17 avril 2006

Matin de Pâques :
« Il vit et il crut ». Les évangiles et les actes des apôtres nuancent quelque peu la spontanéité de l’acte de Foi premier. Il faudra une lente relecture des Ecritures pour « digérer » l’évènement pascal. Mais faut-il croire encore toutes ces histoires après quatre siècles de rationalisme triomphant et deux siècles de progrès scientifique ? Force est de constater que les croyances se portent fort bien et la « modernité » n’a pas eu leur peau. Bien au contraire il est même aujourd’hui recommandé de tenir compte des croyances même s’il faut leur ajouter une dose de raison pour les transformer en convictions.
Croire est indispensable à toute vie en société. La confiance réciproque est même la base de toute relation humaine et une société qui apprend à ses enfants de se méfier dès le plus jeune âge de la parole des adultes a de quoi se faire du souci. Croire n’est donc ni exceptionnel ni enfantin ni surnaturel : c’est tout simplement humain. Le tout est de savoir quoi ou qui croire ?
On a cru longtemps aux hommes providentiels. Il a fallu se rendre à l’évidence qu’ils résistaient mal à l’abus du pouvoir.
On nous a demandé de croire en la raison universelle. Il nous fallu du temps pour reconnaître que nos vérités n’étaient que celle des occidentaux et que l’homme n’était pas par nature un animal raisonnable.
Le progrès scientifique devait régner sur une société sortie de l’obscurantisme. Il a augmenté les risques et les peurs.
La marche de l’histoire devait faire chanter les lendemains. Il nous a fallu le retour de quelques uns de l’enfer pour entendre la marche funèbre des goulags.
Aujourd’hui c’est la nature qui nous demande de l’adorer. Il faudrait oublier qu’elle est violente et porteuse de mort.
Dans ce contexte d’échec des grandes idéologies, pourquoi serait-il inconvenant de croire que notre monde est voulu par un Dieu plutôt que le produit de milliards de hasards bien intentionnés ? Pourquoi serait-il insensé de croire que dans cet univers Dieu ait voulu partager sa vie par amour, en toute gratuité, avec un être « à son image » ? Ne sommes nous pas issus de l’amour partagé de nos parents ? Un monde et des hommes crées par amour : premier et toujours actuel grand miracle.
L’amour peut être refusé car l’amour cherche toujours à nous transformer et la chenille n’a aucune envie de mourir à sa vie de chenille pour devenir papillon. Le péché refuse cette transformation de l’amour. Alors Dieu, par delà notre refus va nous donner la possibilité de nous laisser diviniser et c’est le signe du tombeau vide et de Pâques. Deuxième et toujours actuel grand miracle.
Non, il n’est pas plus humain de ne pas croire que de croire ! Il n’est pas plus idiot de croire que Dieu ce soit donné à l’homme que de croire (ce que nous faisons tous spontanément) que l’homme puisse se faire Dieu ! Si du moins le 21ème siècle pouvait nous libérer de tous les tombeaux fermés de la pensée que l’homme a pu fabriquer pour son malheur ! Il faut croire que nous aimons les « sépulcres blanchis ».

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Jean,

Je découvre avec bonheur les pensées que nous livre. Un grnad bravo pour ce "saut" dans le web, c'est trés réussi.

Les hommes auront toujours besoin de croire, quelque soit l'évolution technologique. Simplement pour un idéal, un espoir, une espérance.

Bien amicalement,

Fabienne et Frédéric

J.CASANAVE a dit…

Merci de votre commentaire et dans l'attente de qui vous savez recevez toute mon amitié Jean

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.