l’homme, la Bible nous dit qu’il est crée à « l’image de Dieu et à sa ressemblance ». Autrement dit plus il est « humain » ou « humanisé » plus il est image de Dieu. On peut dire également que c’est dans l’exercice même de sa proximité, de sa ressemblance avec Dieu qu’il accomplit son humanité.
Mais l’image n’est plus ressemblante. Le péché l’a ternie, l’a déformée, l’a même rendue incapable de refléter la vérité de Dieu. L’homme ne peut même plus accéder à une juste image de Dieu, il devient une « machine à faire des dieux ».
Grâce au don et au pardon offerts par le Christ, c'est-à-dire par grâce, non seulement l’image est restaurée mais la ressemblance est retrouvée. Il faut en effet sortir de l’idée du modèle ou du sauveteur pour penser « sauveur ». Avoir un modèle dans la vie est certes intéressant mais il ne suffit pas. Un suicidaire se débat dans le courant où il a plongé. Il ne suffit pas que de la berge je lui indique, tel un bon modèle, les mouvements de la natation pour qu’il s’en sorte. Si je plonge et que je vais le repêcher, je me comporte en sauveteur et non en sauveur. Il n’atteindra son SALUT que si en outre il guérit de sa dépression. Le Christ non seulement rectifie notre image du vrai Dieu mais nous guérit du péché qui la faussait. Ainsi Il restaure en nous notre humanité et nous établit déjà dans la capacité de communier à la vie de Dieu.
Ce que l’homme reçoit et réalise par la grâce, le Fils le réalise par nature. Ainsi dans la mesure où il déploie sa nature divine, il ne contredit en rien sa nature humaine, au con traire Il l’accomplit. Comme l’enfant ne ressemble totalement à son père que lorsqu’il a atteint son autonomie et sa maturité ainsi chez le Fils l’accès à son autonomie humaine ne diminue en rien sa communion intime avec son Père. C’est dans l’extrême de son humanité qui n’est que don et pardon, qu’Il nous révèle sa divinité et celle du Père.
Nous pouvons peut-être mieux comprendre pourquoi Jésus révèle sa divinité en prenant le contre-pied de l’idée de Dieu que voudrait lui imposer Satan dans les tentations au désert (Lc 4). En effet, Il va refuser le pouvoir magique de transformer des cailloux en pain ; le pouvoir absolu sur les royaumes terrestres et enfin l’exploit gratuit de l’invincibilité. Au contraire, le pain Il le multipliera mais à partir de l’offrande et du travail de l’homme. Du royaume, il en parlera, non pas comme le lieu de l’exercice du pouvoir mais comme le résultat de la conversion du cœur. Enfin le temple de pierre sera jeté à bas mais lui, temple nouveau montera sur la Croix et n’en descendra pas.
« Si tu es Fils de Dieu !...», la tactique de Satan n’a pas changé depuis la Genèse. Il avait tenté l’homme non pas en lui proposant de revenir à la bestialité, mais par le meilleur de lui-même : Vous serez comme des dieux…Il est le Malin. Pour Jésus même approche ; « Si tu es Fils de Dieu… » alors, montre toi comme un dieu tel que nous le souhaitons. Un dieu qui n’est atteint ni par la faim, ni par la limitation, ni par la souffrance. Jésus refuse ce dieu là. C’est en devenant lui-même pain à partager dans l’Eucharistie, Royaume ouvert aux petits aux non puissants, Temple d’une offrande définitive et sans péché qu’il manifeste à la fois sa totale humanité et sa totale divinité. C’est peut être dans ce sens qu’il faut comprendre le mot de Paul dans l’hymne aux Philippiens : « Reconnu Homme à son aspect…Ph 2,7 » C’est dans la reconnaissance de son humanité dépouillée de tous les attributs idolâtres que se dévoile sa divinité.

Dire non à dieu, par fidélité à Dieu, c’est la démarche de toute la Bible » Jean Sulivan.

18 janvier 2007

Lecture interdite aux moins de 30 ans…
« Je ne sais pas » ce qui se passe mais les « je ne sais pas » commencent à sérieusement submerger la terre ferme de mes vieilles certitudes.
Ai- je réussis ma vie ? Je ne sais pas…
Ai-je développé toutes mes capacités ? Je l’ignore…
Ai-je vraiment aimé ? Je n’en suis pas certain…
Ai-je tenu la place qui était la mienne? Encore moins…
L’histoire a-t-elle un sens ? Je ne sais plus…
La politique mérite-t-elle la place qu’elle se donne ? J’en doute de plus en plus…
Le monde connaîtra-t-il la paix ? Je ne sais pas…
Hier valait-t-il mieux qu’aujourd’hui ? Pas sûr…
Au moment où un honnête bilan s’imposerait, où les questions essentielles pour la vie devraient être résolues, l’inconfort de la navigation s’accentue. Deux solutions : ou bien lâcher le gouvernail, enfoncer son bonnet de marin sur les yeux et s’assoupir dans un sommeil bienheureux et provisoire ; ou bien s’en remettre au G P S actuel et confier la conduite automatique à une opinion publique soumise à ses souteneurs comme une femme tout aussi publique.
Le continent de mes anciennes assurances s’effrite par pans entiers. Il laisse place à un archipel flottant de « peut être » et de « je crois que »…
C’est la raison pour laquelle il me faut quitter cet archipel lui-même, affronter les flots des incertitudes, rester dans ma petite barque et empoigner une longue rame qui s’appelle « Je crois en… » Il arrive parfois à cette perche de toucher le Roc d’un continent disparu mais solide.
En fait, je sais ce qui se passe : Il y a 30 ans, je me fiais aux arguments péremptoires comme à des amarres incassables, aux synthèses lumineuses comme autant de phares antibrouillards, aux référents incontestables comme à des bouées insubmersibles. Sous l’effet de la houle et de la rouille, les « je ne sais pas » et les « je ne sais plus » ont refait surface et encombrent le port. Bon vent à tous !

04 janvier 2007

Année nouvelle.
L’homme est un bien curieux animal. Sait-il qu’en fêtant bruyamment et chèrement la soirée du 31 décembre, il se réjouit d’une année de plus qui le rapproche de la mort ? Pour celui qui ne croit en aucune survie, il n’y a pas de quoi exulter ! Serions nous donc tous croyants ? Ce genre d’occasion rapproche ceux qui estiment que la fête est une activité humaine indispensable, ceux qui espèrent que demain sera meilleur qu’hier, ceux qui parient que la lumière renaîtra des ténèbres et ceux qui croient qu’une année de moins nous rapproche du « Soleil levant lumière d’en haut qui vient nous visiter… »
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.