14 décembre 2008

Gaudete
Gaudete dit le latin, siat gauyous répond le béarnais : réjouissez-vous, soyez dans la joie ! C’est le mot d’ordre du troisième dimanche de l’Avent que ne cesse de répéter l’Eglise depuis des siècles, en temps de guerre comme en temps de paix, en période de disette comme d’abondance, malgré les calamités, les épidémies, les récessions, les déflations, les inflations et …les incompréhensions.
Trois hérauts sont convoqués pour nous convaincre : Isaïe, Jean Baptiste et Paul. Le premier déplore la situation de son peuple gouverné par des « gamins » qui signent des alliances éphémères en négligeant Celle qui les a fait rois. Il déclare cependant: « Je tressaille de joie, j’exulte… ». Le second, en butte à la surveillance tatillonne des pharisiens qui suspectent cette nouveauté liturgique d’un baptême célébré sur les bords du Jourdain et détesté par la femme du roi, se définira comme l’ami de l’Epoux, mettant « sa joie à entendre la voix de son ami … qui se tient là au milieu de vous ». Enfin, le troisième, déchiré par les divisions internes de la primitive Eglise, le regard assombri par les perspectives de persécutions, n’hésite pas à exhorter ses frères : « Soyez toujours dans la joie ». Avons-nous affaire à trois doux naïfs planant largement au-dessus des réalités de leur monde ou à trois prophètes lisant le présent comme « s’ils voyaient l’invisible » ?
Ce ne sont pas des gamins qui nous gouvernent mais nous aimerions bien de temps en temps qu’un personnage de haute envergure déploie devant nous de larges horizons. Or ceux qui côtoient de près la cabine de pilotage affirment qu’il n’y a personne aux commandes de l’appareil mondial. Alors, nos responsables, déguisés en secouristes ou en pompiers, se démènent comme de beaux diables pour éteindre les incendies et escorter les ambulances. La crise n’attend pas !
Néron, du moins en Occident, ne persécute plus les chrétiens. Mais ceux qui n’adorent ni les honneurs, ni l’argent, ni la réussite tapageuse, ni l’opinion publique, ni la toute puissante technique, finissent par agacer la pensée unique en rappelant leurs principes jugés désuets et obsolètes. Alors on déclenche le rouleau compresseur des media, on met les sondages en batterie, on flatte l’opinion et par le jeu dit démocratique on rabote les questions gênantes, on jette le discrédit sur les valeurs ou sur ceux qui les défendent. Il ne reste plus aux prophètes que de crier, non dans le désert, mais dans de gigantesques magasins bourrés jusqu’à la gueule de denrées indispensables et de décibels tentateurs. Consommez, vous penserez plus tard !
Soyez dans la joie ! Proposition tout aussi inadaptée aujourd’hui, qu’elle était décalée hier. Nous qui souhaiterions un guide clairvoyant qui puisse reprendre les rênes, montrer le cap, fixer des objectifs, nous voilà en train de patiner devant un message qui brouille encore plus les pistes. Comment en pleine crise être dans la joie ? Comment repérer Dieu « au milieu de nous » ? Et pourquoi ne se fait-Il pas reconnaître dans l’évidence de sa puissance ?
Il nous reste dix jours pour sortir du bric-à-brac mondialisé, pour tendre l’oreille, pour aiguiser notre regard : un couple de pauvres gens cherche un gîte, un enfant va naître et avec lui un monde nouveau…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Malheureusement il y a un pilote et un co-pilote dans la cabine de pilotage mondiale : ce sont l'argent et le pouvoir !
Effectivement il y a beaucoup de gesticulations de malades du pouvoir qui tentent de nous faire croire qu'on va sortir de la crise générée par les fous de l'argent...mais cela n'empêche que presque tous les jours on découvre une nouvelle escroquerie et qu'en ces temps de fêtes nos boîtes aux lettres courrier ou courriel regorgent de propositions de prêt à la consommation à des taux proches de l'usure...
Les Pilotes argent et pouvoir sont royalement assistés par les "Ego" c'est à dire tous ceux qui ne travaillent que pour leur compte ou celui de leur petite ou grande cremerie...
Pourtant le message est clair, "Réjouissez vous, l'Esprit est là au travail et son oeuvre s'accomplira : les pauvres mangeront et seront rassaiés.."
Alors scrutons, et cherchons dans l'invisible, et que ce nouveau Noël nous apprenne à découvrir en nous et autour de nous ces crèches de pauvres où le Sauveur-bambin ne cesse de naïtre...
Face à l'argent et aux pouvoirs dressons courageusement le mur de la Foi, de l'Espérance et de la Charité et de préférence ne le faisons pas tout seul...mais plutôt en Eglise quelle que soit autour de nous la consistance et la visibilité de celle-ci...

raphael@v2m.org

J.CASANAVE a dit…

Bravo Raphaël J.C.

Anonyme a dit…

Joyeux Noël, Jean, et longue vie à votre blog,aiguillon bien utile de notre réflexion.Md

Anonyme a dit…

Je découvre votre blog du coeu de la nuit en ce lundi e Pentecôte, je suis fou, je travaile dans quelques heures, mais ne dit-on pas je dors mais mon coeur veille , là c'est un peu différent puisque nous ne savons ni le jour ni l'heure.
Salut d'un Catholique Syriaque et Aquitain entre Orient et Occident , Levant et Couchant; vous dites Adishatz, soyez à Dieu en somme et je dit Shlomo, "Paix" (mais encore Salam et Shalom ou encore Pax).
Théodore, syriaque exilé.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.