17 décembre 2009

« Bonnes fêtes »…Quelles fêtes ?

« Bonnes fêtes de fin d’année », c’est ainsi que la publicité sous toutes ses formes amalgame Noël et le nouvel an. Je comprends que par souci d’économie les illuminations de nos cités réduisent ainsi deux fêtes en une seule. Il faut toutefois noter qu’une belle étoile scintillante vient se poser sur telle ou telle église, rappelant celle des mages à Bethléem. Certains me diront que deux réveillons, l’un pour terminer l’année, l’autre pour bien débuter la nouvelle, sont deux actions économiquement payantes surtout en temps de crise. Non seulement il faut redonner le moral aux consommateurs mais aussi rendre le sourire aux commerçants et aux statistiques qui ont besoin de relever leurs pourcentages!
Ce qui m’interroge davantage, c’est cette sorte d’excès de pudeur qui s’empare des journalistes et des commentateurs des chaînes télévisées qui nous souhaiterons, avec un air entendu, de « bonnes fêtes » mais jamais ou rarement un « bon Noël ». A croire que prononcer ce mot, une fois par an, leur arracherait la…langue ! Les mêmes, avec un air non moins entendu, citeront, quelques temps après, les réflexions alarmistes de Régis Debray, dénonçant la perte de culture religieuse des français avec toutes les graves conséquences qui en découlent.
Le temps de saine irritation passé, ne faut-il pas plutôt remercier ces oublieux ? Au fond, ils ont peut être raison de mettre Noël sous le boisseau de la marchandisation tapageuse car ils permettent, à ceux et celles qui le désirent, de prendre exactement le contre-pied et de retrouver le vrai sens de cette célébration qui est celui de la discrétion, de la fragilité et du partage de nos pauvretés.
Comment ne pas se souvenir que pour préparer le berceau de son Fils, Dieu n’a pas choisi la grande puissance de l’époque, l’Egypte, mais un ramassis de tribus disparates et sans avenir ? Comment a-t-il pu jeter son dévolu sur Moïse, rescapé d’un massacre, au lieu d’exaucer les désirs de divinisation d’un Pharaon ? Pourquoi s’est-il si souvent acharné à mettre sur le devant de la scène des anonymes impréparés, des femmes stériles, des exclus méprisés et à laisser son peuple aux mains des étrangers ? Pourquoi n’a-t-il pas appelé le fils de César plutôt que celui du charpentier de Nazareth pour « rassembler les enfants de Dieu dispersés » ?
Il faut croire que notre Dieu n’est pas celui que l’on croit. Pendant que les gens sérieux échangeaient les nouvelles du monde à l’étage du caravansérail, une vierge accouchait, au dessous, dans la partie réservée aux animaux. Et le salut du monde se joue dans une crèche obscure, comme il s’accomplira sur une croix infâme. Seuls, ceux qui attendaient autre chose de la vie, ceux qui cherchaient un sens, ceux qui étaient suffisamment pauvres dans leur cœur, ceux qui étaient en « avent », ceux-là ont pu le reconnaître.
Si les illuminations de la fête aveuglent tes yeux, si tu n’attends que gavage et tapage, tu n’entendras pas le petit enfant du dessous qui babille et ce sera bien dommage…Alors, pour ce Noël, accorde toi ce qui de nos jours est un luxe insensé : une pause de silence, un temps de recueillement dans la crèche de ton âme. Et pour toi lecteur, « Bon, simple et vrai Noël ».
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.