26 septembre 2019

La soumission des clercs


Entendue un dimanche matin sur une radio nationale, l’annonce des réserves faites par l’Académie nationale de médecine concernant la nouvelle loi sur la bioéthique  qui, entre autres possibilités, ouvrira  la voie à la naissance d’enfants privés délibérément de père . Aussitôt  passe à l’antenne une personne qui  a pratiqué une PMA. Elle s’insurge contre l’avis de ces médecins en mettant en avant le cas de son enfant de trois ans qui apparemment compense fort bien  l’absence d’un père par la présence de « l’autre », entendre :tout autre que sa mère. Puis elle assène l’argument ultime : les propos des académiciens sont « d’un autre monde » et le journaliste de conclure la séquence en appuyant son sceau sur cette sentence sans appel.

Depuis que ce sujet surfe sur les ondes, on peut se demander où sont passés ces professionnels de l’intelligence que le monde nous envie.  Ont-ils subitement déserté les plateaux de la télévision ou les studios des radios, eux qui, d’habitude, n’hésitaient pas à intervenir sur tous les sujets et qui prenaient même un plaisir certain à contrer l’opinion de la foule et à épater le bourgeois par leurs analyses iconoclastes ! On peut bien leur pardonner de n’être pas joignables le dimanche matin de bonne heure.

Mais  ce qui est moins pardonnable, c’est cette sorte de soumission générale des « élites » à cette nouvelle idole qu’on nomme « Opinion Publique ».
Que l’illustre Académie Française, maîtresse du dictionnaire, n’ait pas proposé un autre nom que celui de « mariage » à l’union de deux personnes du même sexe…
Que les dérives certaines de ce qu’on appelle le droit à l’enfant (pour tous ?) soient passées sous silence…
Que le risque de marchandisation de l’être humain soit escamoté…
Que toutes les mises en garde finissent dans le « ringardisme » d’un autre âge…
 en dit long sur cette sorte de « trahison des clercs » à l’envers.

Mmes, Mrs les penseurs, osez donc présenter la complexité des enjeux de cette grave question, à l’instar de Sylviane Agacinski ou du biologiste Jacques Testart. Et que le législateur n’oublie pas le conseil biblique de Ben Sira : « l’idéal du sage est une oreille qui écoute », j’ajouterai « toutes les voix ». Sinon, il lui en manquera au prochain scrutin mais au profit de qui ?



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