11 juin 2010

La « reculée » de Livron





« C’est un trou de verdure où chante une rivière… » Non, ce n’est pas le val du dormeur d’Arthur Rimbaud. C’est une combe encaissée, surplombée par un étau de verdure. Un fouillis de chênes verts creusé de grottes et de sources, tapissé de buis et de mousses, parsemé d’églantiers, abrite un entrelacs de sentiers qui remontent vers la crête, appuyés sur leurs murets de claires pierres.



Au tomber de la nuit, de chaque excavation, de chaque bouche rocheuse on s’attend à voir surgir le monstre de la légende, les sorcières grimaçantes, les bêtes cornues aux griffes fourchues.



A imaginer l’hiver, ici, vos yeux se givrent et vos os se glacent.



Mais aux jours de ciel radieux les sentes en colimaçon deviennent « le chemin des anges ».



C’est là qu’au 19ème siècle, Francisco Palau, carme catalan exilé, se réfugia et établit son camp, tel le chevalier du ciel. Une grotte suspendue au flanc de la ravine lui servit de refuge, de résidence et d’oratoire. Et là « dans le silence et la solitude, je t’attendrai » écrivait-il en désignant son Seigneur.Un jour, il repartit dans sa patrie et fonda un ordre de carmélites missionnaires.



Si vous passez par Caylus (82), suivez « Notre Dame de Livron » jusqu’au bout du chemin. L’antique sanctuaire de pierres humides vous contera la grande histoire de ce lieu unique. Allez-y lorsque le long soleil de Juin prend le vallon en enfilade et en éclaire successivement chaque page de l’album. Ici, la géographie vous oblige à vivre la tête droite et les yeux levés. Ici, vous comprenez que la source d’eau vive jaillit du Temple nouveau, bâti en forme de croix et de cœur.



Vous croiserez l’une des sentinelles de cet autel de verdure. Elle vous abordera avec un beau sourire et un joli accent navarrais.



Filles des Thérèses, la grande et la petite, les sœurs accueillent le promeneur du val fleuri. Elles dressent table abondante pour le servir, offrent silence et paix à l’affamé de solitude, et guident ses pas vers son temple intérieur.

Elles enchantent le monde en dévoilant un petit coin de paradis.



« Dans la solitude et le silence de la grotte, je t’attendrai. »

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.