11 novembre 2013


L'avenir des espaces ruraux 
 Colloque des 20 ans de l’Ifocap- Adour (Conclusion- J.Casanave).


Vingt ans ! Cela permet d’avoir entendu beaucoup d’analyses aussi brillantes que pertinentes, d’avoir vibré à de nombreuses utopies, d’avoir participé à quelques réalisations modestes, d’avoir  gardé l’esprit en éveil pour repérer les insoupçonnables capacités de l’homme à s’adapter à son territoire et à agir sur lui. Impossible de remercier tous ceux et celles qui ont contribué aux activités de notre association et à commencer par vous-mêmes qui lui témoignez, aujourd’hui , par votre présence, votre précieux soutien. Votre fidélité s’est peu à peu transformée en amitié partagée et c’est là, le fruit le plus savoureux de l’arbre planté il y a 20 ans qui n’a cessé d’étendre ses ramifications dans le département (64) et ailleurs encore.

 Après avoir lu et parfois côtoyé quelques grands auteurs et acteurs de notre société rurale (Les  Duby, les Baudrel, les Mendras, les Hervieu, les Kaiser, aujourd’hui Mr. Purseigle et Mr Lamassoure, en passant par les Debatisse, les Buchou, les Lacombe, les Rabhi, les Mirande et bien d’autres) je me suis demandé si l’une des composantes essentielles de notre rapport à la terre en général et au rural en particulier, n’était pas cette part de rêve qu’ils suscitent en chaque génération. Un rêve qui prend la forme d’un jardin.

Or, en relisant un vieux récit d’aménagement du territoire dans un livre que je consulte souvent, la Bible, j’y ai rencontré un pays que l’on appelle l’Eden ou le paradis. Ce terme dérivé du persan désigne un jardin clôturé, limité.

Nous cherchons tous un territoire qui serait notre paradis et le  réflexe le plus élémentaire consiste à le protéger des prédateurs et autres nuisibles. C’est le premier avantage de l’indispensable clôture. Mais n’y a-t-il pas une limite à la clôture ?
  • Qu’est- ce qu’un paradis qui  m’enfermerait ? 
                                          -Un jardin botanique transformé en prison.

 Mais il y a deux  autres limites, celle que je m’impose, pour ne pas épuiser les ressources du jardin afin qu’il soit durable. « Vous mangerez de tous les arbres sauf un… » et celle que l’autre m’impose pour ne pas empiéter sur son jardin qui ne ressemble pas tout à fait au mien . « Cet arbre  interdit, c’est ma part  de l’Eden » suggère le Créateur.

 Ainsi, nous poursuivons sans cesse le rêve d’aménager un jardin qui ne peut être qu’un entrelacs de limites, de bordures et de clôtures ; mais,  définies, respectées et acceptées d’un commun accord,  elles deviennent la condition même du paradis.  Cette question du respect ou du franchissement des limites qu’on les appelle naturelles ou culturelles sera la grande affaire des générations futures et cela dans tous les domaines.


  •  Que serait une France paradisiaque coupée de ses voisins ?

                                  -Une garnison exclusivement occupée à défendre un territoire dont elle ne profiterait pas. 

              Mais que serait-elle sans ses régions définies et caractérisées ?

                                  -  Un monotone soliloque parisien.
  •  Que serait un rural préservé de l’urbain, retranché derrière ses haies ?
                                   -Un parc national supplémentaire dédié à la conservation d’une espèce rustique. 
             Mais que serait un rural sans son espace et son temps particuliers ? 

                                     -Une ville repeinte en vert.
  •  Que serait un consommateur totalement  asservi à la publicité boulimique?
                                     - Un esclave gavé du marché. 
              Mais que serait un consommateur uniquement centré sur l’offre concurrente la moins coûteuse? 

                                    - Un destructeur de territoire.
  •  Que serait un agriculteur ou une agricultrice refusant tout contact avec le consommateur ? 
                                     -Le seigneur d’un domaine inutile. 

                Mais que serait-il, s’il n’était pas responsable de sa production ? 

                                     -Un damné de la terre ou de la dette. Il ne serait plus en tout cas le pourvoyeur du sens et du pain quotidiens de l’humanité.

 L’avenir des espaces ruraux ? C’est le paradis mais avec ses toutes ses limites consenties  et  tous les autres acteurs réunis.


03 novembre 2013


« La France en face »

C’était le titre d’un documentaire proposé par France 3, ce lundi soir. Plutôt décapant! 
Notre pays, aux dires des spécialistes en géographie sociale interrogés, voit progressivement son territoire national se scinder en deux parties.
L’une comprend les métropoles et leurs périphéries. Elle attire les éléments les plus actifs et intégrés de notre société (du type : cadres supérieurs ) et toute une population immigrée et sous qualifiée qui se met au service de cette « gentry » plutôt jeune et dynamique. 
L’autre, qui s’étend sur les zones rurales reculées en perte de services et de vitesse, regroupe un pourcentage élevé de personnes soit vieillissantes, soit appauvries. Les métropoles sont au diapason de la mondialisation, établissent contacts et échanges avec les autres grandes cités de la planète et bénéficient d’une belle émulation dans la course à l’opulente modernité. Quant aux habitants des zones non attractives, ils iront de temps en temps, s’ils le peuvent, visiter cet autre monde branché et huppé et reviendront plus envieux ou plus résignés.

L’analyse des espaces urbains et ruraux donne lieu à intervalles réguliers à des prévisions qu’il faut bien souvent ré-ajuster. Pourquoi ? Parce qu’on oublie le prodigieux pouvoir de l’homme de s’adapter aux situations et aux circonstances. Ce n’est pas forcément l’abondance des moyens qui favorise le génie humain. Au contraire, on s’aperçoit souvent que les moments de crise ou de pénurie sont plus favorables à l’éclosion d’idées nouvelles et au déploiement d’énergies insoupçonnées.
 La France vue « en face » n’engendre pas, semble-t-il, un optimisme forcené.
 Alors, regardons- la de dos ou de travers, peut-être nous réservera-t-elle quelques bonnes surprises?

Les territoires ruraux ont-ils un avenir ? C’est à cette question que répondront
 Mr Purseigle (sociologue des mondes agricoles) et Mr Lamassoure, député européen, ainsi que Mr Labazée, Mr Habib et Mr Faurie, responsables de collectivités territoriales, au cours d’un colloque organisé par l’Ifocap-Adour. Il aura lieu à la salle communale de Gouze (64) le samedi 9 novembre prochain. Inscriptions et renseignements au 06 77 55 70 80.

Si en tant que ruraux ou urbains vous vous sentez concernés, voilà une occasion de démontrer que les populations locales peuvent aussi se regarder en face sans trop rougir !! Alors, rendez-vous le 9 nov.!!
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.