12 décembre 2017

Noël pour le rockeur.



En plagiant St Paul s’adressant aux grecs sur l’aréopage d’Athènes, je déclare : « Français vous êtes les plus religieux des hommes! ». Qu’avons-nous entendu pendant presque une demi-semaine ? Des torrents de commentaires charriant tout un lexique religieux, d’habitude soigneusement banni des medias nationaux, exhumé de nos panthéons désaffectés. On invoquait le « dieu vivant », « l’idole du peuple », on promettait une « éternité » de souvenirs, le « ciel des musiciens » pouvait s’ouvrir. Le dithyrambe accumulait les superlatifs et malheur au païen qui se tenait un tant soit peu en retrait de cet élan ébouriffé de mysticisme. L’idole en question arborait une fausse croix d’archevêque et nul adorateur de la laïcité chatouilleuse ne lui demandait de la « flouter » sur les plateaux de notre télévision publique pour l’occasion totalement déchaînée! Certains de ses fidèles nous faisaient entrer dans l’intimité de leur oratoire et exposaient leurs reliques à la dévotion des caméras. Seule la déesse publicité était épargnée et tirait son épingle du jeu. Son temps d’antenne n’était pas avalé. Claude Lelouch remarquait : « Si le public s’est jeté sur lui, c’est qu’il y a, chez lui, quelque chose de divin ». Ce qui est somme toute rassurant pour tous ceux qui prétendent être eux aussi des enfants de Dieu ! Enfin, apothéose finale, la procession liturgique  avec ses cérémoniaires et ses thuriféraires conduisait Johnny, redevenu un homme, au séjour élyséen du champ des âmes.

La nation, s’ébrouant comme à la sortie d’un bain de jouvence, se ressaisissait pourtant, le temps d’offrir à l’académicien Jean d’Ormesson une célébration Républicaine dans la « belle langue » et l’élégance du style.

Mais la démonstration était faite: l’homme du 21ème siècle comme celui de la grotte de Lascaux  ne peut se passer de Dieu. « L’homme est une machine à faire des dieux » nous a-t-on dit. Nous l’avons vérifié et nous pouvons remercier le chanteur. Nous avons passé un siècle à vider le ciel d’un Dieu qui nous voulait à son image. Nous nous dépêchons de le remplir de nos idoles que nous façonnons à notre ressemblance.

L’idole des jeunes imposait sa présence sur les scènes du monde et quelle présence ! Voici que des anges musiciens  nous annoncent  la venue discrète et ignorée d’un Enfant dans le sous-sol de notre galerie marchande. Johnny reconnaîtra-t-il dans les yeux de cet Enfant le visage tuméfié de Celui qui pendait sur sa croix pectorale, victime consentante de tous les excès du monde ? Je le souhaite. Je prie pour lui, d’autant plus qu’il était né, comme moi, en 43… une très bonne année !!

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.