08 juin 2018

Besoin de Dieu ?


Les pays du Nord de l’Europe comptent, nous dit-on, parmi les plus déchristianisés du continent alors qu’ils affichent les résultats économiques les meilleurs et les avancées sociales les plus performantes. Par opposition à cet état de fait les religions ont l’air de prospérer dans les pays pauvres. L’élévation du niveau de vie ne tarit-elle pas le «besoin de Dieu» ?

Pendant des siècles l’homme était tous les jours confronté à sa précarité. Epidémies, guerres, malnutrition, manque de soins étaient pain quotidien. La vie ressemblait plus à une vallée de larmes qu’à un long fleuve tranquille. Aussi, l’espoir des jours meilleurs s’accordait-il bien avec le paradis promis « en récompense » par un Dieu juste et équitable. La mort n’est, aujourd’hui, qu’un obstacle à repousser le plus loin possible. Le mal, lui-même, a disparu du vocabulaire courant. N’existent plus que des dérapages ou des accidents de parcours toujours explicables et souvent réparables. Plus besoin d’un sauveur, l’homme suffit à la tâche. Ainsi le « Dieu réparateur des brèches » du prophète Isaïe n’est plus de première nécessité. Ajouter à cela que l’esprit de nos contemporains suffisamment encombré par la densité et la complexité du quotidien remet à toujours plus tard les grandes questions du commencement et de la fin de toutes choses et vous comprenez pourquoi les foules enthousiastes ou résignées n’emboîtent plus le pas des processions de nos « fêtes Dieu ».

Pourtant, le Dieu de la tradition Judéo-Chrétienne se présente à travers la Bible comme Celui des pauvres, des petits, des exclus, des oubliés. Serait-Il disqualifié  chez les riches, les prospères, les suffisants et les bien-portants ?

Il conviendrait d’abord de distinguer besoins et désirs. Le rassasiement des uns, ne comble pas forcément les autres.  Trop occupés à gérer le comment d’une existence devenue enviable, nous nous dispensons d’en poser les pourquoi et d’en chercher les raisons d’être. Le bonheur matériel et social des Pays -Bas ou Scandinaves n’a pas fait disparaître, semble-t-il, la recherche des paradis artificiels de la drogue ou de l’alcool. Un être humain gavé et bien géré n’en demeure pas moins un animal inquiet en quête d’infini: « Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi » disait déjà St Augustin.

Et puis, qui nous dit que le désir d’une vie Autre ne nous sera pas cruellement rappelé par la robotisation générale des activités humaines le plus souvent réduites à un identifiant codé et par les conséquences désastreuses d’une simple panne ou d’une guerre informatiques. Le haut degré de complexité d’un organisme ou d’une société ne fait qu’amplifier son coefficient de fragilité et d’aliénation.

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.