25 mai 2019

Questions


Personne, je le suppose, n’aimerait se trouver dans la situation de Vincent Lambert, de ses parents et de son épouse. On ne peut que comprendre la souffrance criante d’une maman devant la décision d’accélérer l’inéluctable et de perdre ainsi ce qui est devenu sa raison de vivre. Et comment interpréter le silence de l’épouse qui semble absente de ces débats ? Dans le flot des arguments proférés de part et d’autre, et pas toujours rapportés avec les  nuances requises, le citoyen est plongé dans un abîme de perplexité et croule sous la complexité des questions.

D’abord, pourquoi parler « d’affaire Lambert » et jeter sur la place publique ce qui aurait dû rester dans le domaine réservé de la famille ? Qui a le droit de parler à la place de celui qui ne peut plus le faire quand il « a quitté son père et sa mère pour s’attacher à sa femme… » ?
Pourquoi les médias accolent-ils systématiquement le qualificatif de « catholiques » aux parents Lambert comme s’il n’y avait que les pratiquants de cette religion à penser que la vie ne nous appartient pas totalement?

Quand on entend les propos triomphateurs des avocats et quand on voit les scènes de liesse des « supporters » du camp des « pro vie », on peut se demander si l’on n’a pas atteint un niveau indécent d’instrumentalisation de celui qui est devenu l’otage de deux idéologies opposées.
N’oublie-t-on pas que dans la mort il y a un aspect biologique mais aussi un acte juridique qui constate le décès. Or ce constat n’a jamais été infaillible et a toujours évolué au gré des techniques. Que de morts déclarés tels dans les siècles passés ont été certainement inhumés alors qu’ils étaient dans un état comateux prolongé !

Le principe de précaution brandi à toute occasion semble avoir subitement disparu des écrans !
Quand on met en avant l’accompagnement d’une « mort naturelle » que faut-il entendre par là ? Qu’il soit « naturellement humain » de transporter un blessé à l’article de la mort dans un hôpital personne ne le contestera. Mais n’est-ce pas déjà enfreindre les lois de la nature que de nourrir quelqu’un artificiellement?
Où finit la vie d’un grand handicapé et où commence celle d’une personne en fin de vie ?
Le « cas Lambert » n’est-il pas révélateur du fait que mourir comme vivre n’est jamais un acte privé et que s’est installé dans notre société un déficit énorme de confiance à la fois vis-à-vis des spécialistes qui ont essayé de légiférer au mieux, et vis-à-vis, ce qui est plus grave, de notre entourage immédiat?

Heureux ceux qui voient clair dans cet épais brouillard !

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.